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Sauver son année en changeant d’études?

Stagiaire Le Vif

La session de janvier s’est ouverte la semaine passée dans le supérieur et avec elle, le début des examens. Un moment décisif pour beaucoup d’étudiants. Ils ont jusqu’au 15 février pour changer d’études s’ils le souhaitent.

Ils sont environ 40 000 étudiants à affronter ce mois-ci leur premier blocus. Pour certains, l’expérience se soldera malheureusement par un échec. L’occasion de faire le point sur son choix d’études et éventuellement, de se réorienter. Avec le décret « Marcourt », les étudiants peuvent changer d’études sans frais supplémentaires jusqu’au 15 février.

« Les cas de réorientation sont nombreux, tout au long de l’année et plus particulièrement, au moment des sessions d’examens », explique Muriel Vanvolsem, psychologue et conseillère en orientation au Service d’Information sur les Etudes et les Professions (SIEP). A l’ULB, parmi tous les étudiants de bloc 1 qui choisissent de se réorienter, en moyenne 27% d’entre eux le font après la session de janvier selon Jennifer Wellens, conseillère et psychologue en orientation au service InfOR-Etudes. Confrontés aux premiers résultats, certains étudiants se remettent en question. « L’échec est un indicateur très concret et confrontant », poursuit Jennifer Wellens. Méthode de travail, choix d’études inadapté, problèmes extérieurs, … L’échec est un phénomène multifactoriel. « L’étudiant doit réfléchir à ce qui n’a pas été. Si le problème est méthodologique, changer d’études ne résoudra rien ».

Pour d’autres, les doutes s’installent plus rapidement. Parfois dès le mois de septembre. « En suivant vraiment les cours, ils se rendent compte que ça ne correspond pas à ce qu’ils attendaient », ajoute la conseillère de l’ULB. « Je pense que ceux qui arrêtent ou changent sentent, en leur for intérieur, bien avant janvier que les études ne leur plaisent pas ».

Une mesure à double tranchant

La réorientation est censée prévenir le décrochage scolaire. « Si l’étudiant a pris la décision d’arrêter, il vaut mieux s’immerger dans une autre orientation pour la connaître au mieux » explique Muriel Vanvolsem, du SIEP. La réorientation ne constitue pas pour autant une solution miracle. « On ne peut pas réussir 60 crédits en une demi-année. C’est plutôt une manière de prendre de l’avance sur l’année suivante » avance Jennifer Wellens. Elle insiste également sur l’importance de ce second choix. « Il doit être bien réfléchi. L’étudiant risque d’être encore plus perdu si l’échec se répète ». Après les examens, les étudiants ne disposent pourtant que d’une quinzaine de jours pour se décider. Elle pointe le manque de temps pour réaliser toutes les démarches d’orientation avant le 15 février. Les cours ouverts sont, de plus, organisés plus tard dans l’année académique.

Une mauvaise orientation au départ

Selon les chiffres de l’Ares (Académie de Recherche et d’enseignement supérieur), 38% des étudiants inscrits pour la première fois en première année ont abandonné ou se sont réorientés en 2013. Des étudiants mal orientés avant de commencer leurs études ? « Les jeunes ne consultent pas les professionnels de l’orientation en premier », explique Jennifer Wellens, de l’ULB, « les premiers acteurs sont les parents. Ils sont plein de bonnes intentions et poussent parfois leurs enfants vers des secteurs dits « porteurs » mais ils doivent comprendre que le jeune peut s’épanouir ailleurs ».

Selon le SIEP, il y a effectivement un manque d’information préalable. « Les étudiants ne prennent pas le temps ou n’ont pas un esprit critique suffisant. Il y a très peu d’investigations sur les métiers auxquelles les études mènent » explique Muriel Vanvolsem, conseillère d’orientation.

Les écoles secondaires offrent aux élèves de 5ème et 6ème secondaire dix jours pour entreprendre des démarches d’orientation : entretiens individuels avec des professionnels, salons SIEP, suivi de cours universitaires, etc. « Mais il n’y a rien à faire. Ce n’est qu’en suivant vraiment les études qu’on sait si ça nous plaît », poursuit la conseillère en orientation. Les rhétoriciens représentent environ 25% des consultations d’orientations au service d’InfOR-Etudes de l’ULB.

Une réflexion plutôt qu’un choix

Les universités proposent divers services aux étudiants pour se réorienter au mieux : des entretiens avec des psychologues d’orientation, des permanences, etc. À LLN, le CPFB organise depuis 23 ans la Formation Relais. Un programme pour accompagner les étudiants en décrochage scolaire. Le but : les aider à mieux cerner les études qui leur conviennent tout en les maintenant dans le bain de l’université.

D’autres méthodes existent également, comme la graphologie, l’astrologie ou encore la morphopsychologie. Cette technique qui consiste à analyser les caractéristiques du visage pour en dégager des traits de personnalités. Chaque année, il arrive que des étudiants se basent sur ces techniques pour choisir leurs futures études. « Ces méthodes n’ont rien de scientifique. Il est important que les étudiants comprennent la différence entre des méthodes de psychologue, scientifiques, et ces méthodes qui ne le sont pas »,assure Jennifer Wellens.

Toutes ces méthodes visent surtout à alimenter la réflexion de l’étudiant. « Certains aimeraient presque qu’on fasse le choix à leur place mais on ne peut pas dicter un choix à l’étudiant. On l’accompagne dans son questionnement », soutient la conseillère de l’ULB. Elle rappelle qu’il n’y a pas de méthodes miracle. »Faire un choix, ça reste un pari. On ne pourra jamais être sûr à 100% ».

La réorientation – ou modification de l’inscription – est censée prévenir le décrochage scolaire et en cas de réussite, assurer la « finançabilité » de l’étudiant. Si ce deuxième quadrimestre dans une nouvelle filière est réussi, l’année entière est considérée comme réussie. Dès lors, l’étudiant reste finançable pour l’année suivante. Pour rappel, la finançabilité est l’objet de règles complexes et est à analyser au cas par cas.

Nina Dautrebande

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