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Rythmes scolaires: les enseignants flamands ne veulent pas de vacances d’été plus courtes

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

A en croire une enquête du plus grand syndicat chrétien, la grande majorité des enseignants flamands ne souhaitent pas que les vacances d’été soient raccourcies. Leur position va à l’encontre de la Fédération Wallonie-Bruxelles qui devrait approuver la réforme des rythmes scolaires ce mercredi au Parlement.

Évoquée depuis trente ans, cette réforme des rythmes scolaires entend mieux faire coller le calendrier scolaire avec les rythmes chrono-biologiques des enfants afin d’améliorer leurs capacités d’apprentissage et lutter ainsi contre les inégalités sociales.

Sept semaines de vacances d’été

Dès la rentrée prochaine, en Fédération Wallonie-Bruxelles une année scolaire s’appuiera désormais sur une séquence de 7 (6 au minimum, 8 au maximum) semaines de cours, suivies de deux semaines de vacances. Les congés de Toussaint et de Carnaval passeront en conséquence de une à deux semaines. Les vacances d’été seront, elles, rabotées à sept semaines. Les classes débuteront dorénavant dès le dernier lundi d’août et s’achèveront toujours le premier vendredi de juillet. Le nombre total de jours de classe restera inchangé, à 182 par année. L’année scolaire 2022 commencera donc le lundi 29 août pour s’achever le vendredi 7 juillet. Et ce pour tout l’enseignement obligatoire, l’enseignement secondaire artistique à horaire réduit (ESHAR) et l’enseignement de promotion sociale.

Ces changements ne s’appliqueront toutefois qu’à la seule Fédération Wallonie-Bruxelles. Les calendriers scolaires des Communautés flamande et germanophone resteront, eux, inchangés. Tout comme celui de l’enseignement supérieur. Les élèves francophones n’auront donc plus toutes leurs vacances au même moment que leurs condisciples néerlandophones.

Mardi dernier, en commission, l’essentiel du débat entre majorité et opposition a d’ailleurs tourné autour des conséquences de cette désynchronisation des calendriers. Cette situation risque en effet de compliquer sensiblement la vie des familles scolarisant leurs enfants dans deux Communautés différentes, des enseignants actifs dans des écoles pratiquant l’immersion, ou encore ceux actifs à la fois dans l’enseignement obligatoire et supérieur.

En janvier dernier, la ministre de l’Enseignement francophone Caroline Désir assurait au Vif que « ce n’était pas une lubie francophone ». « Cette réforme est pensée vis-à-vis du bien-être des enfants. La réflexion évolue, et j’espère que la Flandre nous emboîtera le pas, le plus vite possible. On est convaincu qu’on doit réaliser cette réforme ».

Ce lundi, une enquête du plus grand syndicat de l’enseignement flamand, le COC (Christelijke Onderwijscentrale) révèle qu’une grande majorité des enseignants flamands ne souhaite pas que les vacances d’été soient raccourcies. La Flandre ne semble pas prête d’emboîter le pas à la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Relayée par le quotidien De Morgen, l’enquête menée auprès de 5 300 membres du COC révèle que 78 % des personnes interrogées n’y sont pas favorables. « Le résultat est clair : il n’y a pas de soutien en faveur d’un raccourcissement des vacances d’été« , déclare Koen Van Kerkhoven, secrétaire général du COC. L’enquête a été réalisée après que le ministre flamand de l’Enseignement Ben Weyts (N-VA) ait demandé aux organisations faîtières, aux syndicats et aux associations de parents d’élèves de prendre position avant la fin de l’année scolaire.

Pas suffisamment de repos

Les enseignants craignent que les rythmes scolaires différents ne leur permettent pas de se reposer suffisamment et que la charge de travail augmente. C’est ce que craignent également les directions scolaires. Ces dernières rappellent qu’elles passent déjà une grande partie de leurs vacances à travailler.

Le COC craint également qu’un raccourcissement des vacances d’été ne réduise l’attrait de la profession. « Les directeurs d’école craignent qu’un nombre encore plus grand d’enseignants délaisse l’enseignement pour le secteur privé et que l’enseignement devienne encore moins attrayant », explique Van Kerkhoven au Morgen. 69% des enseignants flamands ne sont pas persuadés non plus qu’adapter les rythmes scolaires aidera les élèves en difficultés. Ils préconisent d’autres solutions, tels que les cours d’été.

« Nous constatons en masse que de nombreux répondants indiquent qu’ils quitteront l’enseignement si les vacances sont raccourcies. Cela inclut les enseignants et le personnel parascolaires, mais aussi les directeurs », ajoute-t-il sur les ondes de la VRT.

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