Charles Michel à Kigali lors de la commémoration des 25 ans du début du génocide. © Belga

Rwanda: Charles Michel admet « une part de responsabilité » de la Belgique dans le génocide de 1994

Le Vif

Le Premier ministre belge Charles Michel a reconnu dimanche, comme l’un de ses prédécesseurs, Guy Verhofstadt voici 19 ans, la « part de responsabilité » que porte la Belgique dans le génocide qui fait au moins 800.000 morts au Rwanda en cent jours en 1994, qu’il a qualifié d' »horreur absolue » et de « crime abject contre l’humanité ».

« Le génocide est aussi l’échec de la communauté internationale qui n’a pas pu prévenir, qui n’a pas pu empêcher, qui n’a pas pu stopper. Et je me tiens devant vous au nom d’un pays qui veut aussi assumer, les yeux dans les yeux, sa part de responsabilité face à l’histoire », a affirmé le chef du gouvernement fédéral lors d’un discours prononcé à Kigali à l’occasion des commémorations du 25ème anniversaire du début du génocide, sous le thème « Kwibuka 25″  » (« souviens-toi il y a 25 ans » en kinyarwanda, la langue nationale).

M. Michel a, devant le président rwandais Paul Kagame – arrivé au pouvoir en mettant fin au génocide -, et un parterre de représentants de pays et d’organisations africaines, en présence également du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, cité son prédécesseur, Guy Verhofstadt. Celui-ci avait dès avril 2000, six ans après le génocide, présenté les « excuses » de la Belgique pour les erreurs commises.

Le génocide s’était déroulé en dépit de la présence d’une force onusienne de maintien de la paix à laquelle participaient plus de 400 Casques bleus belges, dont dix ont été assassinés le 7 avril 1994 alors qu’ils étaient chargés de protéger la Première ministre désignée, Agathe Uwilingiyimana, une Hutu modérée, et qu’ils servaient au sein de la Mission des Nations unies pour l’Assistance au Rwanda (Minuar). Douze civils belges, dont des coopérants, ont aussi péri.

En 2000, M. Verhofstadt avait évoqué « un dramatique cortège de négligences, d’insouciances, d’incompétences, d’hésitations et d’erreurs (qui), a créé les conditions d’une tragédie sans nom ».

« Et donc j’assume ici devant vous la responsabilité de mon pays, des autorités politiques et militaires belges, et au nom de mon pays, au nom de mon peuple, je vous demande pardon pour ça », avait-il déclaré.

M. Michel a cité dimanche le chiffre d’un million de « destins et de rêves brisés », faisant sien le bilan des autorités rwandaises qui parlent d’au moins un million de morts lors du « génocide des Tutsi », alors que les Nations unies évoquent « au moins 800.000 » victimes, principalement des Tutsi, mais aussi des Hutu modérés.

Les cérémonies de dimanche marquent le début d’un deuil officiel annuel de cent jours – la durée du génocide, du 7 avril 1994, au lendemain de l’attentat qui avait coûté la vie aux présidents rwandais et burundais, Juvénal Habyarimana et Cyprien Ntaryamira, au 4 juillet, date de la prise de Kigali par le Front patriotique rwandais (FPR), la rébellion tutsi commandée par le général Kagame.

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