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Reynders aux Flamands : « On ne réforme pas en mettant le pays à feu et à sang »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le vice-Premier ministre MR s’inquiète de voir la compétition permanente entre CD&V et N-VA freiner l’action du gouvernement fédéral. Il compare les querelles flamandes aux ratages passés de l’Olivier francophone. Et met en garde: chacun doit respecter l’accord de gouvernement. Entretien exclusif.

Le Vif/L’Express : Les tensions vives qui opposent la N-VA et le CD&V pourraient-elles tourner au vinaigre ?

Cela pourrait. Or, au moins dans la première partie de législature, on devrait essayer que tout le monde marque des points. Si l’on veut une concertation sociale, il est normal que le CD&V soit en ligne avec l’ACW [NDLR : l’équivalent flamand du Mouvement ouvrier chrétien]. Ce n’est quand même pas la N-VA ou l’Open VLD qui vont convaincre la FGTB wallonne. On sait aussi que la N-VA est a priori en meilleure position au sujet de la sécurité. Je regrette fortement que les partis flamands aient ces combats permanents donnant l’impression que l’on cherche davantage à empêcher une réforme ou sa défense publique, plutôt que de travailler à ses propres actions.

A quoi est-ce dû ?

En Flandre, ce n’est pas facile à vivre pour tout le monde d’avoir un parti qui se trouve largement en dessous de son ancien petit partenaire de cartel. En outre, le CD&V doit assumer des choix surprenants par rapport à son histoire : il n’a plus la ministre-présidence en Flandre et il a refusé le 16 au fédéral. Cela change le profil du parti. Cela va lui prendre un peu de temps pour le digérer, mais je ne suis pas prêt à supporter indéfiniment que ce genre de situations bloque des réformes possibles.

C’est-à-dire ?

Je ne reculerai pas. Je veux bien que le CD&V et la N-VA passent la nuit à se quereller, mais moi, je reviens le lendemain matin. Tout le monde trouve normal, dans la période de tension actuelle, que l’on mette des militaires pour protéger certains lieux. On ne va pas passer des heures à se poser la question. Quel est l’intérêt de mettre en doute la nécessité de protéger des lieux juifs à l’heure où il y a une recrudescence de l’antisémitisme ?

Vous visez Kris Peeters, qui a été assez critique ?

Oui. Tout comme je ne suis pas sûr qu’il était opportun de faire une sortie assez dure sur les syndicats, au moment où l’ACV est en réunion (NDLR – Bart De Wever, président de la N-VA, a affirmé qu’un refus de l’accord au sein du Groupe des 10 serait « irresponsable »). On ne peut pas faire des réformes en mettant le pays à feu et à sang. Il est temps que s’arrête cette compétition permanente qui détruit l’image de mesures que l’on prend. En Flandre, les trois formations du gouvernement doivent comprendre que leur vraie chance, c’est de progresser toutes les trois. On a vu par le passé les ratages de l’Olivier du côté francophone parce qu’il n’y avait pas beaucoup de marges pour les partis de gauche de se distinguer les uns les autres.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

– « J’ai beaucoup de respect pour les partenaires sociaux, mais… »

– Conclave budgétaire : pourquoi il a « toujours dédramatisé ce genre d’exercice »

– Les départements où « il y a encore pas mal d’économies possibles »

– Faut-il rendre structurelle la présence des militaires dans les rues ?

– Un gouvernement de droite dure ?

– Sur les ministre N-VA qui sont allés chanter la mort de la Belgique

– L’édito : le carquois de Reynders est encore plein à craquer

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