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Retour à l’école pour les maternelles, sur fond de tension sociale

Les écoles maternelles commencent à faire leur rentrée mardi. Lundi prochain, ce sera au tour des primaires de suivre le mouvement. Cette nouvelle étape du déconfinement a suscité l’appréhension et la colères des syndicats d’enseignants qui déplorent la précipitation du monde politique.

Mercredi passé, le comité de concertation a annoncé que les cours pouvaient reprendre dans les classes maternelles à partir du 2 juin et primaires à partir du 8 juin, et qu’en secondaire un plus grand nombre d’élèves pourrait revenir à l’école. Le gouvernement fédéral et les ministres-présidents des Communautés ont invoqué l’évolution favorable de la pandémie depuis l’amorce du déconfinement le 4 mai, une meilleure connaissance de la maladie ainsi qu’un appel lancé le 19 mai par 269 pédiatres à une réouverture plus large des écoles pour préserver le bien-être mental et social des enfants.

La décision, prise en soirée, a sonné comme un coup de tonnerre auprès de nombreuses directions d’école qui avaient dû déployer d’importants efforts pour permettre, dès le 18 mai et sous des conditions strictes, un retour très partiel dans certaines années primaires et secondaires, les écoles maternelles restant à cette époque fermées. Face à ces décisions « non-concertées », la CGSP-Enseignement a annoncé le dépôt d’un préavis couvrant toute action de ses affiliés du 2 au 5 juin. Le syndicat socialiste a réclamé par ailleurs de la ministre francophone de l’Education, Caroline Désir, le report de la reprise des cours au 8 juin au plus tôt.

Dans la foulée, le SLFP et la CSC-Enseignement ont également dénoncé des mesures prises hâtivement et sans concertation et ont à leur tour sollicité un report de la reprise des cours. Samedi, les syndicats ont rencontré la ministre qui a répondu à leurs questions. Ils n’ont pas communiqué à l’issue de la réunion. Mme Désir a envoyé un communiqué qui évoque un « climat constructif » mais confirme les dates des 2 et 8 juin, en rappelant qu’il s’agit des jours « à partir » desquels ces rentrées se feraient. Dans la pratique, il est vraisemblable que, dans bon nombre d’écoles, les cours reprennent plus tard dans la semaine.

L’annonce se double d’une controverse communautaire. Le gouvernement flamand et son ministre de l’Enseignement, Ben Weyts (N-VA), sont accusés d’avoir mis la pression sur le comité de concertation pour hâter le mouvement. Le 22 mai, le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Pierre-Yves Jeholet, avait déjà exprimé son « irritation ». « On a eu l’impression d’être pris en otage par le gouvernement flamand », a expliqué dimanche le président de la CGSP-Enseignement, Joseph Thonon, sur le plateau de « C’est pas tous les jours dimanche » (RTL-TVi).

Quid de l’obligation scolaire? Le contrôle de son application demeure suspendu. Une situation qui interpelle des acteurs de l’enseignement qui redoutent la perte d’un public défavorisé disparu des radars scolaires depuis le confinement. « Ca m’a l’air d’être un piège pour les élèves les plus défavorisés, en risque de décrochage », averti le directeur du Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique (SeGEC), Etienne Michel.

Des mesures de protection seront d’application mais elles ont été partiellement allégées, par exemple il n’est plus nécessaire d’observer les distances de sécurité entre élèves dans le primaire. Certaines posent question. Le port du masque est « fortement recommandé » dans le secondaire pour les élèves et le personnel. Pourquoi n’est-il pas obligatoire, demandent certains enseignants.

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