Opération policière à Molenbeek, le 16 novembre © BELGAIMAGE

Renseignements français: « Les Belges ne sont pas au niveau »

Comme après chaque attentat islamiste réussi, le massacre du 13 novembre provoque des interrogations sur d’éventuelles « failles » dans les systèmes antiterroristes français et européens. Pour les pires attaques commises sur le sol français, des dysfonctionnements semblent s’être accumulés.

En l’état actuel de l’enquête, le plus grave semble être le cas de Samy Amimour: ce Français de 28 ans, soupçonné de vouloir partir au Yémen, est inculpé en octobre 2012 pour « association de malfaiteurs terroristes », placé sous contrôle judiciaire. Ce qui ne l’empêche pas de rejoindre, un an plus tard, la « terre de djihad » syrienne.

Cela provoque l’émission d’un mandat d’arrêt international. Malgré ça, il parvient à rentrer en France incognito pour participer, vendredi soir à Paris, aux attentats.

« On a un souci de contrôle aux frontières Schengen, et un gros », assure à l’AFP Alain Chouet, ancien chef du service de renseignement de sécurité à la DGSE (services de renseignement extérieurs). « Son arrivée aurait dû provoquer la levée d’un drapeau rouge. Mais ces gars maîtrisent bien les techniques d’entrée et de sortie de Schengen, pour l’avoir beaucoup pratiqué ».

« S’il a pris soin de ne pas rentrer par une frontière française, personne ne l’a vu. S’il rentre par la Belgique, par exemple par un vol low-cost à Charleroi… Allez-y à Charleroi, vous verrez les contrôles », ajoute-t-il.

D’autres membres du commando, installés en Belgique, étaient connus par ailleurs de la police belge. « Vous comprendrez bien que si les Belges ne nous préviennent pas, ici on ne peut rien faire », confiait lundi à l’AFP une source policière.

Ces faisceaux d’indices, ces signalements, ce mandat d’arrêt international auraient dû constituer les points d’un schéma qui, en les reliant, auraient pu conduire les enquêteurs, en France ou en Belgique, à passer à l’action contre cette cellule avant qu’elle n’ensanglante Paris.

« Il y a trois hypothèses », explique à l’AFP un ancien spécialiste du contre-terrorisme à la DGSE, sous couvert d’anonymat. « Soit personne n’a rien vu, et c’est un gros souci; soit on a vu des trucs et on ne les a pas compris, ce qui est aussi un problème; soit on a vu des trucs et malgré tout l’équipe a pu passer à l’action ».

« Pour le renseignement anti-jihadiste, la Belgique est sous bouclier français. Et il faut bien le dire, alors qu’ils ont la plus grosse proportion de départs en Syrie des pays occidentaux, les Belges ne sont pas au niveau », poursuit-il. « Dans cette équipe beaucoup de mecs sont connus à Bruxelles, quelqu’un s’est manifestement planté ».

Avec Belga

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