Ralliements politiques : les gentils (De Maegd…) et le méchant (Moniquet)

La campagne électorale est, une nouvelle fois, riche en ralliements politiques. Journalistes, experts, universitaires, plus ou moins faiseurs de voix, se lancent en politique et rejoignent des listes de divers partis. On ne peut que les féliciter de s’investir ainsi dans la vie de la Cité. Pourtant, ils sont traités très différemment selon leur étiquette…

Le plus célèbre des ralliés est le très charismatique Michel De Maegd, ex-présentateur du JT de RTL-TVI, qui a rejoint le Mouvement réformateur. La chaîne privée a immédiatement « salué » l’engagement en politique de son présentateur vedette. Charles Michel estime que sa nouvelle recrue est un « homme de bien ». Michel De Maegd se présente comme libéral social et « gauchiste de droite », un concept doctrinal jamais entendu jusqu’ici. Il avoue sur Matin-Première (RTBF) être là pour apporter des voix (à partir de 1 :10 :54). Il sera rapidement invité sur son ancienne chaîne par son ex-collègue, l’excellent Pascal Vrebos, en compagnie d’un autre « bon » transfuge, Philippe Malherbe, passé lui de RTL au CDH. On est entre humanistes… puisque, dit-il à C’est pas tous les jours dimanche, « on a tous le coeur à gauche ». Giscard pensait, lui, que la gauche n’a pas le monopole du coeur. Soit. On imagine le communiqué de la chaîne privée si M. De Maegd avait rejoint Nation ou même le PTB. Mais on est là dans la science-fiction…

La RTBF fournit, elle, plus généralement le Parti socialiste et Ecolo. A propos de François de Brigode, De Maegd a d’ailleurs eu à peu près cette formule : « Il travaille déjà pour le PS depuis trente ans au sein de la RTBF ». Sur la chaîne publique, il est possible de revenir, après un congé spécial, en cas d’échec électoral mais vous êtes interdit d’antenne le temps d’être « décontaminé »…

Par ordre de célébrité, analysons maintenant le ralliement de Claude Moniquet aux Listes Destexhe. Avant même la conférence de presse annonçant ce ralliement, l’agence Belga se fend le 12 mars à 7h57 d’une dépêche assassine, reprise pratiquement partout, qui met en doute son expertise anti-terroriste en pointant une erreur d’analyse à propos de Salah Abdeslam. A 12 h 17, une seconde dépêche, plus équilibrée, laisse parler le « co-fondateur et directeur d’un centre d’expertise stratégique et sécuritaire à Bruxelles ». « Ça peut arriver de se tromper, en 40 ans de carrière », dit Moniquet, en soulignant « le crédit dont jouit son centre d’expertise ESISC sur la scène internationale ».

Mais cette dépêche-là n’est reprise que par 7sur7… Le mal est fait…

Un quotidien d’avenir écrira même à propos de Moniquet : « Au sein de la Destexhe Academy, vous allez pouvoir répandre plus ouvertement ce racisme « soft » et cravaté, cette xénophobie sécuritaire molletonnée qui contamine les débats publics, répand la haine de l’autre à microdoses et voit en Théo Francken un modèle marketing fascinant donnant accès au pouvoir et à une popularité sulfureuse. » Comment expliquer alors qu’RTL-TVI ait utilisé pendant tant d’années ses expertises ? Comment se fait-il qu’il intervienne sur CNEWS, Euronews et même CGTN (une chaîne chinoise en anglais) encore récemment à propos des attentats anti-musulmans de ChristChurch ?

On peut bien sûr trouver ce personnage horripilant. Mais ni Florence Reuter, ni Frédérique Ries, ni Anne Delvaux, ni Olivier Maroy, ni Jean-Claude Defossé et de nombreux BW (Bekende Walen) n’ont jamais été soumis à un tel traitement. Pas plus que Claude Rolin, passé de la CSC au CDH…

De même, François De Smet, ex-directeur de Myria (Centre fédéral des migrations) qui a rejoint Défi est dépeint comme un homme remarquable au parcours impeccable. Il déclare pourtant qu’aucun terroriste n’a emprunté la route des migrants, contre toute vérité quand on connaît le nombre d’artisans des derniers grands attentats qui étaient des « revenants ». Pseudo-expert, lui aussi ?

Bref, comme dans la fable de La Fontaine (Les animaux malades de la peste), selon que le transfuge aura la bonne ou la mauvaise étiquette, les tribunaux médiatiques le rendront blancs ou noirs.

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