Nicolas De Decker

Racisme: l’oppression révolte le Belge, quand elle ne vient pas de chez lui (commentaire)

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Le Belge s’est découvert un nouveau sérieux, ces derniers temps. Il ne plaisante plus avec le sang des autres.

On dit du Belge qu’il aime rire de lui.

On raconte qu’il a de l’autodérision, le Belge.

Qu’il trouve que comme rien n’a vraiment de sens, rien n’est vraiment important. Et c’est vrai que ses symboles nationaux ne sont pas du métal dont on fait les glaives. Il ne donnerait pas de son sang pour sa pluie, pour son petit garçon qui pisse, pour son espèce toute petite de chou, pour ses cyclistes avec un chouette accent ni pour ses quelques bonhommes dessinés sur du papier, le Belge.

Qui le ferait, d’ailleurs ?

Et pourtant le Belge s’est découvert un nouveau sérieux, ces derniers temps.

Ce petit pays dont il riait avec le monde entier s’éprend d’une gravité de grande nation.

Parce qu’il y a des trucs qui ne le font plus rigoler maintenant.

 » Cette fois, ça suffit ! « , dit le Belge.

Le Belge ne plaisante plus avec le sang des autres.

Il ne peut plus admettre que certains de ses élus réclament un débat nuancé avec des historiens au sujet d’ignobles massacres perpétrés il y a plus d’un siècle, et dont aucun historien ne conteste la sanglante réalité. Il ne veut pas que ses élus ne veuillent pas qu’un camp ait le sentiment de gagner sur un autre, le Belge.

Il n’admet plus de ses élus qu’ils érigent sur un piédestal des oppresseurs qui ont du sang sur les mains.

Il ne l’admet plus parce que l’oppresseur n’était pas belge, et qu’il estime que ses élus ne le sont pas vraiment non plus.

Le sanguinaire massacreur d’un peuple prétendument inférieur était turc, et le peuple opprimé était arménien.

Alors il est intransigeant avec ses élus. Il les appelle des négationnistes, et nulle part il ne se trouverait un historien qui lui donnerait tort, au Belge.

Pourtant le Belge ne peut plus admettre que certains de ses élus ne réclament pas un débat nuancé avec des historiens au sujet d’ignobles massacres perpétrés il y a plus d’un siècle, et dont aucun historien ne conteste la sanglante réalité. Il veut absolument que ses élus ne veuillent pas qu’un camp ait le sentiment de gagner sur un autre, le Belge.

Il n’admet plus de ses élus qu’ils n’érigent pas sur un piédestal des oppresseurs qui ont du sang sur les mains.

Il ne peut plus l’admettre parce que l’oppresseur était belge, et qu’il estime que ses élus ne le seraient pas vraiment s’ils ne rendaient pas gloire au roi Léopold II.

Alors il est intransigeant avec ses élus. Il les appelle des négationnistes lorsqu’ils ne veulent plus lui rendre gloire, et nulle part il ne se trouverait un historien qui lui donnerait raison, au Belge.

Parce qu’il ne rigole plus, le Belge.

Le sang des autres lui fait perdre son autodérision.

Surtout quand un de ses rois en a sur les mains.

Et puis quand il voit des bris de vitres dans des manifestations contre le racisme aux Etats-Unis, il est révolté contre le racisme, le Belge.

Et puis quand il voit des bris de vitres dans des manifestations contre le racisme en Belgique, il est révolté contre les bris de vitres, le Belge.

Il ne rigole plus, mais plus du tout, du racisme.

Quand il n’est pas belge comme lui.

La violence le met en rage.

Quand elle n’est pas belge comme lui.

L’oppression le révolte.

Quand elle ne vient pas de chez lui.

Parce qu’il veut changer les choses, maintenant, le Belge.

Uniquement quand ce ne sont pas les siennes.

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