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(R)évolution Tinder| Mia, 22 ans: « Je n’ai plus du tout honte de dire que je cherche juste un coup d’un soir »

Eglantine Nyssen
Eglantine Nyssen Journaliste au Vif, multimedia editor

En 2022, Tinder fête ses 10 ans d’existence. En une décennie, l’application a changé la rencontre, notamment en permettant aux femmes d’assumer plus facilement leur sexualité. Mia (prénom d’emprunt), 22 ans, l’utilise depuis plusieurs années. Elle y va pour des rencontres d’un soir. Sans tabou. Témoignage.

Tinder a dix ans. L’intérêt populaire de l’application est indéniable. Sortie en 2012 aux Etats-Unis, elle a été téléchargée plus de 500 millions de fois depuis son lancement. Elle compte un nombre d’utilisateurs estimé à 75 millions dans le monde. Tinder est particulièrement répandu chez la génération Z. Les jeunes de 18 à 25 ans constituent la moitié de ses membres. Mia (prénom d’emprunt), 22 ans, est pile dans cette tranche d’âge.

Que cherchez-vous sur Tinder?

A rencontrer des hommes, mais rien de sérieux. Je n’ai jamais été sur Tinder pour rencontre l’amour de ma vie, j’y vais quand j’en ai envie. C’est par période, sur un coup de tête. Et, généralement, c’est pour parler avec un homme et le rencontrer assez vite. Passer une bonne soirée, une nuit avec lui et c’est tout.

Tinder, pour moi, c’est un peu un divertissement. Je n’ai pas envie de me mettre en couple, mais j’aime quand même la compagnie des hommes. Je vais sur Tinder parce que c’est plus facile, j’aime bien le principe de ne pas connaitre les gens, de ne plus les revoir après, de ne pas avoir de compte à leur rendre, qu’on n’aie pas de connaissances en commun. Et aussi que ce soit des gens qui recherchent la même chose que moi.

J’y vais en soirée en me disant que le week-end, je ferais bien quelque chose. Ou quand ça fait un moment que je n’ai plus vu personne alors je relance l’application. J’y vais, je rencontre quelqu’un puis une fois que c’est passé et je n’ai plus envie, j’en repars. Je swipe chez moi dans mon canapé, quand je m’ennuie un peu.

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C’était quoi le déclencheur de votre premier téléchargement?

C’était il y a quelques années déjà. Je me sentais assez seule, j’avais envie de rencontrer des hommes. Je me rendais compte que ce n’était pas si facile. Que je n’avais personne autour de moi à voir. Je me suis dit que j’allais installer Tinder et voir ce que cela donnait. Dans un premier temps, je n’avais pas vraiment de description, je regardais les descriptions des autres et ce que je pouvais trouver sur l’application. Et au fur et à mesure je me suis installée sur l’application. J’ai mis des photos de tous les jours, je trouve ça important de mettre des photos qui me représentent bien. Je ne suis que sur Tinder, c’est le plus connu et c’est très rapide: c’est une image, une description, c’est oui ou non.

Selon vous, Tinder a libéré la sexualité féminine?

Oui. Dans un premier temps, quand j’étais sur Tinder, je n’osais pas vraiment indiquer ce que je recherchais directement dans ma description. Je ne voulais pas noter clairement: juste pour un coup d’un soir. Je me disais que c’était un peu gênant, que ça allait mal passer, que ça allait donner une drôle d’image de moi. J’avais peur que quelqu’un que je connaisse tombe sur mon profil. Puis je me suis rendue compte qu’un tas d’hommes le faisaient. Je me suis dit: « pourquoi je me gênerais? ». C’est plus facile, cela pose directement les bases et je tombe directement sur ce que je recherche sans passer par quatre chemins. Je n’ai plus du tout honte de le dire.

Par contre j’ai l’impression que quand quelqu’un va sur Tinder et qu’il cherche du sérieux, on peut se moquer un peu de lui. Je pense qu’il est possible de trouver l’amour sur Tinder, j’en connais mais c’est plus compliqué. Je ne vois pas souvent d’hommes qui me disent qu’ils cherchent l’amour. Ca existe mais on doit un peu se demander ce qu’ils font là. En ce qui me concerne, quand une personne me dit qu’elle est là pour du sérieux, je lui dis directement que ce n’est pas ce que je recherche.

Cela vous arrive encore d’aborder des gens dans un bar?

Oui ça m’arrive de rencontrer des hommes en soirée avec le même principe, on ne se revoit plus après. Mais c’est plus difficile. J’ai un emploi du temps qui ne me permet pas non plus de sortir tout le temps. Tinder, c’est facile. En soirée, on ne va pas aller aborder quelqu’un en lui disant: « Hé salut, on se connait pas mais je rentrerai bien avec toi ce soir, par contre je te rappelle pas ». Il y a aussi beaucoup plus de choix, il y a des tas de personnalités différentes et des gens qui viennent de partout.

Tinder a facilité les rencontres. Pour tous ceux qui sont timides, un tas de gens qui n’osent pas nécessairement dire ce qu’ils veulent. C’est plus facile d’y être franc. On se dit que si ça se passe mal, l’écran nous protège. On retire le match et on ne se parle plus jamais. Dans la vraie vie, aborder quelqu’un est plus difficile. Devant tout le monde, puis on peut avoir peur… On se remet plus facilement d’un « non » sur Internet que dans un bar.

Si c’est pour une nuit, quels sont vos critères?

Le physique compte, je ne vais pas choisir quelqu’un qui ne m’attire pas. La description est importante aussi. Je ne vais jamais directement chez la personne ou la personne ne vient pas directement chez moi, on va toujours boire un verre avant. Il faut quand même que j’aie un feeling. Qu’il se passe quelque chose, qu’il y ait une attirance autre que physique pour que je sois à l’aise et qu’on passe la soirée ensemble. Ca m’est déjà arrivé d’aller boire un verre avec quelqu’un et de ne pas du tout rentrer avec lui. Ce n’est pas automatique, c’est moitié-moitié, disons. Et ce n’est pas grave. Cela me fait une expérience aussi. J’ai besoin de me sentir à l’aise. Pendant le confinement par exemple, je n’ai pas été sur Tinder parce qu’il n’y avait pas vraiment de possibilité de rencontre.

Ca ne m’est jamais arrivé de voir des hommes le soir-même. C’est important pour moi de discuter d’abord, mais le lendemain oui. Mais je fixe le rendez-vous directement.

Sur Tinder, il y a aussi le critère de géolocalisation qui joue un rôle. Je limite le nombre de kilomètres. Je vais chez des gens vraiment proches parce que j’aime bien les voir assez vite. C’est plus facile si on n’est pas loin.

Il faut qu’il y ait une attirance autre que physique pour que je sois u0026#xE0; l’aise et qu’on passe la soiru0026#xE9;e ensemble

Vous avez parfois l’impression de faire votre shopping?

Je me suis posé la question. Pour qui je me prends à sélectionner les gens? Mais les gens qui sont sur Tinder savent pourquoi ils sont là. Honnêtement, ça m’empêche pas de dormir. Ca fait partie du jeu.

Avez-vous déjà été confrontée à des expériences inattendues?

J’ai déjà eu des demandes particulières. Il y a beaucoup de gens qui ont certains fantasmes. J’ai déjà matché avec des gens qui m’ont proposé de venir rejoindre leur couple, ou de venir les regarder, les filmer. Je ne m’y attendais pas. De là à dire que je trouve cela bizarre, non. Ils sont là aussi pour rechercher et assouvir un fantasme. Mais si je dis non, je dis non. J’ai de la chance de ne jamais avoir eu de mauvaise expérience sur Tinder. Quand j’ai rencontré des hommes avec qui il n’y avait pas eu de feeling, ça s’est arrêté là. Je ne suis jamais tombée sur quelqu’un de vraiment bizarre ou de désagréable. Ca s’est toujours bien passé.

Je pense que c’est peut-être liée aussi à une certaine franchise de ma part. Je parle déjà assez franchement à l’écrit avant qu’on se rencontre et je ne pense que rien qu’à l’écrit, j’arrive déjà un peu à ressentir les choses. Généralement quand je rencontre quelqu’un, je n’ai pas de grande surprise.

Dans les conversations, il y a des hommes qui sont très vite très crus. Ca ne m’a jamais dérangée. Parfois, ça me fait même rire.

Je dirais que Tinder est quand même plus dangereux pour les filles. Il faut faire attention, parce que ce sont des gens qu’on ne connait pas. Il faut être prudente. Dans le lot, il n’y a pas que des belles personnes.

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