Jan Jambon © Belga

« Quelle est la valeur d’un accord de coalition de 300 pages sans chiffres budgétaires détaillés? »

Le nouveau gouvernement flamand propose un accord de 300 pages, mais sans tableaux budgétaires. C’est un constat déconcertant.

Ne croyez pas tout de suite le nouveau gouvernement flamand. Les semaines précédant les élections du 26 mai, il ne semblait pas y avoir de problème budgétaire en Flandre. Mais à peine 48 heures après l’élection, on a appris que le gouvernement flamand, formé par la N-VA, l’Open VLD et le CD&V, s’était retrouvé avec un déficit de plus de 600 millions d’euros. Aujourd’hui, les mêmes partis forment à nouveau le gouvernement flamand. Y aura-t-il quelqu’un pour croire que cette fois ils diront ouvertement de quoi il en retourne ?

Ne croyez pas non plus l’opposition flamande. SP.A, Groen et Vlaams Belang n’ont jamais lancé l’alerte lorsque le budget flamand a dérapé. Aujourd’hui, on retrouve les mêmes partis dans l’opposition. Qui est convaincu que cette fois nous pouvons compter sur leur vigilance ?

Le gouvernement flamand sous la direction de Jan Jambon (N-VA) déclare qu’il sera déficitaire l’année prochaine, mais qu’il veut revenir à l’équilibre en 2021. Cela soulève des questions. Qu’adviendra-t-il du déficit de cette année ? Sera-t-il comblé ou non ? En outre, Jambon a déclaré que le déficit de l’année prochaine est le résultat de la baisse des droits d’enregistrement de 7 à 6%, ce qui signifie moins de revenus. Mais cette réduction se poursuivra dans les années à venir. Alors pourquoi n’y a-t-il pas de déficit après 2020 ? Il n’y a pas de réponses.

Cet équilibre budgétaire flamand d’ici 2021, est-ce uniquement pour faire la différence avec la Wallonie, qui vise un équilibre budgétaire d’ici 2024 ? Au cours des négociations, la N-VA, via Theo Francken, avait en tout cas indiqué qu’un équilibre à la fin du règne, en 2024, était défendable. Le CD&V est resté, comme souvent, flou à ce sujet, tandis que l’Open VLD tenait à l’équilibre budgétaire.

Il est étrange qu’ils insistaient, en particulier, pour obtenir un budget équilibré. Il y a trois raisons à cela. Premièrement, le déficit budgétaire de l’ancien gouvernement flamand a été créé par les ministres libéraux des finances et du budget Bart Tommelein (jusqu’au 31 décembre 2018) et Lydia Peeters.

Deuxièmement, Bart Somers était l’un des négociateurs du gouvernement flamand pour les libéraux et, sous la houlette de son bourgmestre, Malines a enregistré le plus lourd endettement de toutes les villes flamandes. De plus, après les élections locales, Somers a augmenté ses impôts sans préavis.

Troisièmement, ces derniers temps il y a une certaine compréhension à l’égard de la règle du financement en or, portée a une fois de plus à l’attention du public par l’expert budgétaire Wim Moesen (KU Leuven). Cela signifie que les dépenses courantes (telles que les salaires) sont payées par les revenus courants (principalement les recettes fiscales), pour lesquels on ne peut emprunter. Vous pouvez contracter des dettes pour des « immobilisations corporelles » – et celles-ci sont étroitement définies comme des investissements dans le ciment et les briques – si elles se traduisent par des gains de productivité et une croissance économique. Il est étrange que le gouvernement Jambon ne s’en serve pas.

Cela ne veut pas dire que le gouvernement Jambon ne dépensera pas et n’investira pas beaucoup dans les années à venir. Au contraire, l’argent va à la prime à l’emploi, à l’éducation, aux maisons de retraite, à l’élimination des listes d’attente dans les soins de santé, à la mobilité, aux villes et municipalités, à une Flandre plus verte, au logement social, à l’allégement des factures d’électricité et d’hôpital, etc. Ce faisant, le nouveau gouvernement flamand ne veut pas augmenter les impôts – voire les réduire plus tôt – et veut toujours parvenir à l’équilibre budgétaire. La façon dont elle y parviendra demeure incertaine. D’autant plus que les tableaux budgétaires, avec toutes les recettes et dépenses prévues, ne sont pas encore disponibles. Un accord de coalition détaillé de 300 pages a été élaboré, mais le travail se poursuit sur les tableaux budgétaires montrant comment tout sera financé. C’est une observation déconcertante.

Le gouvernement Jambon porte en lui l’héritage de l’ancien gouvernement flamand. Il ne dit pas ce qu’il fera du déficit actuel et certainement pas comment il financera sa future politique d’investissement. Ce n’est pas un exemple de bonne gouvernance, mais d’invraisemblance.

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