Carte blanche

« Que faisons-nous pour préserver l’enthousiasme des jeunes? » (carte blanche)

Anne-Françoise M., maman de deux jeunes adultes, s’inquiète de voir son fils s’éteindre faute d’emploi ou de perspective. Elle interpelle les médias et les politiques: « Faisons en sorte de préserver cet enthousiasme ».

Permettez-moi de « planter le décor »!

Je suis maman de 2 très chouettes enfants: A., 27 ans, engagée dans ce que l’on nomme la vie active et M., 24 ans qui depuis septembre 2020 est demandeur d’emploi. Je suis fière de mon fils, …comme beaucoup de mamans me direz-vous ! Oui…mais pas que…M. a eu une scolarité particulière, confronté à une grave maladie à 4 ans: il a dû pendant 6 ans se battre…et gagné ! Scolarité chaotique en humanité, son cursus en sciences politiques à l’UCL pendant 5 ans l’a souvent enthousiasmé (les guindailles ont aidé bien sûr?).

Depuis septembre 2020, M. se retrouve à la maison. JEUNE, …demandeur d’emploi,… sans ressources financières, …sans les amis ( eh oui les jeunes respectent aussi les mesures de distanciation),… sans « structure » à laquelle se rattacher,… sans beaucoup d’offres d’emploi auxquelles répondre…je le vois s’éteindre. Oui, c’est le bon mot « s’éteindre » à essayer en vain de décrocher un boulot, ne fut-ce qu’alimentaire.

Qu’il est difficile pour une maman d’entendre son fils de 24 ans lui dire que « pour la 1ere fois en 15 ans, il n’a pas de perspective (mot très à la mode) ou tout récemment encore que « le lundi c’est vraiment difficile car les autres ont une vie et moi… »?

Je vous écris parce qu’à l’heure où le politique, les médias,… découpent la société en jeunes/vieux, poursuivent la dissection des catégories entre les – de 12 ans , les + de 18 ans et font la part des choses entre le scolaire/l’extrascolaire…, je me pose la question de savoir si un demandeur d’emploi de 24 ans est déjà hors catégorie? N’est-on ni jeune, ni vieux à 24 ans parce que l’on est demandeur d’emploi ? Où se met le curseur pour être jeune et être pris en considération ?

Sauf erreur de ma part (ce qui est tout à fait possible), outre un sujet sur la Première sur l’estime de soi face à la recherche d’emploi, je n’entends pas les médias, ni le politique aborder le désarroi des jeunes qui ont réussi il y a quelques mois encore leur parcours scolaire en période covid et qui cherchent un premier emploi dans un contexte tel que celui que nous connaissons ?

Ma petite histoire personnelle peut ne pas retenir l’attention (aucun souci…il y en a tant qui sont encore plus compliquées), mais j’ai des questions :

  • Quelle est la position du Ministre wallon de l’Emploi? On entend souvent les Ministres de l’Enseignement prendre position mais quelles sont les mesures prises par le Ministre de l’Emploi face à cette situation extra-ordinaire pour des jeunes qui commencent leur recherche d’emploi dans une contexte économique qui n’était déjà pas propice avant le covid?
  • Que met en place le FOREM pour accompagner ces jeunes à un moment charnière de leur vie ? J’éprouve un certain malaise de voir qu’un des rares documents reçus du FOREM porte sur le contrôle des candidatures, des actions que M. aurait pu faire ? Qu’il soit rassuré à ce propos …mais quel manque de clairvoyance ! Tout le monde s’accorde pour constater le peu d’offres d’emploi. N’aurait-il pas été plus opportun de concentrer les efforts sur l’accompagnement plutôt que sur des réponses à donner à ce contrôle qui ne peut qu’avilir ! (cette remarque ne vise aucunement les fonctionnaires mais le fonctionnement de ce service public) !
  • Qu’a prévu legouvernement wallon dans son plan « Get up Wallonia » pour que nos jeunes si fiers, si ambitieux il y a encore de cela quelques mois puissent trouver un emploi et participer eux aussi au développement de la Wallonie?
  • Comment répondre à la détresse psychologique d’un jeune plein d’ambitions (au sens noble du terme), plein de détermination qui par ailleurs doit encore dépendre de ses parents financièrement (et parfois d’un de ces parents) alors qu’il ne vise que l’autonomie ? Il suffit de réecouter Philippe Defeyt dans une interview à la RTBF radio qui dénonçait l’absence de ressources financières pour ces jeunes ! Qu’en est-il des familles pour qui c’était déjà difficile avant ?

J’aimerais qu’il y ait aussi une prise de conscience de la détresse que peuvent ressentir ces jeunes. Certes, ils ont encore à apprendre (nous aussi d’ailleurs et tant mieux) mais ils sont prêts à s’investir et à partager leurs compétences et leur enthousiasme ! Faisons-en sorte de préserver cet enthousiasme !

Anne-Françoise M., maman.

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