Carte blanche

Quatre propositions pour mieux respecter les visiteurs des musées fédéraux

Début juillet 2020, David Clarinval, ministre chargé de la Politique scientifique, a permis le déblocage de moyens financiers issus des réserves financières de 2019. Hélas, au même moment, sous ses yeux, se détricote un des rares acquis des visiteurs : la « gratuité du premier mercredi du mois » instaurée à la demande des autorités de tutelle depuis vingt-trois ans.

Quatre propositions pour mieux respecter les visiteurs des musées fédéraux

Détricotage par 9 sur 14 musées

Ce mercredi 7 octobre 2020, elle ne sera plus appliquée que par cinq sur quatorze institutions fédérales. Lesquels? Les trois musées des MRBAB (les Musées Oldmasters, Fin de Siècle et Magritte), le Musée BELvue et le Musée de l’Armée.

Voici la liste des défections :

– 1 : L’Africa Museum a entamé le détricotage de cette gratuité fédérale, la supprimant sans aucune explication lors de sa réouverture après travaux.

– 2 : Le Musée de la Porte de Hal présente pendant une année l’expo « Back to Bruegel », ce qui interrompt l’exercice de sa gratuité.

– 3 et 4 : Après le confinement, les MRBAB n’ont pas communiqué la date de réouverture de

deux parmi leurs cinq institutions, plus précisément leurs deux seules qui sont gratuites tous les jours (un hasard?). Le Musée Wiertz (dont le jardin vient d’être rendu accessible au public par le Parlement européen) et le Musée Meunier restent fermés, ce qui ne leur permet plus d’appliquer la gratuité mensuelle.

– 5 : Les Musées d’Extrême-Orient ne la pratiquent plus non plus, fermés pour restauration depuis 2013.

– 6 et 7 : Le Musée des Sciences naturelles et le Musée d’Art et d’Histoire, depuis leur réouverture d’après le confinement, se passent de cette gratuité.

– 8 : Le Musée des Instruments de Musique est fermé pour travaux.

– 9 : Le nouveau musée de la KBR ignore la gratuité mensuelle.

Sans touristes

Depuis le déconfinement, nombre de musées ont perdu près des deux tiers de leur public. L’absence de touristes étrangers les pousse à (re)conquérir les visiteurs de chez nous. Rabougrir cette gratuité mensuelle n’est pas l’idéal pour valoriser leur image.

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Et c’est loin d’être le seul problème. Le prix de l’entrée du musée de la KBR (anciennement Bibliothèque Royale de Belgique) qui vient d’être inauguré est plus cher que celui pratiqué au musée Magritte voisin.

Aucune date de rouverture des musées Wiertz et Meunier n’est annoncée, ni celle d’une évolution de leurs horaires auxquels plus de 3.000 signataires d’une pétition reprochent qu’ils ne soient pas accessibles à la majorité des citoyens (travailleurs et étudiants), car fermés tous les week-ends, les jours fériés, et lorsqu’ils sont accessibles, ils referment leurs portes pendant la pause de midi.

Les touristes étrangers ne sont pas près de revenir et il faut donc élaborer au moins pour le moyen terme l’avenir des musées fédéraux d’une autre manière. Restaurer une image qui met en valeur leur accueil et leur respect du public constituerait un atout indéniable et coûterait sans doute bien moins cher qu’une campagne de communication.

Moins de com, plus de droits

Voilà pourquoi l’asbl « La Ligue des Usagers Culturels » demande au prochain gouvernement fédéral à la fois de mieux soutenir financièrement ses établissements scientifiques et culturels, mais également de mettre en place quatre mesures indispensables pour redéployer les droits des visiteurs en leur sein :

– 1: L’adaptation au fédéral du « Code de respect des usagers culturels » initié, il y a 14 ans, en Fédération Wallonie-Bruxelles et dont voici les quinze obligations.

Qu’il existe enfin des règles communes (chaque musée ayant jusqu’à présent son propre règlement) afin que les institutions fédérales respectent mieux les droits de leurs visiteurs.

Il est intéressant de rappeler que Michel Draguet qui dirige les cinq institutions des Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique (MRBAB) avait fait part par écrit, après analyse par ses services, de son intérêt pour adapter à un niveau fédéral toutes les obligations concrètes de ce Code.

– 2: Au sein de chaque institution, la création de la fonction d’une personne-ressource dont le travail consistera à défendre en interne les droits des usagers de façon transversale, dans tous les départements, y compris auprès de la direction et du conseil d’administration.

Si l’intérêt pour le public est évidemment dans toutes les pensées des membres du personnel de ces institutions, la surcharge du travail, la priorité prise désormais presque partout par le besoin de faire de la communication ainsi que la recherche effrénée bien souvent d’une rentabilité immédiate ne permettent plus vraiment de concrétiser jour après jour cet intérêt.

Il convient donc de retrouver au sein des diverses institutions le moyen de rendre incontournable cette préoccupation.

– 3: L’organisation par et dans chaque institution d’une rencontre annuelle sur les droits de ses usagers. Tous les membres de la direction et autres personnes à responsabilité devraient assister et participer à l’intégralité de ce rendez-vous qui devrait être interactif, enregistré, puis rendu public sur le long terme.

– 4: Le déploiement d’un site internet spécifique où se retrouveraient les « livres d’or » de tous les musées fédéraux (et autres institutions scientifiques). Ainsi, tous les usagers seraient invités à commenter leurs visites et à découvrir les commentaires des publics de toutes les institutions.

Bernard Hennebert,

Président de l’ASBL « La Ligue des Usagers Culturels »

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