Elio Di Rupo © belga

Quand la Wallonie s’inspire de la Flandre… 40 ans après

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le ministre-président wallon Elio Di Rupo (PS) souhaiterait s’inspirer de la fusion entre Région et Communauté décidée au nord en 1980: « il faudrait remplacer la Fédération Wallonie-Bruxelles par ‘autre chose' ». Tout en répétant le le leitmotiv du PS: une Belgique à quatre.

Redresser la Wallonie: l’enjeu est encore et toujours le même, vital pour les équilibres institutionnels belges. C’est ce à quoi tente de s’atteler le gouvernement wallon avec son plan « Get up Wallonia! ». Son ministre-président, Elio Di Rupo (PS), évoque ce lundi matin dans Le Soir les priorités qui ont été définies après une nouveau tour de consultation avec 200 experts et – c’est inédit – 7300 citoyens. En un et en doux, on trouve sans grande surprise la formation des jeunes et l’accès à l’emploi.

Ce constat ne requiert-il pas un ajustement institutionnel intrafrancophone, dès lors que l’enseignrement et la formation sont essentiellement des compétences communautaires? « A ce stade, voici mon sentiment, répond Elio Di Rupo à nos confrères, je crois que les conclusions du conseil stratégique (charge de tirer les enseignements de ces consultations – ndlr) montreront certainement que la Wallonie gagnerait en efficacité pour son développement si elle pouvait disposer des mêmes attributions que le gouvernement flamand, avec une gouvernance opérationnelle centralisée au sein de son gouvernement. »

Un rappel historique s’impose. Au début de la fédéralisation de la Belgique, la Flandre n’avait pas tergiversé en décidant de fusionner les institutions de la Région et de la Communauté. C’était… en 1980. L’opération, faut-il préciser, était en réalité contraire à la Constitution, d’autant qu’elle faisait de Bruxelles la capitale, de facto, de la Région flamande… alors qu’elle ne se trouve pas sur son territoire. Subtilité: les partis flamands ont en réalité… transféré les compétences de la Région flamande à la Communauté – et estimé que Bruxelles se trouvait sur son territoire (du moins, c’est là où s’exercent les compétences communautaires flamandes, pour les Flamands de Bruxelles), d’où ce choix de capitale. Toujours est-il qu’en terme d’efficacité, quarante après, la Wallonie constate l’efficacité de ce choix.

En Belgique, rien n’est jamais simple, tant la place de Bruxelles est un noeud existentiel. Pour les francophones, la solidarité entre Wallonie et Bruxelles s’est concrétisée dans la Communauté française, rebaptisée Fédération Wallonie-Bruxelles pour contrer symboliquement les velléités indépendantistes flamandes. A une époque, il fut même question… de créer un corridor physique entre Bruxelles et Wallonie.

L’avenir de cette Fédération Wallonie-Bruxelles est régulièrement évoqué dans les discussions intrafrancophones. « La conséquence est simple, dit Elio Di Rupo, il faudrait remplacer la Fédération Wallonie-Bruxelles par ‘autre chose’. Mais la suppression de celle-ci est un sujet très sérieux qui ne peut être traité sur un coin de table. » C’est-à-dire? « Si un jour une évolution se produit, il faudra que la solidarité entre nos deux Régions prenne d’autres formes comme des rencontres bimestrielles entre le gouvernement de Wallonie et les francophones de Bruxelles. Mais il y a sans doute d’autres pistes possibles. »

Pour le reste, à l’instar de Paul Magnette, président du PS, ou de Pierre-Yves Dermagne, vice-Premier PS au fédéral, Elio Di Rupo plaide lui aussi pour une Belgique à quatre, articulée autour de ses quatre Régions. C’est l’alternative au modèle confédéral de la N-VA, dit « 2+2 ». Mais au fur et à mesure de son évocation, cette Belgique à quatre ressemble de plus en plus à une évolution confédérale.

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