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Quand Di Rupo reconnait l’échec du redressement wallon (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le ministre-président wallon concède que le plan Marshall et le Contrat pour l’avenir n’ont pas obtenu une adhésion suffisante. Sera-ce le cas de « Get up Wallonia! »? L’enjeu majeur serait pourtant ailleurs: le sursaut de l’enseignement francophone.

C’est sans doute une première, concédée du bout des lèvres: dans un entretien à La Libre ce lundi matin, le ministre-président wallon, Elio Di Rupo (PS), concède que les plans mis en place pour redresser la Wallonie n’ont pas obtenu les effets espérés. Il en fut pourtant l’un des principaux protagonistes. « Pourquoi les plans précédents (Contrat d’Avenir, Marshall) n’ont-ils pas porté leur fruit? Parce que, vraisemblablement, nous n’avons pas eu le temps de faire adhérer à ces plans un nombre important d’acteurs économiques et sociaux », souligne-t-il.

https://twitter.com/pflovens_/status/1358678636568731648Lovens Pierre-Françoishttps://twitter.com/pflovens_

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L’heure est, il est vrai, à la tentative de mobiliser les forces vives wallonnes autour d’un nouveau projet: « Get up Wallona! ». Pour la première fois depuis bien longtemps, la majorité régionale wallonne dispose d’une assise politique solide pour y arriver, avec la présence en son sein du PS, du MR et d’Ecolo. Ecartés du pouvoir régional depuis 2004, les libéraux sont revenus au pouvoir suite aux dernières élections. Ils n’ont eu de cesse, ces dernières années, de critiquer l’échec des plans de redressement. Pour la Wallonie, c’est maintenant ou jamais: son redressement est certainement un enjeu majeur en vue des prochaines négociations institutionnelles.

« Dans les deux cas (Marshall et Contrat pour l’avenir – Ndlr), nous sommes restés trop segmentés, argumente encore Elio Di Rupo. Je veux éviter un travers: que les fédérations en tout genre ne pensent qu’aux intérêts de leurs membres. Le gouvernement wallon veillera à l’intérêt de tout le monde. »

L’enjeu majeur pour le redressement wallon pourrait toutefois être… le résultat d’une politique menée au niveau de la Communauté française: le sursaut de son enseignement. C’est ce qui ressort de l’analyse faite par Didier Paquot, ancien chief economist de l’Union wallonne des entreprises (UWE) et aujourd’hui à l’Institut Destrée, des dernières statistiques de l’économie régionale publiées par la Banque nationale.

https://twitter.com/PaquotDidier/status/1358675132961669120DIDIER PAQUOThttps://twitter.com/PaquotDidier

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« Mieux vaut, pour ne pas risquer de se désespérer ou s’enthousiasmer inutilement, d’approcher la croissance économique régionale par une moyenne sur plusieurs années, entame-t-il. Au cours des cinq dernières années, la croissance économique wallonne s’est située à 1,8% en moyenne annuelle arithmétique. Pour donner un ordre de grandeur, la croissance réelle annuelle moyenne de la zone euro, pour la même période, a atteint 1,9%. En comparaison dans le temps, la croissance réelle en terme annuel s’était chiffrée à 2,4% entre 2004 et 2008, précédente période haute du cycle économique. Comme partout en Europe, il y a un ralentissement tendanciel de la croissance économique depuis 20 ou 30 ans, essentiellement dû à de moindres gains de productivité. »

Plus important, il ajoute: « Dans une économie où l’emploi et les niveaux de revenu sont élevés, la croissance est moins nécessaire que dans une économie où le taux de chômage est important et les revenus insuffisants pour une part importante de la population. Clairement, la Wallonie se trouve dans cette seconde catégorie d’économie. Les taux de croissance actuels laissent présager que la croissance de l’emploi et des revenus est encore insuffisante pour que l’ensemble de la population wallonne puisse bénéficier d’un bien-être suffisant. »

La clé pour le futur, selon lui? « Il faut encourager la création d’emplois générateurs de beaucoup de valeur et donc d’une croissance plus élevée, même si, dans le court terme, des emplois de faible productivité sont nécessaires pour employer des personnes faiblement qualifiées. Mais c’est un aveu de démission de tout un système éducatif et de formation à laquelle on ne peut se résigner. Plus le système éducatif francophone sera performant, plus le tissu économique sera composé d’entreprises à haute valeur ajoutée, générant de bons salaires et revenus. On ne peut donc s’accommoder de ce que plus de 14% des jeunes sortent de l’école sans diplôme ou que le nombre d’élèves en alternance soit si faible. Le « Pacte d’excellence pour l’enseignement » doit être une réussite, c’est notre devoir envers les générations futures. »

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