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Procès Storme: une famille digne de celle d’Alice aux pays des Merveilles

La sphère familiale de la famille Storme, dont les parents et la soeur ont été tués le 16 juin 2007 à Bruxelles de près de cent coups de couteau et dont le fils est jugé par la cour d’assises de Bruxelles, a été décrite lundi par les témoins de moralité comme particulièrement unie.

Un ami de la soeur l’a comparée à celle d’Alice aux pays des Merveilles. Des proches essentiellement de la soeur, Carlouchka (22), mais aussi des parents (48) et de l’accusé (23) ont fait état des marques d’affection dont faisaient preuve les uns envers les autres les membres de la famille. Ils ont souligné le lien particulièrement fort voire fusionnel qui unissait la soeur à l’accusé qui était protecteur vis-à-vis d’elle. « N’importe qui qui aurait vu au moins cinq minutes Carlouchka et son frère dirait qu’il est impossible de le croire coupable », a témoigné une amie de feu Carlouchka Storme.

Cette famille « sans ennemi » a été dépeinte comme « idéale », « accueillante » et « aimante ». La quasi-totalité des témoins de moralité ont déclaré qu’ils n’imaginaient pas Léopold Storme avoir pu commettre de tels actes. « On entend un bien excessif au sujet de cette famille », a déclaré l’avocat de l’accusé, Jean-Philippe Mayence, qui a ajouté que ces témoins avaient été cités par le ministère public et non par la défense. « Pourquoi se serait-il attaqué à trois membres du quatuor alors que les relations familiales étaient bonnes? « , s’est interrogée une amie d’une grand-mère de l’accusé. Ce dernier a été décrit comme une personne « serviable », « douce », « bien élevée », « attentive » et « attentionnée » qui prenait son rôle de parrain et de baby-sitter très au sérieux. Certains témoins ont par ailleurs dédramatisé le fait que l’accusé consommait des stupéfiants et de l’alcool et échouait à l’université, phénomènes répandus parmi les étudiants, ont-ils souligné. « Il est dangereux d’envoyer ses enfants à l’université », a ironisé l’avocat général Bernard Dauchot.

Le père d’un proche de Léopold, un ami qui vendait et consommait à l’époque de la drogue comme l’accusé, a pointé du doigt la presse qui avait fait de l’accusé un « narcotrafiquant ». « S’il fallait mettre tous les jeunes qui dealent en prison, il n’y aurait plus grand monde dans les rues de Bruxelles », a déclaré ce témoin, qui ne cautionne pour autant la vente de drogue. Ce dernier, chef de service dans un hôpital, estime qu’il aurait remarqué le comportement anormal de l’accusé si ce dernier était effectivement psychotique comme l’affirme un collège de psychiatres.

La mère de la petite-amie de l’accusé, médecin spécialiste, a indiqué pour sa part qu’elle n’avait rien vu qui pouvait l’inquiéter. Elle n’avait pas été informée de la consommation de cannabis par l’accusé mais celle-ci ne lui aurait pas paru problématique tant qu’elle restait occasionnelle. Sur le plan matériel, des témoins ont mis en avant le fait que l’accusé était moins imposant que ses parents et sa soeur qui par ailleurs pratiquait du judo. « Le jour de l’enterrement, deux maghrébins ont accosté des cousins pour leur dire que Léopold n’était pas l’auteur », a révélé la soeur de la grand-mère paternelle de l’accusé.

La consommation de Salvia par l’accusé ne reste qu’une hypothèse

Les différents experts-psychiatres se sont prononcés lundi devant la cour d’assises de Bruxelles sur l’éventuelle consommation, avant le triple meurtre, par Léopold Storme, d’un puissant hallucinogène qu’il a acheté la veille des faits. La prise de Salvia est l’hypothèse privilégiée par le collège d’experts-psychiatres mandatés par les parties civiles.

Pour le collège mandaté par la juge d’instruction, cette thèse est séduisante mais ne reste qu’une hypothèse. Selon lui, l’accusé est atteint de troubles psychotiques et, irresponsable de ses actes, devrait être interné. « Le salvia n’explique pas tout. Comme le vin, la drogue ne fait que révéler une personnalité », a expliqué l’un des psychiatres. Pour eux, un sujet psychotique demeure absent de son acte, « devenant l’acte lui-même ». Il reste un « écran de fumée » quant à l’explication du passage à l’acte, ont-ils reconnu.

Selon le docteur Guillaume, contre-expert, l’accusé n’est pas atteint de troubles psychiatriques. Comme ses confrères, il estime que Léopold Storme a des traits de personnalité « borderline » (limite), mais il ne s’agit pas d’une pathologie suffisante pour expliquer le drame. « Les traits d’une personnalité ne reflètent pas une pathologie mais plutôt une sensibilité », a précisé le psychiatre Goffioul, du collège mandaté par les parties civiles. Pour ce collège, l’accusé était au moment des faits dans un état de conscience modifiée, expliqué par la prise de salvia. Pour le docteur Guillaume, les pertes de mémoire de l’accusé pourraient s’expliquer par le traumatisme subi après avoir assisté au drame.

LeVif.be, avec Belga

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