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Procès Sadia Bis : les parents affirment que Sadia était libre de choisir un mari

Mahmood Sheikh Tariq et Parveen Zahida ont pris la parole successivement au premier jour de leur procès d’assises pour leur participation à l’assassinat de leur fille, Sadia Sheikh, le 22 octobre 2007 à Lodelinsart (Charleroi). Ils ont affirmé que Sadia était libre de choisir un mari. La mère a ajouté qu’elle n’avait jamais forcé Sadia à avorter quand elle était tombée enceinte. Les parents contestent toujours être à l’origine d’un complot familial pour tuer Sadia. Ils en veulent « énormément » à leur fils, Mudusar, l’auteur des coups de feu.

« Moi, je ne force pas mes enfants, ils sont libres (…). C’est Sadia qui a elle-même choisi Abbas (ndlr: son fiancé promis au Pakistan) quand elle l’a vu sur une photo. Si elle ne voulait pas, elle devait me le dire », a témoigné lundi le père de Sadia.

Pourtant, quand le président Philippe Gorlé a demandé aux parents pourquoi leur fille avait alors fugué si tout se passait bien à la maison, les réponses sont restées floues.

Parveen Zahida a tenu le même type de discours que son mari, affirmant qu’elle ignorait que Sadia ne souhaitait pas se marier avec Abbas. Les questions du président étaient précises. Il lui a notamment demandé si elle reconnaissait avoir menacé sa fille de se suicider si elle ne revenait pas à la maison après sa fugue. La mère a répondu par la négative.

La réponse était similaire quand il lui a demandé si elle avait obligé Sadia à avorter en 2004 alors qu’elle était enceinte à la suite de sa relation avec Umair, un prétendant pakistanais qui ne plaisait pas à ses parents.

Quand le président a demandé à Mahmood Sheikh s’il avait pardonné à son fils d’avoir tué Sadia, l’intéressé a répondu « Jamais de la vie! » mais le président s’est étonné que le père reproche davantage à son fils d’avoir été envoyé en prison par sa faute que d’avoir tué Sadia.

En outre, les parents ont indiqué qu’ils ne pensaient pas le 22 octobre 2007 que c’était Mudusar l’auteur des coups de feu. Pour eux, c’était un « gentil garçon » incapable de commettre ces faits. Or, pour l’expert interrogé ensuite, cela ne fait nul doute que les parents étaient au courant depuis le début.

Après les interrogatoires des accusés, les premiers témoins sont venus s’exprimer. Il s’agit des policiers qui étaient les premiers à intervenir sur les lieux et de l’expert qui a été requis par le parquet le jour des faits.

Des preuves que Sadia est tombée dans un guet-apens

Un des experts a évoqué deux mondes à l’audience du procès Sadia devant la cour d’assises de Namur lundi après-midi: celui de la famille Sheikh « où rien n’est dit », et celui des témoins et des amis de Sadia, « qui parlent d’un véritable guet-apens ». Lorsque les policiers sont arrivés au domicile familial de Lodelinsart le 22 octobre 2007, ils pensaient avoir à faire à une dispute familiale qui avait mal tourné. Or, ils se sont vite rendus compte qu’il s’agissait peut-être d’un complot familial.

L’expert désigné par le parquet dit avoir été interpellé par trois éléments découverts lors d’écoutes téléphoniques.

Premièrement, les membres de la famille Sheikh préparaient systématiquement leurs auditions. Dès qu’ils étaient interrogés par la police, ils se concertaient. Deuxièmement, la famille a eu des contacts avec Mudusar (alors qu’elle disait ignorer que c’était lui l’auteur des coups de feu et où il se trouvait après les faits). Troisièmement, lors d’une conversation téléphonique avec un agent immobilier, il est apparu que le père prévoyait de rentrer au Pakistan (fin 2007). C’est ce qui a précipité son interpellation car la police craignait sa fuite.

Autre fait interpellant: Sadia, 20 ans, avait écrit un testament quelques jours avant le drame ainsi qu’une liste de numéros à contacter « si elle était emmenée de force par sa famille au Pakistan ».

Le Vif.be, avec Belga

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