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Prisons : « C’était une réunion catastrophique »

La ministre de la Justice Annemie Turtelboom a confirmé aux représentants syndicaux l’achat de 130 portiques de sécurité, lors d’une réunion cet après-midi. Ces derniers se sont dits déçus. Par ailleurs, l’Observatoire international des prisons a estimé que l’installation de ces scanners ne résout aucun problème.

Les syndicats CGSP, CSC et SLFP se sont dits déçus à leur sortie de la réunion avec la ministre de la Justice Annemie Turtelboom et la direction générale des établissements pénitentiaires, ce lundi en fin d’après-midi. « C’était une réunion catastrophique. La ministre a dressé le bilan des mesures à court et long termes, mais dès que l’on gratte la couche de vernis, il n’y a rien en dessous », a regretté le permanent CSC, Serge De Prez.

« Des portiques jamais testés »

La ministre a confirmé aux représentants syndicaux l’achat de 130 portiques de sécurité afin de détecter les métaux sur les détenus à la sortie du préau, le tout pour un budget de 800.000 euros.

« Mais ces portiques n’ont jamais été testés, on ignore donc leur efficacité », a ajouté le syndicaliste. « Et ce ne sont certainement pas ces portiques qui vont régler toute la question de la sécurité dans les prisons. Il faut une meilleure infrastructure et des moyens d’alarme. »

Le SLFP est sur la même longueur d’onde. « La direction générale des établissements pénitentiaires nous a indiqué qu’une procédure d’urgence pourrait être lancée pour l’achat de dix portiques qui seraient installés dans les prisons d’Arlon, Andenne, Jamioulx et Ittre », a déclaré Pascal Verhelst, délégué national SLFP. « Mais aucune date n’ayant été précisée, on reste dans le flou. »

Du côté de la CGSP, on n’est pas content non plus. « Les mesures (annoncées par la ministre, ndlr) ne sont pas calibrées, il n’y a pas de timing », a souligné Michel Jacobs, secrétaire fédéral CGSP en charge de la justice.

« Il n’y a rien eu de concret en plus »

La réunion a duré plus de 2h30, mais la ministre n’a assisté qu’à la moitié. « Par rapport aux événements récents, elle aurait pu prendre un peu plus de temps pour écouter les représentants syndicaux », a regretté M. Verhelst. « Nous sommes totalement déçus. Par rapport à la réunion de vendredi (qui concernait plus particulièrement la prison d’Andenne, ndlr), il n’y a rien eu de concret en plus. »

Les syndicats recevront mardi un procès-verbal de la réunion, à la suite de quoi ils donneront une réponse aux propositions de la ministre pour mercredi. « D’ici là il n’y aura pas de grève, mais la CGSP maintiendra le service de nuit dans les établissements qui le souhaitent », selon M. Jacobs. A Arlon, il a d’ores et déjà été décidé de maintenir le service adapté jusque lundi prochain.

Turtelboom veut une prolongation de l’accord avec la prison de Tilburg

La ministre Turtelboom s’est adressée à la presse à l’issue de son rendez-vous avec les syndicats. Elle a fait part de sa volonté de mettre tout en oeuvre pour améliorer la sécurité dans les prisons, rappelant que cela nécessitait « des changements législatifs qui doivent passer au parlement, au conseil des ministres ».

Les mesures à long terme concernent la construction de nouvelles prisons ou la rénovation des prisons actuelles. La ministre souhaite par ailleurs que les peines des détenus dits dangereux soient plus longues. « A court terme, il est nécessaire de prendre d’autres mesures », a-t-elle reconnu, soulignant sa « grande compréhension pour les problèmes dans les prisons ». Elle a ainsi émis le voeu que les portiques soient installés le plus vite possible.

Enfin, en ce qui concerne l’accord avec la prison de Tilburg (Pays-Bas), qui accueille 650 détenus provenant de prisons belges afin de les désengorger, Mme Turtelboom va proposer au conseil des ministres de le prolonger jusque fin 2013.

« Les scanners dans les prisons ne résoudront aucun problème » Par ailleurs, la section belge de l’Observatoire international des prisons a estimé ce lundi que l’installation de détecteurs de métaux supplémentaires dans les établissements pénitentiaires est une solution technique mais qui ne résout aucun problème. Il plaide pour améliorer la « sécurité dynamique et relationnelle » des prisons.

« Ce genre de détecteurs existe déjà en Belgique », indique Florence Dufaux, membre de l’Observatoire international des prisons (OIP). Selon elle, des scanners supplémentaires ne résoudraient pas fondamentalement les problèmes qui existent actuellement. « Les détenus trouvent des subterfuges face à ce genre de dispositifs. Ceux-ci les rendent aussi généralement plus violents », poursuit Florence Dufaux.

L’OIP estime qu’il faudrait mieux investir dans la sécurité relationnelle, entre les gardiens et les détenus. « Il faut des solutions structurelles, instaurées dans le cadre d’une politique cohérente », ajoute Florence Dufaux.

Un point sur lequel Philippe Hensmans, directeur de la section francophone belge d’Amnesty International, la rejoint. « La surpopulation dans les prisons ne permet pas de réflexion calme et à long-terme », déplore-t-il.

Levif.be, avec Belga

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