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Pourquoi les libéraux flamands détiennent la clé du pays

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

En 2014, c’est Gwendolyn Rutten, président de l’Open VLD, qui avait jeté les bases de la Suédoise. Cette fois encore, son parti pourrait jouer un rôle décisif.

Le roi termine sa tournée des présidents de parti ce mercredi après-midi par la présidente de l’Open VLD, Gwendolyn Rutten. Il devrait ensuite prendre une initiative pour tenter de pacifier un paysage politique dégradé – si cela était possible qu’il le soit davantage – par la fin de mission précipitée de Koen Geens (CD&V).

Les libéraux flamands figurent parmi les favoris pour une nouvelle mission royale, maintenant que le CD&V a tout donné : son président Joachim Coens et le favori du palais Koen Geens. On a cité, ces derniers jours, les noms de Gwendolyn Rutten elle-même, du vice-Premier Alexander De Croo ou du président de la Chambre et sage de la politique belge, Patrick Dewael. La ou l’heureux élu(e) pourrait éventuellement être accompagné(e) d’un francophone – on évoquait en coulisses un CDH ou un Ecolo. Si l’Open VLD a été cité de la sorte, ce n’est pas un hasard. Les libéraux flamands – au même titre que leurs homologues francophones – ont réussi à s’imposer au fil des années comme une charnière de notre paysage politique. Et ce, même si leur poids électoral n’a cessé de diminuer.

Guy Verhofstadt n’a-t-il pas été Premier ministre à deux reprises dans la première décennie du siècle, avec les socialistes et les écologistes ? Le « numero uno » est ensuite revenu pour une mission provisoire, une forme de gouvernement d’urgence au moment où le CD&V Yves Leterme se cassait les dents sur BHV, la fameuse scission de l’arrondissement électorale et judiciaire de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Cet épisode résonne étrangement à l’heure où l’on évoque à nouveau la poste d’un gouvernement transitoire pour prendre les mesures d’urgences qui s’imposent.

Mais un autre moment mérite d’être rappelé pour signifier le rôle important joué par ce parti. Nous sommes pendant l’été 2014. Charles Michel, président du MR, s’étrangle d’apprendre que le PS a choisi de s’associer dans les Régions au CDH, rejetant son parti dans l’opposition. « Je constate que le PS opte pour une coalition des perdants », grince-t-il devant la presse (tiens, c’est la façon dont le PS présente aujourd’hui la suédoise). Des coups de fil s’échangent. Le premier contact est avec Wouter Beke, président du CD&V, avec qui Michel a noué de très bons contacts. Mais c’est le second appel, avec Gwendolyn Rutten, qui s’avère décisif. La présidente de l’Open VLD lui glisse que cela peut lui permettre de mettre en place une coalition que tout le monde croit impossible. C’est en réalité elle la véritable mère de la Suédoise.

Près de six ans plus tard, le contexte n’est pas tout à fait le même, quoique. Aux côtés du CD&V, l’Open VLD participe au gouvernement flamand. Le parti libéral flamand peut jouer un rôle majeur pour faire basculer la formation d’une majorité fédérale dans un sens ou dans un autre, que ce soit en direction d’une Vivaldi sans la N-VA ou d’une coalition « 77 alternative » sans le PS. Probabilité mince, certes. Mais ce parti qui ne recueille plus que 12% des suffrages en Flandre est, potentiellement, un autre faiseur de roi.

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