Peter Mertens © Belga

Pourquoi l’élection d’un nouveau président du PTB risque de passer inaperçue

Tex Van berlaer
Tex Van berlaer Collaborateur Knack.be

Après le départ annoncé de Peter Mertens, le PTB doit partir à la recherche d’un nouveau président. Selon l’historien Vincent Scheltiens (UA), l’actuel vice-président David Pestieau est en pole position. « Mais les débats ont lieu uniquement en interne », déclare le chef de groupe flamand Jos D’Haese à notre confrère de Knack.

Belge et marxiste. Ce sont les deux seules conditions que doit remplir le nouveau président du Parti du Travail de Belgique (PTB). Peter Mertens, à la tête du parti marxiste depuis 2008, se retire. Le 5 décembre, on connaîtra son successeur.

Contrairement aux élections de président dans des partis tels que CD&V, Open VLD et Vooruit, nous en saurons très peu. Les déclarations publiques des candidats à la présidence sont hors de question. « Nous ne débattrons qu’en interne, une forme saine de démocratie de parti », déclare le chef de groupe au parlement Jos D’Haese, qui ne veut pas dire s’il est candidat ou non. « J’en discute en interne. »

Cette manière de procéder est caractéristique du PTB, déclare l’historien Vincent Scheltiens (Université d’Anvers), connaisseur de la gauche politique. « Elle est tout à fait conforme à l’image que le parti veut projeter de lui-même : il parle d’une seule voix au monde extérieur. »

C’est une différence énorme par rapport à un parti comme l’Open VLD, où des candidats comme Egbert Lachaert et Bart Tommelein ont débattu publiquement pendant la campagne présidentielle de 2020 et ont confié leurs projets pour le parti aux médias.

We Are One

La question demeure : qui ? Raoul Hedebouw serait un candidat logique. Le député, parfaitement bilingue, représente l’opposition d’extrême gauche au gouvernement fédéral. À 44 ans, il incarnerait le rajeunissement – après le départ de Mertens (51 ans), seuls Bart De Wever (N-VA, 50 ans) et Joachim Coens (CD&V, 55 ans) seront les seuls présidents de parti quinquagénaires. En outre, Hedebouw apparaît dans les studios de télévision tant flamands que francophones, ce qui constitue un avantage considérable par rapport à ses collègues de parti.

D’après Scheltiens, il a certainement ses chances. « Mais, dit-il, il fait déjà beaucoup ». Comprenez: la présidence serait une lourde charge en plus de sa position de leader de l’opposition de gauche à la Chambre.

Marc Botenga est également sous les feux de la rampe. Âgé de 40 ans, ce membre du Parlement européen est polyglotte. « Pour un doctorat sur l’Iran, il a même appris le persan », dit Scheltiens. « Mais je ne pense pas qu’il ait un profil suffisant. »

Un candidat se démarque : David Pestieau. L’actuel vice-président est également polyglotte et vit à Bruxelles. Il est devenu plus célèbre en tant que leader de la campagne « We Are One ». En vendant un pamphlet ainsi que des drapeaux et des t-shirts belges, le parti unitaire s’est présenté comme le gardien de la Belgique. En septembre, Pestieau a également dirigé l’événement « We Are One » au Bozar.

David Pestieau
David Pestieau© Belga

Cependant, la campagne a été critiquée. En juin, Facebook a mis les publicités hors ligne, car le parti n’avait pas clairement indiqué qu’il était à l’origine de la vente du drapeau. Il semble que le PTB ait voulu profiter de l’engouement pour le sport autour du championnat européen de football et des Jeux olympiques.

Quoi qu’il en soit, Scheltiens estime que Pestieau a de nombreux atouts. « Ses parents étaient tous deux de fidèles membres du parti, il a été élevé dans la politique. Je ne pense pas qu’il reste beaucoup de gens dans le parti qui possèdent une telle carrure. »

Seul inconvénient : son âge. Pestieau a quelques mois de plus que Peter Mertens (NDLR : qui a 51 ans).

Une majorité de gauche

Quoi qu’il en soit, le parti aura en besoin de carrure, estime Scheltiens. Après tout, la question la plus importante pour les années à venir est de nature stratégique. « Le grand défi arrive : participer ou non au pouvoir.« 

Cette interrogation est la plus forte en Wallonie, où les sondages évoluent favorablement. Là, on peut presque parler d’un coude à coude entre le PS, le MR, le PTB et Ecolo, qui tournent chacun autour de 20 %. En Flandre, le parti oscille entre 6 et 8 %.

« Tôt ou tard, une majorité absolue de gauche avec le PS et Ecolo sera possible en Wallonie« , déclare Scheltiens. « Qu’en va faire le parti? Ce genre de question stratégique sera de plus en plus sur la table. C’est un défi que Peter Mertens, à la tête d’un parti en pleine expansion, n’a guère eu à relever. »

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