Carte blanche

Pourquoi je soutiens Emir Kir face à la vindicte médiatique et de nombreux mandataires

A la base, je n’ai aucune envie de me positionner. Les jeux et les enjeux de pouvoir dans ce monde sont constants, ce ne sont pas les miens a priori. Mais l’injustice m’insupporte. Et l’inconséquence politique aussi.

Mes premières pensées, devant l’épisode de ces dernières semaines, c’est précisément un ressenti d’injustice, d’inversion entre les valeurs annoncées et les actes, non de la part d’Émir Kir mais bien de ses détracteurs et de cette vague de si nombreux bien-pensants lyncheurs.

Émir Kir, je le connais comme luttant contre la corruption. Les « bien-pensants » étaient bien silencieux lors de ses combats, et plus encore silencieux face aux corruptions constantes et massives de la petite localité tennoodoise d’avant le mayorat Kir. Leur courage face aux corrompus s’apparente au néant, et nombre de silencieux d’alors, avaient la main dans la confiture jusqu’au coude. Lui a fait face et démonté des systèmes pourris, restitué les finances publiques au profit des habitants et du service public.

Émir Kir, je le connais comme député, actif face à Théo Franken, Jan Jambon et autres NVA ou Vlaams Belang. Bien peu de nos courageux bien-pensants lui ont tenu compagnie, lorsque le fascisme en col jaune et noir s’est trouvé devant eux, sans même imaginer qu’ils auraient pu, eux aussi, interpeller les fascistes locaux. Pour cela il leur aurait fallu un peu de courage.

On préfère le courage de déclencher le lynchage d’un progressiste au nom d’un pseudo cordon sanitaire lointain à géométrie variable, que de tenir ce cordon ici et faire face à ceux qui portent le discours fasciste dans nos institutions.

Émir Kir, je le connais comme musulman modéré, cette seule appellation évoque les « amis » qu’il se fait des deux côtés, luttant tant contre le racisme que contre l’islamophobie, que contre l’intégrisme, faisant comprendre aux jeunes la richesse de la diversité et la valeur de leurs origines, avec goût et humour.

Émir Kir, je le connais comme luttant contre les mafieux, les trafiquants de tous poils. D’un courage profond, ni trafic de drogue, ni trafic d’êtres humains, ni marchants de sommeil n’ont eu grâce à ses yeux. Il leur fait face sans compromission et met tout en place pour les briser. Sa motivation, ce sont les habitants des quartiers populaires. Chacun de ces habitants qui aspire à une vie soutenable, il y pense et c’est cela, son combat.

Son combat est politique, son combat est fort.

Version constructive, Émir Kir est celui qui permet aux « petites gens » de mieux vivre. Rénover leur habitat, une salle de bain ici, un double vitrage là, une toiture ou une chaudière encore. C’est son choix, en place de la gentrification des quartiers, qu’il a freinée, au grand dam des bénéficiaires de marchés juteux.

Émir Kir, c’est aussi doubler les crèches, réduire le chômage sur sa commune, donner la soupe aux enfants des écoles, ouvrir une section « générale » au lycée, offrir les chèques-sport aux familles pour permettre à tous les gosses de la commune quelque soit leur condition, de manger, d’améliorer leur santé et d’avoir des perspectives heureuses, c’est aussi favoriser l’implantation de maisons médicales, l’accès à la culture et tant d’autres ouvertures aux possibles d’une existence meilleure.

Émir Kir a une vision politique. Il fait des choix qu’il assume, pour le mieux vivre, pour la justice. Il mène une politique profondément inclusive. Oui, il veut que même les plus miteux des quartiers se redressent, que la sécurité et la propreté soient le quotidien de chacun, avec ou sans papier, avec ou sans revenu. Et pour les plus faibles, les petits, les âgés, les différenciés, plus que pour tout autre.

Alors quoi ? Quelle politique mène son parti, qui feint ignorer tout cela, et qui pousse des cris d’orfraie quand le bourgmestre reçoit, en second lieu, une délégation de maires turcs représentant l’Union des villes turques et dont 2 sur 7 sont MHP, délégation par ailleurs invitée et reçue avec les honneurs par le Comité européen des régions ? Les MHP, je les honnis. Mais qui constitue une délégation de l’Union des villes et communes ne dépend pas de moi. Ni de lui.

Courbettes et compromis, couardise et corruptions sont monnaie courante dans vos rangs, toutes « élites » confondues. Est-ce de cela qu’il vous a sevrés ?

Et quelle est cette hypocrisie à faire croire que jusque là aucun d’entre vous n’aurait salué un visiteur politiquement incorrect, sachant que ces délégations sont invitées dans les institutions européennes très fréquemment, et y sont reçues – selon les règles de politesse au minimum et j’ose l’espérer, avec les honneurs et le luxe accoutumé probablement.

Cette situation est lamentable.

Alors oui, Émir Kir a des défauts, comme tout un chacun, et un certain égo, comme la plupart des mandataires. Et ses positions ne sont pas toutes à mon goût. Oui, quand il est attaqué, il doit faire des alliances pour tenir le coup, et ses alliances ne sont pas toujours celles que j’aurais choisies.

Mais ces attaques incessantes sont votre jeu et non le sien, ne lui reprochez pas alors qu’il s’y positionne.

Par ailleurs, que la NVA l’attaque, ou le MR, je le conçois, mais ici, le PS fait le boulot pour l’ennemi. Sous les applaudissements nourris des spectateurs, cette mise à mort symbolique, et son pesant de clivage et de polarisation subséquents, outre être injuste et lamentable, est une idiotie.

La cerise sur le gâteau, c’est le contexte national. Au nom du cordon sanitaire avec l’extrême droite, et sur base d’un fait que je considère comme fallacieux, le PS fait perdre lui-même la très courte majorité qui permettrait de constituer un gouvernement sans la droite extrême et séparatiste. En bref, le PS ouvre grand la porte à l’extrême droite.

Je conclurai par dire que cette attaque contre Émir Kir est humainement débile, mais surtout, que c’est une profonde idiotie politique.

Christine Pauporté,

Responsable de département à l’administration communale de Saint-Josse-ten-Noode depuis juin 2000, et avant cela, collègue d’Émir Kir pendant 5 ans comme travailleuse sociale, également à Saint-Josse

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