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Pour les associations environnementales, le gouvernement doit aller de l’avant pour la sortie du nucléaire

Inter-Environnement Wallonie, Bond voor Beterleefmilieu et Greenpeace ont interpellé ce vendredi le gouvernement fédéral qui doit se pencher sur un rapport de l’administration sur la sortie du nucléaire ainsi que sur une note de la ministre de l’Energie.

Inter-Environnement Wallonie, Bond voor Beterleefmilieu et Greenpeace ont interpellé vendredi le gouvernement fédéral qui, pour la première fois, doit se pencher sur le rapport de l’administration sur la sortie du nucléaire et une note d’accompagnement de la ministre de l’Energie, Tinne Van der Straeten. « Tous les feux sont au vert pour la sortie du nucléaire: le gouvernement fédéral doit aller de l’avant », ont dit les trois associations dans un communiqué.

A leurs yeux, s’engager dans la voie d’une prolongation au-delà de 2025 de deux réacteurs sur les sept toujours en activité -une option ouverte par l’accord de gouvernement et défendue par le MR- « conduirait à une dangereuse phase d’incertitude et de possibles recours en justice, et menacerait la sécurité d’approvisionnement dans les années à venir ». Une prolongation devrait surmonter de nombreux obstacles, notamment juridiques. Le feu vert européen au Mécanisme de Rémunération de Capacité (CRM, qui fournit une capacité remplaçant en tout ou partie le nucléaire) est conditionné à la sortie du nucléaire, rappellent les associations.

Une modification impliquerait donc une nouvelle discussion avec l’Europe qui devrait en outre donner son aval aux conditions financières dans lesquelles Engie réaliserait l’opération. Il faudrait également amender la loi de sortie du nucléaire. La démarche nécessitera une consultation publique nationale et internationale, et il est vraisemblable que l’Allemagne, engagée dans la sortie du nucléaire, s’opposera à toute prolongation à proximité de sa frontière.

« Dans le contexte actuel, il y a peu de chance que les deux réacteurs soient opérationnels avant 2027 », a souligné Arnaud Collignon, représentant d’IEW. « Dès lors, une décision de prolongation prise par le gouvernement fédéral mettrait en danger la sécurité d’approvisionnement de notre pays pendant les hivers 25/26 et 26/27. Remettre en cause la sortie du nucléaire à ce stade serait une erreur historique. »

Les environnementalistes mettent également en garde contre le coup de frein qu’une prolongation donnerait à l’investissement dans la transition énergétique en dissuadant les projets d’énergie renouvelable. Les défenseurs du nucléaire mettent en avant le faible impact sur le climat de la production d’énergie nucléaire au contraire des centrales au gaz appelées à y suppléer. Les associations ont intégré cet aspect dans leur réflexion.

A leurs yeux pourtant, l’émission de CO2 induite par le démantèlement de centrales anciennes ou la gestion des déchets est sous-estimé. Le système européen d’échange de quotas de CO2 (ETS), applicable aux grandes industries, permettra par un système de vases communicants d’absorber une partie de la production de CO2. Et, à terme, dans le cadre de la transition vers le renouvelable, le nombre d’heures de fonctionnement de ces centrales est appelé à se réduire au strict minimum, estiment-elles.

La question climatique ne peut éclipser celle du risque d’accident nucléaire. « Il y a trente ans déjà, la commission Tchernobyl du Sénat avertissait qu’il fallait prévoir une zone de 30 kilomètres entre une centrale et la population. En Belgique, c’est impossible. En cas d’accident majeur, ce ne sera pas une crise belge mais une crise à l’échelle européenne. Il ne faut pas oublier qu’à Fukushima, si on a vécu une crise grave, on a évité le pire, et dans une zone dix fois moins peuplée qu’autour de Doel », a averti Jan Vande Putte, représentant de Greenpeace.

Dans le débat politique actuel, certains partis demandent des investissements dans le nucléaire de nouvelle génération, quelle que soit la décision prise. IEW ne ferme pas la porte à la recherche dans ce domaine, vu l’importance de l’enjeu climatique.

Pour Greenpeace, il s’agit d’un mirage. « Cela fait 20 ans que l’on en parle et il n’y a toujours aucun résultat alors que le risque de prolifération induit par cette technologie est très important. Aucun électricien ne s’y intéresse. C’est avant tout des centres de recherche qui veulent trouver un avenir. C’est une filière très dangereuse et il faut l’arrêter », a souligné M. Vande Putte.

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