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Portrait d’Eric Domb, patron de Pairi Daiza, homme pressé qui carbure à l’impossible

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

A 53 ans, le patron de Pairi Daiza garde un rêve d’avance. Les pandas géants qui sont attendus dans le parc, obtenus de haute lutte, ne diront pas le contraire. Impatient, Eric Domb a hâte de terminer son jardin extraordinaire. Un projet fou et risqué. Mais l’homme carbure à l’impossible.

C’est un homme qui court. De peur que le temps le rattrape, lui qui suspend pourtant le temps pour le bon million de visiteurs qui, chaque année, visitent son parc, l’oeuvre de sa vie: Pairi Daiza. « Mon parc n’est pas terminé, explique Eric Domb, son patron et principal actionnaire. Or si je meurs demain, Pairi Daiza sera revendu à un opérateur dont le dernier souci sera de réaliser les projets que j’avais encore. Alors, je fonce. Je reconnais que c’est frénétique… »

Coincé dans la posture délicate de celui qui est né entre deux frères, il grandit à l’ombre d’un père chirurgien et d’une mère historienne d’art et égyptologue, tous deux passionnés de jardins. Ses grands-parents paternels sont Polonais, tandis que la branche maternelle est lituanienne. « Des trois fils Domb, Eric était considéré comme le plus fragile, le plus féminin et le plus sensible », glisse Thierry Charlier, un de ses amis d’enfance. A l’époque, Eric joue du piano, pratique l’escrime, l’équitation, le ski. Il vit à l’ombre de l’église Saint-Antoine, à Etterbeek, avant de migrer vers le Brabant wallon, à Bousval. On dit de lui qu’il n’a pas un caractère facile…

A l’heure de choisir des études supérieures, il opte pour le droit « parce qu’il fallait bien faire quelque chose », dit-il. Son frère aîné, qu’il juge brillant, sera médecin comme son père. « J’aurais adoré étudier la médecine, reconnaît Eric Domb, et il m’est arrivé de regretter de ne pas l’avoir fait. Plus aujourd’hui. » Il sera donc avocat. « Je n’étais pas doué pour le métier », glisse-t-il. Il quitte la toge au profit de la consultance en finance.

Puis vient ce dossier, tombé sur son bureau comme un signe du ciel. Un parc de 55 hectares, entièrement à l’abandon, est à vendre à Cambron-Casteau, dans le Hainaut. On y trouve une ancienne abbaye cistercienne, des platanes à l’ombre desquels, il y a 400 ans, se sont abrités des moines. Et des ronces, mêlées aux sureaux. Eric Domb en tombe amoureux. « Ce parc m’a sauvé », résume-t-il.

« Il m’a demandé mon avis, se souvient Yvan Moreau, aujourd’hui administrateur délégué de Pairi Daiza. Lui était convaincu qu’il était possible d’en faire le plus beau jardin de Belgique. Je n’ai rien dit. J’ai juste pensé qu’il exagérait ». En 1993, Eric Domb acquiert les lieux, avec l’aide de sa famille et d’autres proches. Autour de lui, la majorité crie au fou. « Je n’y ai pas cru du tout, se souvient Etienne Van de Kerckhove, son ami, patron du groupe Iris. C’était infaisable et je pense que, rationnellement, j’avais raison. Eric a pris tous les risques. N’importe qui à sa place se serait planté. »

Eric Domb n’est pas homme à dévier sa course d’un iota : le parc est toute sa vie. Il rêve d’y montrer la beauté du monde. En miniature, avec les villages, temples, animaux, plantes et pierres qui caractérisent ses continents. Des 47 pays qu’il a déjà visités, il ramène par conteneurs entiers des pierres, des arbres, des abris à riz et autres barques, qui, mis en scène ici par des artisans de là-bas, raconteront l’Asie ou l’Afrique. « Il a toujours un rêve d’avance, constate son ami Thierry Dilleman. S’il voit une montagne quelque part, il la veut dans son parc. » Ce ne sont pas les pandas géants, attendus en Hainaut ce 23 février, qui le démentiront. Ni les éléphants, ravis que leur belge propriétaire ait suivi une formation de cornac pendant des semaines, en Thaïlande…

>>> Le portrait intégral dans Le Vif/L’Express de cette semaine

>>> L’intégralité du dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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