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Pollution 3M : jusqu’à 168 fois plus de PFAS dans le sang que le seuil normal

Charly Pohu Journaliste

Le sang de dix personnes habitant aux alentours du site de l’entreprise 3M, à Zwijndrecht, en province d’Anvers, a été testé par le collectif citoyen Grondrecht. Les résultats de la Vrije Universiteit Amsterdam sont clairs : tous les échantillons dépassent le seuil normal, dont un 168 fois.

Des taux d’une hauteur jamais vue, selon le médecin en charge de l’étude, Jacob De Boer. Les taux des dix habitants – neuf de Zwijndrecht et un de Linkeroever – dépassent de 3,4 à 168 fois le seuil normal, qui est de 6,9 nanogramme par miliitre de sang, fixé par l’Agence européenne de sécurité des aliments.

La situation semble alors très sérieuse. L’initiative citoyenne Grondrecht (droit fondamental en français), née suite à ce scandale sanitaire, demande des mesures de l’autorité, afin de monitorer et de limiter les effets. Elle demande de faire une étude sur la contamination aux PFAS auprès des enfants de moins de 12 ans, des femmes enceintes et des femmes qui allaitent.

Suite à son étude, Grondrecht souhaite également qu’une enquête épidémiologique soit menée, afin de définir s’il existe un lien entre la pollution aux PFAS et certaines maladies. Les personnes avec des taux hauts devraient être pris en charge gratuitement, afin d’observer si elles développent des maladies.

Grondrecht demande une communication claire sur la pollution du sol, de l’eau et de l’air, du passé mais également celle qui est toujours en cours, ainsi que sur les licences qui ont été octroyées à 3M.

Un scandale sanitaire

De nombreuses études pointent les PFAS comme étant toxiques. Ils provoquent des cancers, des maladies du foie et des reins, des déficiences du système immunitaire, des problèmes de fertilité, des taux de cholestérol élevés et des perturbations endocriniennes chez l’être humain. Le risque serait même présent à faible dose.

Jusque l’an 2000, l’entreprise 3M produisait des PFOS, composante de la famille des PFAS, sur le site de Zwijndrecht. L’ancien site est pollué, mais des traces sont trouvées jusqu’à 15km à la ronde, notamment dans les oeufs et dans l’eau potable. Les eaux souterraines, contaminées, ont égalment été versées dans l’Escaut.

Les PFAS servent à rendre des objets résistants à l’eau, et sont présents dans de nombreux produits, du maquillage jusqu’au poêles. Ils ont une composition chimique très dure, qui les rend incassables, et donc très difficile à détruire, ou à évacuer d’un corps vivant.

Où en sont les enquêtes?

Le parlement flamand a lancé une commission d’enquête. La ministre flamande de l’environnement, Zuhal Demir (N-VA) reconnaît que les différents services d’inspection n’ont pas bien collaboré, et affirme vouloir instaurer un registre pour centraliser les informations. La justice a également ordonné une enquête, suite à un dépot de plainte de citoyens contre 3M. Des centaines de personnes, résidant aux alenteours du site, ont égalment pu faire des prises de sang. Mais les résultats ne sont pas encore en vue.

Pour l’Afsca, l’Agence fédérale de la sécurité alimentaire, les agriculteurs dans les environs ne devraient pas prendre de mesures supplémentaires. Dans ses analyses du lait, de la viande et des oeufs, l’agence n’a pas trouvé de niveau « préoccupant » de taux de PFAS, a-t-elle annoncé fin juillet. Les agriculteurs peuvent donc continuer à vendre les produits.

En attendant des résultas des différentes enquêtes, ce scandale sanitaire et de pollution n’en est sans doute pas à son dernier rebondissment.

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