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Plusieurs hypothèses formulées pour expliquer les tueries du Brabant

Plusieurs théories et hypothèses des plus fantaisistes aux plus sérieuses ont été formulées pour expliquer cette vague de crimes sanglants qui ont endeuillé la Belgique dans la première moitié des années ’80.

L’enquête connaît à présent un nouveau tournant avec la piste de l’ancien gendarme d’Alost, Chris B., qui, sur son lit de mort en 2015, aurait révélé à son frère son implication dans les tueries.

La majorité des faits attribués aux « Tueurs fous », comme on les a parfois appelés, a eu lieu dans la province de Brabant. Les autres faits ont été commis dans les provinces de Flandre orientale, de Namur et du Hainaut ainsi que dans le nord de la France. Des portraits robots ont été diffusés au fil du temps tandis que plusieurs objets liés aux tueurs ont été retrouvés dans différents endroits comme dans le Bois de la Houssière à Braine-le-Comte, dans le canal Bruxelles-Charleroi à Ronquières ainsi que sur les lieux des différents crimes.

Parmi les hypothèses formulées pour expliquer cette vague d’attaques qui a fait 28 morts au total, certains ont évoqué une tentative de racket orchestrée par la mafia américaine à l’encontre de la chaîne des magasins Delhaize ou encore celle des « cadavres exquis » où les assassins auraient ciblé certaines personnes qui devaient mourir et en auraient tué d’autres afin de brouiller les pistes.

Un autre piste suivie par les enquêteurs fut celle du vol. La sauvagerie des tueurs et leur formation, qui n’est pas sans rappeler celle des militaires, ont laissé planer le doute sur l’identité et la qualification des tueurs.

Une autre théorie a voulu y voir l’action de psychopathes. La bande n’aurait alors eu d’autre motif que le meurtre gratuit.

Les policiers nivellois ont longtemps cru tenir les tueurs avec la filière boraine, une bande de petits truands du Borinage acquittés faute de preuves au terme d’un retentissant procès en assises en 1988.

Favoriser l’installation d’un pouvoir politique fort

Une autre théorie a également fait beaucoup parler d’elle, à savoir la piste politique et la perspective d’un coup d’Etat. Dans cette optique, les ravages de la bande étaient destinés à favoriser l’installation d’un pouvoir politique fort fondé sur le renforcement de la gendarmerie et de l’armée. Les milieux d’extrême-droite ont longtemps été soupçonnés.

En mai 2014, l’instruction reprise par la juge Martine Michel avait connu un nouveau rebondissement avec l’arrestation de Jean-Marie Tinck, un suspect déjà entendu en 1997 sur base d’un portrait-robot mais qui avait alors été relaxé faute d’éléments. Le septuagénaire au lourd passé judiciaire se serait vanté d’avoir fait partie des Tueurs du Brabant. Sous le coup de neuf chefs d’inculpation, dont celui de meurtre, il a été relaxé depuis lors mais reste toujours suspect.

Trente-cinq ans après les premiers faits, les enquêteurs s’intéressent à présent à la piste de l’ancien gendarme d’Alost, Chris B., décédé en 2015. Avant sa mort, celui-ci aurait confié à son frère avoir participé aux tueries. Il lui aurait aussi révélé l’implication du groupe Diane -groupe spécial d’intervention de la gendarmerie créé dans les années 1970-, dont Chris B. a fait partie. A l’époque d’ailleurs, le colonel de gendarmerie Arsène Pint avait réagi après l’attaque du Delhaize d’Alost, qui a fait huit morts le 9 novembre 1985, s’exclamant: « Ce ne sont quand même pas les nôtres! » Le modus operandi et la tactique utilisés par les tueurs lors des attaques étant les mêmes que ceux appris au groupe Diane, M. Pint était inquiet à l’idée que des gendarmes aient pu tremper dans les tueries.

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