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Peut-on encore manger du poisson ?

Si tout le monde se met à manger du poisson deux fois par semaine, les océans seront complètement dépeuplés d’ici quelques décennies. Le poisson est-il vraiment nécessaire dans une alimentation saine ?

OUI

Nom Erika Vanhauwaert

Fonction Diététicienne, coordinatrice de recherche alimentation, Katholieke Hogeschool Leuven

Opinion Dans une alimentation équilibrée, la variété et la modération constituent deux piliers essentiels. Le poisson est bon, léger et procure de la variété. Le poisson est la meilleure source naturelle d’EPA et de DHA, deux des trois acides gras oméga-3 dont notre corps a besoin. Il est en outre riche en protéines et en minéraux, dont le sélénium, l’iode et le zinc, et en vitamines A, D et B12. L’idéal est de manger du poisson 1 à 2 fois par semaine, dont une fois du poisson gras, en portion d’environ 100 grammes. Il n’est pas évident de remplacer le poisson par des produits végétaux contenant de l’EPA et du DHA car il faut en absorber de plus grandes quantités. Souvent, ces produits d’origine végétale contiennent des acides gras oméga-3 sous la forme d’acide alphalinolénique (ALA), le précurseur de l’EPA et du DHA. Les noix et certaines huiles, comme l’huile de lin et de soja, sont des sources végétales d’acides gras oméga-3 mais ne constituent pas une alternative totalement satisfaisante. Elles se complètent plutôt. Les noix sont très riches en graisse, mieux vaut donc ne pas en abuser. On ne peut chauffer les huiles de soja et de lin, qui ne s’utilisent donc que dans des préparations froides, dans une salade par exemple. L’épinard et le cresson contiennent aussi de l’ALA, mais on ne peut pas non plus en consommer en masse ! Si vous voulez manger du poisson  » durable « , consultez la liste des poissons recommandés pour la consommation. Vous trouverez des informations à ce sujet sur internet ; vous pouvez également télécharger cette liste sur votre smartphone. Ne consommez du poisson gras, le plus pollué, qu’une fois par semaine.

NON

Nom Tobias Leenaert

Fonction Directeur, Ethisch Vegetarisch Alternatief (EVA) (Alternative végétarienne éthique)

Opinion Les végétariens sont la preuve vivante qu’on peut vivre en parfaite santé sans poisson. Ils vivent même plus vieux que les non-végétariens, comme le montre une étude récente. Le poisson contient certes des substances utiles, comme des acides gras oméga-3, mais il est possible de les remplacer par des produits alimentaires d’origine végétale. Les végétariens puisent des acides gras à longue chaîne, dont les oméga-3, dans l’huile et les noix. L’acide alpha-linolénique, l’acide gras essentiel oméga-3, est transformé dans le corps en DHA et EPA. Étant donné que cette conversion se déroule plus facilement en présence d’une juste proportion entre oméga-6/oméga-3, il est important d’absorber suffisamment d’oméga-3 via l’alimentation et le moins possible d’oméga-6. Les graines et l’huile de lin, l’huile de colza et les noix sont d’importantes sources d’oméga-3. Pour réduire la quantité d’oméga-6, il convient d’user avec parcimonie des huiles de maïs et de tournesol ainsi que des graisses à tartiner et à cuire à base de ces huiles. D’après certains diététiciens végétariens, ces mesures suffisent pour garantir un apport suffisant en oméga-3 ; d autres recommandent des suppléments d’EPA et de DHA. Chez les végétariens, ces acides gras semblent en effet moins présents, mais leur importance pour la santé fait encore l’objet de beaucoup d’incertitude. Si tout le monde suivait cette recommandation concernant le poisson, cela donnerait lieu à une catastrophe écologique. Si vous pouvez vivre en bonne santé sans poisson, pourquoi pas ? Les recommandations alimentaires au niveau démographique doivent tenir compte des conséquences écologiques.

Par Marleen Finoulst

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