Drieu Godefridi

On rentre dans les Flamands comme dans du beurre

Drieu Godefridi PhD (Sorbonne), juriste et auteur

Qui ne se souvient de la célèbre apostrophe de celui qui était à l’époque le grand manitou du parti socialiste wallon, Guy Spitaels qui, s’adressant aux Flamands, déclara mâlement: « Non, Messieurs les Flamands, on ne rentre pas dans les Wallons comme dans du beurre ! »

Eh bien, force est de reconnaître que Guy Spitaels avait raison.

Depuis cinquante ans que les Wallons ont exigé leur autonomie économique — car tout le monde l’a oublié, mais la fédéralisation de l’économie était d’abord une revendication wallonne, plus particulièrement socialiste wallonne — depuis 50 ans, les Wallons ont tout raté.

Dognat y peregnat ! répétait inlassablement Staline, pour dire sa ferme intention de « rattraper et dépasser » les économies capitalistes d’Occident. De même, depuis 50 ans les « élites » wallonnes ne cessent de répéter qu’elles vont « dognat y peregnat » l’économie flamande.

La réalité est cruelle : non seulement, en 50 ans de « rattrapage », les Wallons n’ont rien rattrapé du tout, mais leur retard s’est creusé et s’il y a bien un « rattrapage/dépassage » c’est celui de la Wallonie par des régions d’Europe centrale, pourtant surgies du néant communiste en 1989.

D’un mot : le socialisme, ça ne marche pas.

Partant de là, on aurait pu concevoir que les Flamands, largement majoritaires en Belgique, finiraient par se lasser de se faire injurier, taxer de racistes et d’égoïstes et « prendre de haut » par les « élites » wallo-bruxelloises francophones. On aurait pu imaginer que la Flandre imposerait, au besoin par la force du nombre, en parfaite conformité avec le prescrit constitutionnel — les lois fédérales se votent à la majorité simple, sans considération de groupe linguistique (article 53) — les recettes qui ont fait son succès au reste du pays.

Il n’en fut rien. La Belgique est aujourd’hui gouvernée par une « majorité » de 38 sièges sur 150 (sic), depuis qu’il y a un an un premier ministre wallon a décidé d’imposer les intérêts de sa carrière européenne — via l’adhésion au funeste pacte de Marrakech — à la population flamande, dont l’écrasante majorité était pourtant opposée au pacte de Marrakech. Cela, en évinçant au passage le parti la N-VA qui le fit premier ministre, et qui était (et reste), de loin, le premier parti non seulement de la Flandre, mais du pays.

Depuis un an, il n’est pas un seul dossier — éthique, économique, budgétaire, migratoire, énergie — dans lequel l’improbable magma ultra-minoritaire qui tient lieu de gouvernement fédéral n’impose des options qui sont rejetées, tous les sondages concordent, par l’écrasante majorité des Flamands.

Alors oui, les Flamands sont majoritaires, économiquement brillants, entrepreneurs, truculents, les villes flamandes sont les plus belles et prospères du Nord de l’Europe et l’enseignement flamand vaut mille fois le programme néo-communiste qui en tient lieu en « Fédération Wallonie-Bruxelles » : tout cela est vrai.

Mais, politiquement, en 2019 comme en 1970, on rentre dans les Flamands comme dans du beurre.

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