Marie-Christine Marghem © belgaimage

Nucléaire: le gouvernement donne son feu vert au projet Myrrha

Le conseil des ministres a donné vendredi son feu vert au projet de recherche nucléaire MYRRHA, a annoncé la ministre fédérale de l’Énergie, Marie-Christine Marghem. Une somme de 558 millions d’euros y sera consacrée au cours de la période 2019-2038 dans le cadre du Pacte national d’investissement.

MYRRHA, pour « Multipurpose Hybrid Research Reactor for High tech Application », est un vaste projet de construction d’une infrastructure de recherche au Centre d’étude de l’énergie nucléaire (SCK-CEN) à Mol.

Il s’agira tout à la fois de produire des radio-isotopes dans le cadre de traitements et diagnostics médicaux, ainsi que du silicium dopé de très grande pureté pour des applications dans l’électronique, de mener des recherches sur le traitement des déchets radioactifs et de développer de nouveaux types de combustibles et réacteurs nucléaires. Ce vaste projet n’est pas lié à la production d’électricité, précisait-on au cabinet de Mme Marghem.

Dans le domaine des déchets nucléaires, le projet MYRRHA pourrait mener à des avancées considérables. Après 40 ans de fonctionnement, la quantité de déchets nucléaires les plus radioactifs de toutes les centrales belges représentera la surface d’un terrain de football pour une hauteur de 50 cm. Grâce au procédé de la transmutation, la hauteur pourrait se réduire à 5 mm, a expliqué le directeur de MYRRHA et directeur adjoint du SCK-CEN, Hamid Aït Abderrahim. La chaleur dégagée par ces déchets et leur radio-toxicité seraient également diminuées. De la sorte, en cas d’enfouissement géologique des déchets, la capacité nécessaire serait considérablement réduite. Le temps de gestion passerait quant à lui de quelques centaines de milliers d’années à quelques centaines d’années.

En matière médicale, il s’agira de progresser dans la recherche sur les radio-isotopes de traitement de certains cancers. Actuellement, les radio-isotopes servent essentiellement à la détection des tumeurs. A terme, ils pourraient aussi être utilisés à des fins curatives, de manière moins invasive que les traitements actuels puisque l’action du radio-isotope est localisée dans la cellule de la tumeur et préserve de la sorte les tissus sains.

Pilotés par un accélérateur de particules, ces réacteurs dits « sous-critiques » sont censés fonctionner de manière plus sûre que les réacteurs classiques puisqu’ils contiennent trop de peu de matière fissile pour entretenir une réaction en chaîne. L’accélérateur sera aménagé dans la première phase du projet. L’entrée en service est attendue d’ici 2026 et permettra la production des premiers radio-isotopes.

Plusieurs universités collaborent au projet, dont l’UCL par le biais de son centre de recherche du cyclotron où sont déjà testées les premières pièces de l’accélérateur. Parmi les entreprises associées, figurent en Belgique IBA, spécialisée dans la protonthérapie, Tractebel et les Ateliers de la Meuse.

En moyenne, sur toute la durée du projet (construction et exploitation), près de 700 personnes travailleront sur le programme.

« Cette décision renforce le rôle clé de la Belgique en matière de recherche et d’innovation dans des domaines aussi importants pour la société que la production de radio-isotopes médicaux, la médecine nucléaire, et la recherche scientifique de solutions innovantes pour la question des déchets radioactifs à longue durée de vie », a souligné Mme Marghem.

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