Moreau regrette l’impossibilité de dialoguer avec le gouvernement wallon

Le Vif

L’ex-homme fort de Nethys, Stéphane Moreau, regrette l’impossibilité de mener un dialogue avec le gouvernement wallon. Interrogé dimanche sur RTL-TVI et dans les colonnes de SudPresse, il dit espérer que le modèle économique qu’il a mis en place ne s’effondre pas.

« Je serais extrêmement malheureux de voir ce modèle s’effondrer. Ce que je regrette aujourd’hui, c’est qu’il y ait une incompréhension et qu’il n’ait pas été possible de dialoguer avec le gouvernement wallon (…) Je pense que, si on avait pu avoir une discussion préalable, on aurait pu atterrir différemment et trouver des solutions », a-t-il déclaré sur le plateau de « C’est pas tous les jours dimanche ».

Dimanche passé, le gouvernement Di Rupo a pris trois arrêtés cassant les ventes, par Nethys, des parts de cette dernière dans le câblodistributeur Voo, la société d’énergie éolienne Elicio et la firme de services informatiques Win. Il a pointé les conflits d’intérêts, le manque de mise en concurrence, le montant dérisoire de certaines ventes et le fait que tout s’est déroulé à l’insu des responsables publics, au détriment de l’intérêt général. M. Moreau soutient le contraire. « Une série de responsables politiques au plus haut niveau tant à Liège qu’ailleurs étaient informés. Sans toutefois en connaître les détails », a-t-il affirmé aux journaux de SudPresse, tout en refusant d’en dire plus sur l’identité de ces responsables. Il n’est pas non plus question de conflits d’intérêts, à ses yeux.

La reprise de certaines des parts cédées par Ardentia -société de l’homme d’affaires liégeois Françis Fornieri, également administrateur de Nethys- est conforme aux droits des sociétés, a-t-il fait remarquer, en contestant au passage l’accusation du rachat d’Elicio pour un euro symbolique. Si l’on prend en compte la reprise des dettes, le prix de vente s’élèverait en fait à 265 millions d’euros. M. Moreau défend aussi la vente de Voo aux fonds américain Providence.

L’opération permettrait de maintenir l’ancrage liégeois du câblodistributeur. « Se lier à un opérateur comme Orange ou Telenet aurait immanquablement amené à des synergies. Je l’ai connu avec Luminus: on garde deux ans les emplois, puis ils s’en vont. Avec les fonds d’investissement, ils restent environ 5 ans. Et on avait négocié que même si Providence vendait et même si Nethys descendait à 26% dans le capital, il fallait son accord pour déplacer le siège social de la région liégeoise, ainsi que les emplois directs et indirects. Des garanties pareilles, c’est rarissime!  »

La mise en place de Nethys au départ de l’Association Liégeoise de l’Electricité (ALE) a été validée par le monde politique liégeois, a-t-il souligné. Il s’agissait alors de répondre au déclin de la sidérurgie par une initiative industrielle publique. M. Moreau déplore l' »incompréhension » qu’a suscitée ce modèle dans le reste de la Wallonie. L’ex-mandataire socialiste -démissionné/exclu de son parti- dit ne pas ressentir d’amertume ou de rancune. « C’est à la fois une page qui se tourne et un grand soulagement. Une telle traversée d’événements violents ne laisse pas physiquement indemne (M. Moreau a fait un infarctus en 2017). Surtout quand, à l’analyse, il ne reste pas grand chose des reproches initiaux », a-t-il dit.

L’annulation des ventes par le gouvernement wallon pourrait mener au « chaos judiciaire », a averti jeudi la présidente démissionnaire d’Enodia, Muriel Targnon. M. Fornieri, invité du journal de RTL-TVi, s’est dit prêt à discuter. « Je suis un homme de consensus. Je respecte mes partenaires », a-t-il affirmé.

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