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Moins de salaires pour les parlementaire flamands longtemps en maladie

Charly Pohu Journaliste

L’absence pour cause de maladie, depuis octobre 2020, de la députée flamande El Kaouakibi suscite l’indignation au Nord du Pays. Pour cause: elle touche l’intégralité de son salaire. Le parlement flamand entend réduire le salaire à 60% après un mois de congé maladie.

Sihame El Kaouakibi. Un nom qui rappelle immédiatement un scandale politique, en Flandre. La députée flamande, indépendante (ex- Open VLD), est accusée de détournement de subsides via une asbl. Depuis octobre 2020, elle est en congé maladie, accusant des soucis de santé mentale, suite aux enquêtes qui la visent. A la rentrée, elle a présenté un nouveau certificat, allant au moins jusque fin novembre.

Le hic: depuis le temps qu’elle est absente, elle touche l’intégralité de sa rémunération, ce qui suscite l’indignation des autres parlementaires. Le parlement est donc en pourparlers pour réduire le salaire des députés à 60% dès le deuxième mois de maladie, comme pour tous les travailleurs, une idée défendue entre autres par Conner Rousseau, président de Vooruit.

« Les mêmes règles pour tout le monde »

« Beaucoup de personnes trouvent qu’il est plus que normal que les règles soient les mêmes pour tout le monde, pour les parlementaires comme pour les autres professions », se prononçait-il sur Radio Een mardi. Tous les partis semblent d’accord avec cette proposition de réglementation.

Une étude juridique est en train d’être menée par un bureau d’avocat, pour voir comment réglementer la question. « Le statut du parlementaire est complexe, c’est toujours problématique d’essayer de le réglementer », indique Wilfried Vandaele, chef de file de la N-VA sur la VRT.

Le parlement veut prendre des mesures dès la réception de l’avis des avocats, dans la semaine normalement. La proposition sera ensuite discuté en Bureau élargi, puis devra être voté lors d’une prochaine session plénière.

Une autre étude est en cours sur le fait de pouvoir envoyer un médecin-contrôleur chez les parlementaires en congé maladie. Envoyer un médecin-contrôleur est en effet compliqué, explique le journaliste politique Ivan de Vadder à la VRT. L’employeur seul peut envoyer un médecin-contrôleur, mais les députés n’ont pas de véritable employeur, sinon les citoyens.

Autrement, les députés perdent un pourcentage de leur salaire s’ils sont absents des sessions plénières, par exemple une perte de 60% du salaire pour avoir manqué la moitié des sessions, et 10% de pertes pour 20% d’absences.

Au fédéral et en Wallonie

La proposition de Vooruit sera également introduite au Parlement fédéral mercredi. La diminution de salaire pour absence sur le long terme pourrait alors aussi être décidée pour les parlementaires fédéraux. La presse néerlandophone se demande si un tel sujet pourrait venir sur la table en Wallonie ou à Bruxelles, car ces deux régions n’ont récemment pas connu d’affaire comme celle d’El Kaouakibi.

Accusations de détournements de subsides

En février, un audit indépendant a relevé des transferts d’argent douteux au sein l’association créée par Sihame El Kaouakibi, Let’s Go Urban. Ces transferts laissent supposer que des subsides ont été détournés, pour un enrichissement personnel. D’autres accusations visent une augmentation de salaire, ou la demande à la Ville d’Anvers (et la quasi autorisation) d’une cuisine professionnelle pour environ 30.000 euros, alors qu’une telle cuisine toute neuve avait déjà été installée deux ans plus tôt.

Au fil des années, la Ville d’Anvers a versé énormément d’argent, sous forme de subsides publics, à cette association qui oeuvre pour l’intégration des jeunes issus de milieux défavorisés, via l’art et l’entrepreneuriat.

Let’s Go Urban rencontrait beaucoup de succès, et Sihame El Kaouakibi était considérée comme un rôle modèle, une personne qui force le respect, l’admiration et la sympathie, souvent interrogée dans les médias. Entreprenseuse à succès, elle a rejoint les rangs de l’Open VLD, et a été élue au Parlement Flamand en 2019. De cette tribune, elle a souvent dénoncé le racisme et le sexisme. Depuis les accusations, elle n’est plus députée au nom des libéraux mais siège comme indépendante.

L’enquête judiciaire est toujours en cours pour déterminer la nature et/ou l’ampleur des malversations.

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