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Mise à mort des porcs domestiques: les éleveurs surpris et inquiets

Les éleveurs se montrent lundi à la fois surpris et inquiets face à la volonté du ministre fédéral de l’Agriculture, Denis Ducarme, de condamner les porcs domestiques élevés à l’intérieur de la zone sécurisée de 63.000 ha, délimitée après la découverte de neuf cadavres de sangliers infectés par la peste porcine africaine dans le sud du pays. Si le ministre a prévu d’indemniser les exploitants, le manque à gagner sera-t-il correctement compensé? , s’interrogent de concert la Febev, la FWA et la Fugea, contactées par Belga.

Euthanasier quelque 4.000 porcs pour prévenir toute propagation du virus parmi les cochons d’élevage, une idée accueillie avec tiédeur par les représentants des trois associations.

« Nous recherchons effectivement une solution à court terme pour rassurer les importateurs de porcs au sein de l’UE », concède Michael Gore, administrateur délégué de la Fédération belge de la viande (Febev). « Il s’agit cependant d’une solution de dernier recours », estime-t-il.

« La mesure est radicale », s’étonne également le secrétaire général de la Fédération wallonne de l’Agriculture (FWA), Yvan Hayez. « Sur le plan sanitaire, elle peut se comprendre mais, économiquement, que va-t-il advenir de ces exploitations porcines quasiment condamnées, alors qu’elles ne sont pas infectées? « 

L’indemnisation des éleveurs porcins au sein de la zone de sécurité a été assurée par le ministre Ducarme et devrait provenir à parts égales du Fonds fédéral de Santé animale et de la Commission européenne. L’annonce ne rassure cependant qu’à moitié le secteur.

Le président de la Fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs (Fugea), Philippe Duvivier, pointe la difficulté d’estimer la valeur exacte d’un animal.

« Avec l’abattage de porcs bio, élevés en plein air, c’est tout un bagage génétique qui se perd, au contraire des porcs industriels où seule la génération concernée est condamnée. » En outre, un éleveur se verra ainsi compensé de la perte d’une truie sacrifiée, mais pas des porcelets qu’elle aurait pu mettre bas, déplore également M. Hayez.

Les trois représentants regrettent le manque de concertation du ministre vis-à-vis de cette mesure et estiment que d’autres pistes peuvent encore être envisagées. Des consultations sont prévues avec le secteur, notamment ce lundi après-midi au cabinet du ministre wallon de l’Agriculture René Collin.

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