Le 1er avril, le ministre-président wallon Paul Magnette, sort de sa réunion avec le Premier ministre Charles Michel. © Belga - THIERRY ROGE

Michel – Magnette : pourquoi tant de haine ?

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le Premier ministre MR et le ministre-président wallon PS ne peuvent cacher l’inimitié qui les oppose. Idéologique, mais aussi personnelle. Avec quel impact pour la gestion du pays ?

La scène se déroule au Lambermont, la résidence du Premier ministre, et elle est sans doute appelée à devenir culte dans l’histoire de la politique belge. Lors d’une réunion budgétaire entre les différents gouvernements du pays, le 1er avril, le ministre-président wallon Paul Magnette (PS) expose fermement sa colère : il n’a pas été consulté préalablement au sujet de l’effort supplémentaire que le fédéral impose à sa Région. Le Premier ministre Charles Michel, qui se retranche derrière l’impartialité du SPF Finances, l’écoute avec un air mi-amusé, mi-consterné. Son adversaire sort de ses gonds : « Charles, tu peux te garder ton sourire ironique. » Impassible, Charles Michel l’invite à « se ressaisir » tandis que le vice-Premier MR Didier Reynders rappelle Paul Magnette à l’ordre : « On ne s’adresse pas au Premier ministre de cette manière. » C’est un instantané de l’inimitié qui oppose le Premier ministre et le Premier wallon. Derrière cette guerre de chiffres, on retrouve tout le contentieux – lourd, très lourd… – entre le MR et le PS depuis la formation des gouvernements découlant des élections du 25 mai 2014. Tout l’esprit de revanche libéral face à l’amertume socialiste de voir ce petit Charles sans consistance succéder à Elio Di Rupo au 16.

Mais le bras de fer Michel et Magnette plonge ses racines bien plus loin, depuis le début de carrière de ces deux prodiges de la politique francophone. L’animosité est bien sûr idéologique, entre socialisme et libéralisme réformateur, mais aussi et surtout psychologique. Les deux hommes ne se supportent guère tant leur style est opposé. Le premier de classe Charles Michel, baigné dans la politique depuis son enfance, est un pragmatique hyper-professionnel, tandis que le surdoué Paul Magnette, mis sur orbite grâce à ses qualités, est un intellectuel hyper-idéologique. Le premier incarne le Brabant wallon « doré », tandis que le second mène la bataille pour redresser l’image d’un Hainaut délabré. Tous deux sont extrêmement exigeants envers les autres comme envers eux-mêmes, et peinent dès lors à accepter la contradiction.

Les deux hommes, en chiens de faïence, se posent en miroir la même question au sujet de l’autre. Cette même question que tout le monde se pose aujourd’hui : « Dans quel état vont-ils laisser le pays ? »

Lire l’intégralité du dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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