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Médicaments: l’ABSyM dénonce une pénurie, De Backer et De Block nient

Olivia Lepropre
Olivia Lepropre Journaliste au Vif

Le ministre Philippe De Backer assure que les hôpitaux ne manquent pas des médicaments essentiels pour traiter le Covid-19. Pour l’ABSyM, il n’en est rien.

L’Association Belge des Syndicats Médicaux (ABSyM) accuse le ministre Philippe De Backer de sa mauvaise gestion concernant les stocks de médicaments dans les hôpitaux. Si du côté du ministre, il ne semble y avoir aucun problème, le constat est différent pour l’ABSyM : « Il existe bel et bien une pénurie notamment en ce qui concerne les sédatifs pour les patients qui nécessitent une ventilation », indique l’association dans un communiqué.

Médicaments non appropriés

Selon le ministre, le stock de curare est suffisant et une commande a été effectuée pour rencontrer les demandes jusqu’à la fin du mois de mai. Son cabinet fait état d’un stock stratégique de morphine en construction et de nouvelles livraisons de produits (propofol, midazolam). Pour lui, « toutes les questions ont été résolues. Il n’y a donc pas de pénurie de médicaments essentiels actuellement ». Dans une interview accordée à LN24 ce jeudi, la ministre de la Santé Maggie De Block assure également que la Belgique est pour l’instant bien approvisionnée.

Mais selon l’ABSyM, la réalité sur le terrain est différente. L’agence fédérale des médicaments, l’AFMPS demande notamment aux hôpitaux d’attendre pour effectuer une commande jusqu’à ce qu’ils n’aient plus que 48 heures de stocks disponibles. « Les commandes doivent être effectuées uniquement par e-mail, mais l’AFMPS ne réagit pas à ces e-mails, même s’ils sont renvoyés plusieurs fois », s’inquiète l’association.

« Cela nous conduit finalement après la deadline des 48h d’approvisionnement et les médecins des unités de soins intensifs sont obligés d’utiliser des médicaments de remplacement non appropriés pour plonger dans le coma les patients qui doivent être placés sous respirateur. »

Un anesthéstique pour chiens et chats

L’association donne un exemple : celui du propofol, le sédatif le plus utilisé et le plus sûr. « Un jour, l’AFMPS nous a signalé qu’il n’y avait plus de propofol à usage humain disponible, mais que les médecins recevaient, comme alternative, l’autorisation d’administrer du proposure, un anesthésique pour chiens et chats. » Pourquoi l’AFMPS recommanderait-elle d’utiliser des produits vétérinaires s’il n’y a pas pénurie, se demande l’ABSyM, qui s’interroge aussi sur l’information à donner aux patients et à leurs familles.

L’Association Belge des Syndicats Médicaux demande donc de la clarté sur l’ampleur de la pénurie et la marche à suivre. En l’absence de médicaments essentiels, « le nombre de lits disponibles équipés d’appareils respiratoires n’est plus le facteur limitant, mais bien le nombre de patients pouvant être mis sous sédation avant le prochain approvisionnement de médicaments », s’insurge l’ABSym. « Le médicament est le goulot d’étranglement de cette pandémie. »

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