Sébastien de Fooz : la marche comme recherche identitaire. © dr

« Marcher, c’est parcourir sa propre identité »

Journaliste de formation, très engagé socialement, randonneur dans l’âme, Sébastien de Fooz combat ses peurs en enjambant les déchirures du monde. Il revient d’une expédition urbaine à Bruxelles : un mois au petit bonheur la chance, sans domicile fixe.

Sa longiligne silhouette enfourche une bicyclette garée devant le parc Josaphat, à Schaerbeek, mais c’est à la verticale, les pieds sur terre, que Sébastien de Fooz, né à Gand de mère flamande et de père wallon, marié et père de deux enfants, réunit toutes les facettes de sa personnalité. Il n’en a jamais fini de  » parcourir sa propre identité « . Cela a commencé comme un défi, en 1998, à la fin de ses études de presse-info à l’Ihecs. Il a rallié Saint-Jacques-de-Compostelle à un moment où l’antique pèlerinage n’était pas le saint graal de millions de chemineaux.  » Au début, mon esprit était partout sauf là où j’étais, en train de marcher, encombré par une image sociale de moi-même, perméable à la peur et au vide. Je me suis affranchi de ma part d’ombre, celle qu’on projette sur les autres, et je me suis ressoudé, le regard lavé, dans l’inspiration de l’instant présent.  »

A chaque changement de vie professionnelle, Sébastien de Fooz bouge. Sept ans après Compostelle et son périple Gand – Rome, il entreprend son plus long voyage à pied, Jérusalem (184 jours), avec 50 euros en poche, pour savoir  » jusqu’où va la bonté humaine « .  » Tous les soirs, j’ai rencontré des personnes qui me sont venues en aide.  » A 30 kilomètres par jour, avec une pointe de 74 kilomètres sur le haut plateau d’Anatolie, il tâte du pied les déchirures culturelles, religieuses et ethniques de l’histoire. Le voilà ramené à sa juste mesure.  » Quand on est seul, on n’est rien. On se défait de son regard jugeant, jaugeant. Un espace de rencontre s’ouvre entre soi et l’autre.  » De Dachau où il arrive le jour de la commémoration de la libération du camp, il emporte un caillou, une manière d’endosser  » une responsabilité collective « . En vue de Jérusalem, un jeune qui a participé au massacre de Srebrenica lui demande de déposer son tee-shirt dans la ville sainte,  » son passé est trop lourd « .

Le Bruxellois, auteur et coordinateur de projets sociaux, notamment, a fait de sa propre déambulation sur terre un outil de communication et d’animation. Depuis 1998, il organise des ateliers de marche nocturne en forêt.  » Deux heures avant le lever du soleil, les gens se lancent seuls, chacun à son tour, sur un chemin signalé par des balises lumineuses, toujours vers le levant. Ils expérimentent qu’il y a toujours des perspectives, même quand on pense qu’il n’y en a pas.  » Sébastien de Fooz est aussi le fondateur, en 2012, des marches Jorsala pour la promotion du dialogue interculturel (Aix-la-Chapelle, Istanbul, Odessa).

Sa dernière aventure a eu lieu du 19 mai au 19 juin derniers à Bruxelles : un mois sans domicile fixe, à la merci de la bonté urbaine. Résultat : il a logé plus d’une fois dans la rue, un parc ou la forêt de Soignes. Il a eu froid, il a eu faim, en déduisant que  » la chance dépend de notre état d’esprit « .

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