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Marc Wilmots, le triomphe du Belge moyen

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Avec son parler vrai, simple, rustique et son efficacité nordique, Marc Wilmots est devenu l’icône d’un peuple qui lui ressemble. Leader né, il contrôle tout, fait de la politique sans en avoir l’air et rêve d’être champion du monde.

Au 16, rue de la Loi, il serait le Premier ministre du bon sens et du bonheur belges. Marc Wilmots, entraîneur des Diables Rouges qualifiés pour les 8e de finale de la Coupe du monde, au Brésil, avec 9 points sur 9 à l’issue du premier tour, a certes complètement manqué sa carrière politique quand il fut sénateur MR, il y dix ans. Mais aujourd’hui, sa popularité ne cesse de croître. Dans son rôle de meneur d’hommes qui lui sied bien mieux que la réflexion en chambre du Parlement, le Jodoignois fait quasiment l’unanimité.

Avec son air bonhomme et ses phrases simples, son amour du travail bien fait et son ambition mesurée, Marc Wilmots est l’incarnation par excellence du Belge moyen, prêt à mouiller sa chemise et conscient de sa valeur marchande tout en jouant de l’autodérision. Nos compatriotes l’aiment parce qu’il leur ressemble, parce qu’il les fait sourire et leur apporte du rêve en cette période de défiance morose.

« Le personnage est moins primaire et davantage complexe qu’il n’en donne l’image », soulignent toutefois les proches et analystes que nous avons interrogés. Leader dans l’âme, Wilmots est le chef de bande arrivé au bon moment pour pousser une « génération dorée » qui ne demandait qu’à briller. Ce pragmatique, qui a les pieds ancrés dans le sol, tient à l’unité du pays et ne se prive pas de le dire. Politique, il l’était et il le reste.

« Marc Wilmots est un coach davantage qu’un entraîneur, analyse Alain Courtois, échevin MR des Sports de la Ville de Bruxelles et ancien patron de la Fédération belge de football. Avant les matchs, il regarde ses joueurs droit dans les yeux. C’est un signe qui ne trompe pas. Je n’ai jamais connu ça chez les autres entraîneurs des Diables. Thys, Waseige ou Leekens ne regardaient jamais un joueur en face, ils incarnaient plutôt le père. Avec la génération actuelle, cela ne fonctionnerait pas. »

« Son grand atout, c’est que les joueurs peuvent facilement s’identifier à lui, constate Manuel Dupuis, psychologue du sport et préparateur mental à l’asbl Psychosport. En outre, le fait qu’il ait été un joueur de qualité, qui a réussi en Allemagne et qui a marqué en Coupe du monde, lui donne une légitimité. C’est quelqu’un de fort, de structuré, avec un objectif clair. C’est rassurant, cela offre un cadre sécurisant pour ces jeunes qui découvrent pour la plupart le Mondial. Il est assez strict, aussi, il ne laisse pas tout faire, il maintient la discipline. Si ces joueurs avaient face à eux quelqu’un de de trop sympathique, ils se sentiraient perdus. »

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

– Un leader parfait, en somme ?

– L’analyse de Philippe Godin, professeur de psychologie du sport à l’UCL

– L’analyse d’Edouard Delruelle, professeur de philosophie à l’ULg et ancien directeur du Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme

– La figure du père

– L’apôtre du bon sens

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