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Libéraux et écologistes dénoncent le projet N-VA/PS pour l’avenir de la Belgique (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Dans un communiqué commun, verts et bleus disent tout le mal qu’ils pensent de leur menu institutionnel. C’est une façon de défier le dialogue entre nationalistes et socialistes. La N-VA est ulcérée. Alors, quelle issue?

L’avenir de la Belgique est visiblement la clé principale de la discussion actuelle entre la N-VA et le PS. Et sa principale pierre d’achoppement potentielle, alors les missionnaires royaux Bart De Wever et Paul Magnette tentent d’élargir aux écologistes et/ou aux libéraux.

Depuis plusieurs jours, les fuites concernant le menu institutionnel du dialogue entre nationalistes flamands et socialistes francophones irritaient au sud du pays, que ce soit dans les rangs MR, Ecolo ou CDH. Selon les informations relayées notamment dans le Vif/L’Express – dont certains éléments sont avérés, d’autres participent peut-être à une forme d’intox -, il y a effectivement du lourd sur la table, avec une forme de cogestion entre le fédéral et les entités fédérées des soins de santé, de la justice ou de l’intérieur, notamment. Sans oublier des éléments plus « linguistiques » concernant la périphérie de Bruxelles. Thierry Bodson, secrétaire général de la FGTB et régionaliste convaincu, a lui aussi exprimé son opposition à ce projet institutionnel, dans des interviews publiées mercredi.

Lire aussi: L’antichambre du confédéralisme: voici le menu N-VA/ PS

La tonalité générale des commentaires abondamment diffusés sur les réseaux, dont certains émanent d’élus ou de conseillers des partis francophones, peut être résumée en deux points.

Premièrement, les mécanismes envisagés risquent de rendre plus complexe encore le fonctionnement du pays, alors que c’est la principale critique formulée durant la crise du coronavirus. Ce ne serait aussi qu’un pied mis dans la porte par la N-VA pour forcer le confédéralisme qu’elle appelle de ses voeux. D’où l’expression écologiste : « antichambre du confédéralisme ».

Deuxièmement, le fait de revenir avec des questions typiquement communautaires – comme le vote des francophones de la périphérie bruxelloise – est complètement à côté des urgences de l’heure, qui sont économiques et sociales – les écologistes ajoutant environnementales.

Texto, cela donne ce qui suit dans le communiqué commun des écologistes et des libéraux: « Leur schéma (Ndlr – de préformateurs royaux) conduit à rendre les institutions plus complexes et moins lisibles : un modèle qui n’est pas le nôtre. Ecolo-Groen, MR et Open Vld veulent évidemment participer à une Belgique qui fonctionne plus efficacement, au service de nos concitoyens et de leurs préoccupations de tous les jours. De telles réformes nécessitent cependant une préparation approfondie et une concertation suffisante. Certaines compétences peuvent être régionalisées, mais d’autres tout autant refédéralisées afin d’augmenter l’efficacité. Les réformes institutionnelles ont toujours été pour nous un moyen, jamais un objectif en soi. »

Bien sûr, il ne fallait pas attendre autre chose d’un dialogue entre la N-VA et le PS : le retour du communautaire sur la table. Ceux-là même qui critiquent aujourd’hui ce menu sont les mêmes qui appelaient les premiers partis de deux principales communautés du pays à prendre leurs responsabilités. Et ils mentiraient en disant qu’ils ne s’attendaient pas à un tel scénario.

Les écologistes et les libéraux affirment qu’ils ne veulent pas se faire concurrence et demandent que les préformateurs De Wever et Magnette mettent leurs cartes sur la table. Au sujet des partenaires qu’ils privilégient pour la majorité fédérale. Mais aussi pour l’avenir du pays.

« Nous voulons éviter que davantage de temps soit perdu et demandons aux missionnaires royaux de la clarté au sujet de la coalition qui a leur préférence et de faire le choix de solutions stables et solides », disent les quatre partis signataires du communiqué (MR, Open VLD, Ecolo et Groen). Tout en se disant prêt à prendre leurs responsabilités.

C’est un message au PS et à la N-VA, c’est aussi une mise en garde : pas question de dépecer davantage la Belgique avec notre concours.

Dans ce cas, c’est tout simplement une forme de défiance à l’égard du dialogue entre N-VA et PS.

Avec quelle issue? Un amendement profond des pistes sur la table, y compris sur le plan institutionnel, avant d’embarquer tout le monde à bord dans la « grande union » que le palais appelle de ses voeux? Un gouvernement minoritaire, peu probable, composé du « Club des cinq » engagé autour du duo De Wever – Magnette? Ou une enième tentative sans la N-VA ou sans le PS, mais cette fois en ayant démontré où mène le dialogue entre N-VA et PS?

La N-VA a réagi de façon ulcérée en s’attaquant une nouvelle fois frontalement à Georges-Louis Bouchez,. Les nationalistes flamands reprochent au libéral de vouloir maintenir le gouvernement actuel en place avec Sophie Wilmès comme Première ministre. Et se disent aussi convaincus qu’une majorité sans eux, de type Vivaldi (libéraux, socialistes, écologistes, avec une dose de sociaux-chrétiens) se trouve à nouveau à l’agenda. CQFD?

Les Belges, c’est vrai, y perdent leur latin.

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