Lettre d’Alain D’Haene, citoyen, à Paul Magnette : « Prends ton temps »

Le Vif

Dis Paul,

Ne t’emballe pas.

Y a pas plus le feu à la Mer du Nord qu’au Lac de l’Eau d’Heure.

Le déficit qui se se creuse ? C’est pas ta faute.

Et ce n’est pas toi non plus qui pourras le combler.

Même ceux qui le voulaient expressément et qui l’avaient promis n’y sont pas arrivés. Te presse pas. T’as le temps. Du moment que tu vas vite.

Vite dire aux autres qu’on veut à peu près tous la même chose.

Soit vivre en paix avec nos proches, nos voisins et le reste du monde. Manger et boire assez ce qu’on aime. Se loger convenablement. Respirer de l’air pur à la campagne. Se soigner pas cher lorsqu’on est malade. Circuler librement.

Demande leur s’ils ont des plans là-dessus.

Et s’ils n’en ont pas, laisse les tomber.

Ils ne nous apporteront que des sujets de dispute.

Evite les querelleurs,

Pas de gouvernement à tout prix.

Pas avec n’importe qui.

J’en ai parlé hier à des amis flamands.

Eh bien je vais t’étonner : ils me disent pareil.

Ils avouent être aussi cons que nous et croient ce qu’on leur raconte.

Ne souhaitent de mal à personne, mais se méfient des étrangers… qu’ils ne connaissent pas.

Pas les fachos qu’on dit. Ils n’ont peur que lorsqu’on les effraie.

Il voudraient aussi continuer à construire des maisons quatre façades, rouler avec des voitures de société, sortir le samedi et le dimanche sur des beaux vélos et… c’est tout.

Tout qui leur promet ça obtient leurs voix.

Simpliste me diras-tu ?

Sans doute.

Mais compliqué n’aide pas.

Les Flamands n’ont pas changé

Comme nous, ils se sentent bien obligés de se partager entre partis qui se déchirent.

Parfois je me dis que c’est de votre faute. A toi aussi d’ailleurs.

On vous voit vous engueuler sur les plateaux TV .

Criminaliser le moindre mot de travers d’un adversaire minimiser les horreurs de votre clan, vous rabibocher avec des sourires complices pour des unions contre nature, après nous avoir envoyés aux urnes la rage aux dents.

Diviser pour régner : Franchement et à l’évidence, cela ne fonctionne plus tellement, sauf à le vouloir sur un confetti.

Donc si tu peux, prend surtout le temps de recoller les morceaux avec des gens qui veulent ce pays entier.

L’affaire n’est pas de survivre encore cinq ans (moins quelques jours…), mais de reprendre l’initiative vers un retour à la solidarité.

Voilà, c’est bien cela : un retour à la solidarité.

Un bon plan simple et compréhensible qui vise prioritairement la reconstruction d’un pays sur base de l’intérêt commun de ses habitants.

Du nord comme du sud.

De la mer du Nord comme du lac de l’Eau d’Heure.

Sans oublier les Bruxellois.

Prend ton temps. »

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