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Les statues de Léopold II attaquées au nom de l’antiracisme

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

A Anvers où à Bruxelles, les représentations royales tombent ou sont dégradées. Une pétition signée par 60 000 personnes réclame leur suppression, une autre demande leur maintien. Le sujet divise.

Le roi Léopold II, dont le règne reste fortement controversé en en raison de son rôle au Congo, est devenu un symbole de la lutte contre le racisme, a fortiori en cette ère marquée par la mort atroce de George Floyd aux Etats-Unis et des manifestations au nom de Black Lives Matter.

Samedi, en marge du rassemblement de dix mille personnes à Bruxelles, des manifestants s’en sont pris à la statue royale située à deux pas du Palais en l ‘affublant d’un drapeau congolais et en incendiant son socle. Les forces de l’ordre ont dû protéger le monument. A Ekeren (Anvers), une autre statue a été vandalisée à plusieurs reprises ces derniers jours et retirée pour restauration dans un musée ce mardi matin.

https://twitter.com/Gemenne/status/1270342916511272960François Gemennehttps://twitter.com/Gemenne

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La semaine dernière, le groupe « Réparons l’Histoire » a lancé sur le site change.org une pétition demandant d’enlever toutes les statues de Léopold II sur le territoire de la ville de Bruxelles. Plus de 60 000 personnes ont déjà signé la pétition. »Malgré tout le mépris qu’il a eu pour la vie et le peuple congolais, Léopold II est toujours commémoré dans toute la Belgique, soulignent ses initiateurs. C’est pour ça que nous demandons à la Ville de Bruxelles d’enlever toute statue en hommage à Léopold II. En commençant par celle sur la place Trône. La Ville de Bruxelles accueille chaque année des millions de touristes et c’est ça qu’on veut leur montrer. » Ils mettent comme date limite le 30 juin 2020, date du 60ème anniversaire de l’indépendance du Congo.

En guise de réaction, une autre association, l’Union royale belgo-africaine, a lancé une contre pétition signée à ce jour par plus de 8000 personnes. Pourquoi? « Parce que je ne renie pas mon histoire, précise le texte sur le même site change.org. Un pays qui ne peut assumer son histoire ne peut exister. Parce que si la Belgique est reconnue c’est grâce à sa colonie sinon on ne serait qu’un point sur une carte. Parce que contrairement à ce qui parait dans cette pétition , il n’est pas un roi esclavagiste, il a seulement délégué des pouvoirs à certaines personnes pour gérer la colonie. »

« L’historien Jean Luc Vellut, éminent spécialiste de l’Afrique, a déjà fustigé l’ignorance en Belgique de l’histoire coloniale et du grand chapitre belge de l’histoire de l’Afrique centrale, ajotuent ses initiateurs. Cette ignorance a pour effet d’entretenir un niveau désespérément polémique et moralisateur du débat. L’avancement de la recherche scientifique dans divers domaines permet aujourd’hui de commencer à remettre les faits dans des proportions plus exactes et à nous éclairer sur la complexité de ce passé commun. Entretemps, l’histoire coloniale belge continue à être pétrie de ‘fake news’. »

Ce qui est sûr, c’est que soixante ans après, et dans un contexte international, elle continue de diviser.

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