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Les riches de plus en plus riches ?

Michel Delwiche
Michel Delwiche Journaliste

Le revenu moyen des Belges a fortement augmenté au cours du dernier quart de siècle, affirme De Standaard sur base des données fiscales (donc des seules déclarations!). Mais pas de la même façon pour tout le monde. Les inégalités se renforcent, chez nous comme ailleurs dans les pays occidentaux…

Les riches toujours plus riches ? C’est une caricature, répondent les uns. Une réalité, affirme le controversé économiste français Thomas Piketty, auteur du best-seller « Le Capital au XXIe siècle ». Celui-ci s’est fait épingler par -oh surprise!- le Financial Times, qui a pointé des erreurs de calcul quand d’autres dénonçaient un parti-pris idéologique.

1% de riches=7,5% des revenus (officiels)

En Belgique, selon le quotidien De Standaard qui a analysé les données fiscales entre 1973 et 2011, le revenu moyen des Belges a fortement augmenté ces 25 dernières années. Mais la moyenne, cela ne veut plus rien dire: selon ces calculs,

  • les 20% des Belges les plus riches perçoivent désormais la moitié des revenus annuels perçus en Belgique;
  • les 10% des plus riches empochent 1/3 des revenus;
  • le 1% des plus riches s’octroie 7,5% du pactole, en nette augmentation par rapport à il y a un quart de siècle.

Et De Standaard précise bien que les calculs ont été effectués sur base des données fiscales. Ils ne concernent donc que les personnes qui ont consciencieusement déclaré ce qu’elles gagnaient. Alors qu’on sait que l’ingénierie fiscale permet aux plus riches des riches d’éluder leur devoir (et à leurs avocats ou fiscalistes de faire fortune).

Les salaires en rade

Coïncidence: le jour même où cette enquête est révélée, la société de consultance internationale Hay Group publie une étude sur l’évolution des salaires en Belgique. Les deux ne sont pas comparables, puisque De Standaard prend en considération la période 1973-2011 et Hay Group l’année juillet 2013-juillet-2014. Mais…

Mais l’année écoulée a vu la plus faible évolution des salaires depuis 4 ans, avec 1,9%, preuve que « les effets de la modération salariale se font clairement ressentir », estime le bureau de consultance, puisque l’indexation et l’ancienneté expliquent déjà 1,5% de la hausse. Et cela ne va pas s’arranger pour 2015.

Alors, les riches de plus en plus riches? Une classe moyenne condamnée à bosser encore et encore, mais en panne d’ascenseur ? Et les pauvres de plus en plus pauvres? Ils sont en tout cas de plus en plus nombreux, rejoints -et cela ne fait que commencer- par les exclus de notre « paradis social ».

La Fed au secours

Piketty (100.000 exemplaires en France et 400.000 aux USA) aurait-t-il raison? « Nous ne parlerons plus jamais de richesse et d’inégalité de la même manière » a déclaré à son sujet le Prix Nobel d’économie 2008 Paul Krugman, pour lequel l’ouvrage du Français est le plus important de la décennie.

Thomas Piketty vient en tout cas de recevoir un soutien d’importance, celui de la Banque centrale américaine (Réserve fédérale), qui estime que les inégalités sont reparties à la hausse depuis 2010, et que, oui, les riches deviennent de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres, tandis que les revenus de la classe moyenne, moteur économique, baissent. Selon la Fed, les 3% d’Américains les plus riches captent 30,5% des revenus annuels, tandis que 90% s’en partagent moins de 53%. La part des richesses détenue par ces mêmes 3% de plus riches est de 55%.

Et nous n’avons pris en compte ici que les seuls pays occidentaux…

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