Willy Borsus © Belga

« Les résultats seront au rendez-vous », promet Borsus

Le nouveau ministre-président wallon n’a pas de doute sur les résultats de la politique que mènera son gouvernement. « Les résultats économiques doivent être, j’ose même dire seront au rendez-vous », a-t-il assuré dans sa déclaration de politique régionale devant le parlement wallon.

Après avoir prêté serment devant le Roi, le frais émoulu chef de gouvernement régional est revenu à Namur pour lire la déclaration qui marque le coup d’envoi de son équipe. Il a passé en revue les grandes lignes de l’action de l’exécutif MR-cdH et les mesures qui seront prises en matière de gouvernance, d’emploi, de soutien à l’économie, d’énergie, etc.

« Notre Wallonie mérite une politique audacieuse », a-t-il lancé.

Le temps qui reste avant la fin de la législature est compté. Le nouveau gouvernement ne veut donc pas en perdre. M. Borsus a invoqué le président américain Thomas Jefferson: « Vous voulez savoir qui vous êtes? Ne passez pas de trop de temps à vous le demander. Agissez, et l’action vous déterminera », a-t-il dit.

Le ministre-président entend miser sur la jeunesse et en particulier le développement de l’entrepreneuriat chez les jeunes. Comme annoncé, le nouveau gouvernement wallon fait de l’emploi sa priorité, et il entend, « quand c’est possible, compléter les réformes du gouvernement fédéral ».

Avec un taux de chômage deux fois supérieur à la Flandre ou un Wallon sur cinq vivant sous le seuil de pauvreté, les enjeux sont de taille. La politique menée sera d’ailleurs « authentiquement sociale », a-t-il martelé.

Plusieurs réformes sont prévues dans le domaine de la gouvernance. Certaines d’entre elles impliqueront de dépasser le clivage majorité-opposition, notamment en ce qui concerne les provinces. M. Borsus a appelé de ses voeux une collaboration avec l’opposition. « J’espère qu’ensemble, majorité et opposition, nous pourrons trouver certains terrains d’entente pour réformer la Wallonie comme elle le mérite ».

Le débat sur la déclaration aura lieu à 20h30 et s’achèvera par le vote de confiance à la nouvelle équipe.

Avant cela, Willy Borsus a prêté serment devant le Roi au château de Laeken.

A 55 ans, le libéral prend la présidence du gouvernement wallon après quasiment trois ans d’expérience ministérielle à l’échelon fédéral.

Denis Ducarme (MR), qui succède à M. Borsus au fédéral, a également prêté serment vendredi devant le roi Philippe en tant que ministre des Classes moyennes, des Indépendants, des PME, de l’Agriculture et de l’Intégration sociale.

Les deux prestations de serment ont eu lieu en présence du Premier ministre Charles Michel.

Le parlement approuve la motion qui renverse le gouvernement PS-cdH

Un peu plus tôt, le parlement wallon a approuvé la motion de méfiance qui renverse le gouvernement PS-cdH et ouvre la voie au gouvernement MR-cdH par 39 voix contre 35. La nouvelle majorité a reçu le soutien du député indépendant Pierre-André Puget. Le débat qui a précédé a illustré une nouvelle fois la rupture profonde entre socialistes et centristes après 13 ans d’alliance.

Le chef de groupe cdH, Dimitri Fourny, a rappelé les raisons pour lesquelles son parti ne voulait plus gouverner avec le PS. Il a évoqué non seulement les affaires face auxquelles les socialistes auraient mis trop de temps à réagir, quand ce n’était pas à reculons, mais aussi leur attitude changeante.

Selon lui, la cohérence et la loyauté dans l’exécution des accords de gouvernement était mise en péril. « Aujourd’hui, le parti socialiste est de plus en plus divisé entre sociaux démocrates responsables et néo-communistes aventureux », a-t-il lancé. « Nous pensions avoir signé en 2014 un accord avec des sociaux-démocrates, nous nous sommes retrouvés au final pris dans une course derrière le PTB ».

M. Fourny a aligné les reproches, suscitant régulièrement les réactions réprobatrices des bancs PS: Etat tentaculaire, ministre-président qui n’était pas disponible à 100%, réputation dégradée de la Wallonie, etc. Les médias ont aussi été pris pour cible: une « certaine presse complaisante » aurait « colporté » la thèse d’une déchirure du contrat, qui ne plaît manifestement pas au cdH.

Le PS n’a pas été en reste. Le chef de groupe, Christophe Collignon, a opposé son « mépris » à l’égard de l’intervention de son ex-partenaire de majorité. L’initiative du cdH se justifie uniquement, à l’entendre, par une tentative de sauver sa peau face à une érosion électorale devenue inexorable. « La raison majeure de l’arrêt de mort de l’actuelle coalition gouvernementale est ailleurs. Le cdH voit son avenir s’assombrir inexorablement. Son président a tranché: à tout prix, il faut sauver le soldat cdH ».

La politique du nouveau gouvernement de droite se rapprochera de celle menée à l’échelon fédéral, a averti le PS. « En appelant le MR à la rescousse, M. Lutgen aura réussi un tour de force: il se rapprochera subtilement d’Anvers (fief du président de la N-VA, Bart De Wever). Le souffle du parti nationaliste flamand ne sera jamais loin d’ici ».

Le PS a répété l’accusation de trahison lancée au cdH. Il lui a aussi imputé l’imbroglio institutionnel de l’espace francophone, dont les entités seront écartelées entre les majorités différentes. « On cherchera vainement la cohérence d’un gouvernement wallon qui devra travailler main dans la main en adéquation avec les matières communautaires, comme l’enseignement ».

Le MR a fait le choix de la sobriété dans son intervention. Le nouveau chef de groupe, Jean-Paul Wahl, a invoqué le sens des responsabilités de son parti. « La crise n’a pas été provoquée par le MR », a-t-il rappelé. « Nous avons considéré que nous ne pouvions pas empêcher les institutions de fonctionner ».

Ecolo s’est tenu à équidistance du PS et cdH, coupables des mêmes maux, d’après lui. Il a pris note des engagements pris en matière de gouvernance par la nouvelle coalition. « Nous sommes loin d’un basculement: dès que l’on s’approche du coeur du système, le blocage persiste », a regretté Stéphane Hazée.

La motion n’a pas plus trouvé grâce aux yeux du PTB. « Ce à quoi nous assistons, relève plus du cirque politique que de la démocratie », a fustigé Frédéric Gillot.

Aucun parti d’opposition ne s’est abstenu au moment du vote, qui a dû se dérouler par appel nominal en raison d’un problème technique. Aucune voix n’a manqué dans la nouvelle majorité. Les deux députées qui attendent un heureux événement étaient bien présentes. Un député était en revanche absent sur les bancs du PS.

Après le vote, les nouveaux ministres de l’équipe Borsus ont prêté serment devant le parlement.

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