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Les connaissances scientifiques des élèves sur le réchauffement climatique en recul

Si la jeunesse se mobilise en masse pour le climat, les savoirs scientifiques des élèves pour appréhender le réchauffement climatique laissent à désirer. Une enquête effectuée auprès de plus de 3.250 jeunes de 5e et 6e secondaire, tant en Flandre qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, montre que leurs connaissances sont en recul par rapport à 2015.

« Le plus grand fossé observé est, comme toujours, celui qui sépare les élèves selon le type d’enseignement qu’ils fréquentent », regrette l’asbl Appel pour une école démocratique (APED), à l’origine de l’étude.

L’enquête, effectuée par questionnaire entre les mois d’avril et de mai 2019, a sondé 3.259 élèves de 5e et 6e secondaire fréquentant l’enseignement général, technique, professionnel ou technique de qualification.

Les résultats, publiés ce vendredi, démontrent que la conscience de l’urgence climatique est en hausse, mais les connaissances scientifiques et technologiques qui la sous-tendent sont déficitaires et même en retrait par rapport à 2015.

Si 74% des élèves interrogés peuvent nommer l’effet de serre, peu d’entre eux en comprennent les mécanismes. Ainsi, seuls 13% savent que le CO2 empêche le rayonnement infra-rouge émis par la Terre d’être évacué par l’espace. La moitié des sondés (52%) confond l’effet de serre avec le trou dans la couche d’ozone.

Parmi les causes du changement climatique, huit élèves sur 10 identifient correctement le transport routier et le transport aérien comme des émetteurs importants de CO2. En revanche, 60% (7/10 en Fédération Wallonie-Bruxelles) pensent erronément que les centrales nucléaires seraient de grandes émettrices de CO2 et un sur quatre imagine même que les ondes électromagnétiques des GSM, de la TV ou du WiFi produiraient du CO2.

A la question de savoir quelles sources d’énergie sont renouvelables, plus de 90% des élèves cochent l’éolien et le solaire mais ils ne sont que 71% à inclure l’énergie hydraulique et à peine 53% la géothermie. Un élève sur 10 (et 15% en FWB) pense encore que le charbon en fait partie.

Autre constat: 40% des élèves croient à tort qu’un déplacement en train émettrait autant, voire davantage, de CO2 par voyageur qu’un déplacement en voiture.

Les résultats montrent par ailleurs que les élèves n’ont guère de conscience du différentiel de développement entre les pays du Nord et ceux du Sud. S’ils estiment raisonnablement la consommation énergétique des Américains, ils surestiment énormément celle des habitants de pays du Tiers-Monde. La Chine se voit même créditée d’une consommation moyenne par habitant supérieure à celle de la Belgique et trois fois supérieure à la réalité.

« Certaines connaissances évaluées par notre questionnaire n’apparaissent dans aucun des programmes scolaires », se désole l’APED. Outre les déséquilibres Nord-Sud, l’asbl cite les conséquences du dérèglement climatique sur les migrations, les effets sur l’agriculture, les conséquences sur la biodiversité ou encore la comparaison entre les différents moyens de transport en termes de production de CO2.

Interrogés sur leur sentiment face au dérèglement climatique, seuls 10% des élèves affirment qu’il ne faut pas croire au réchauffement de la planète. Mais l’écart est énorme entre les types d’enseignement puisque presque 16% des élèves du professionnel sont de cet avis, contre 10% dans le technique et 5% dans le général.

« En cette matière, l’école est malheureusement égale à elle-même », déplore encore l’APED. « Nous ne pouvons décidément pas accepter que l’école réserve à certains seulement des savoirs essentiels si l’on veut comprendre les défis qui se posent à notre société et mobiliser les moyens d’y faire face. Cette inégalité est d’autant plus révoltante qu’elle a de graves implications sociales. »

L’enquête montre par ailleurs que c’est dans les classes sociales supérieures que la question climatique est le plus souvent abordée avec les parents.

Enfin, si seuls 17% des répondants ont participé à des actions pour le climat l’année dernière au sein de leur école et 22% en dehors, très peu se déclarent opposés aux manifestations: 6% en FWB et 16% en Flandre. Mais là aussi, les élèves de professionnelle et de technique sont davantage opposés (14%) que ceux du général (7%).

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