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Les commerces de proximité survivent-ils mieux à la crise du coronavirus ?

Julie Nicosia
Julie Nicosia Journaliste

Épicerie, boucherie, boulangerie, fromagerie : comment ces commerces (sur)vivent-ils à la crise du coronavirus?

Le circuit court plait

La consommation en circuit court connaît un certain succès depuis le début de l’épidémie du nouveau coronavirus. Les maraîchers wallons profitent de cette situation, même si tous ne sont pas logés à la même enseigne. Ceux habitués aux marchés communaux en plein air vont devoir trouver d’autres canaux de distribution alors que les fermes disposant d’un petit magasin annexe, ou proposant des paniers de produits, tournent à plein régime.

« Ces deux dernières semaines, les commandes ont doublé voire triplé chez nos maraîchers« , indique le Centre interprofessionnel maraîcher (CIM) wallon. « Certains (consommateurs) ont préféré se rendre dans les commerces de proximité ou directement chez les producteurs pour éviter la promiscuité des grandes surfaces », relève le CIM.

u003cstrongu003eLes maraîchers travaillent beaucoup pour suivre la demandeu003c/strongu003e

Le directeur opérationnel de Färm, Jean-David Couderc, confirme cet afflux. « La tendance est positive pour les 13 enseignes de la coopérative, les fournisseurs ayant même parfois du mal à suivre », confie-t-il. « Les gens mangent désormais tout le temps chez eux. Donc, nos clients traditionnels dépensent plus dans nos magasins, mais nous accueillons également une nouvelle clientèle. Les commerces en circuit court se sont montrés plus résilients à la crise que la grande distribution où certains rayons étaient vides », analyse-t-il.

Même écho du côté des Petits Producteurs, l’enseigne liégeoise se réjouit du changement qu’entraîne la crise sanitaire : « notre clientèle d’habitués continue de venir faire ses courses chez nous, mais on voit également de nouvelles personnes. Notre fréquentation a augmenté de 50% dans l’une de nos filières. », explique Frédéric Théâtre. Il tempère en ajoutant : « je pense que plusieurs de nos clients ont également été découragés par les longues files dans les supermarchés ». « C’est l’occasion de leur montrer comment on travaille, comment l’argent retourne chez les producteurs, comment fonctionne le circuit court. C’est évidemment une aubaine pour nous ! », conclut-il.

Bon point pour les points de retrait en ligne

Autre débouché de choix pour les cultivateurs wallons, les points de retrait comme ceux organisés par la Ruche qui dit oui (Boeren en Buren au nord du pays). Ce réseau disposant d’une centaine de « ruches » en Belgique a vu les ventes tripler cette semaine par rapport à une semaine normale. Quelque 2.000 clients ont effectué leur première commande. « Pour la première fois dans l’histoire, les 100 ‘ruches’ belges ont réalisé ensemble plus de 7.000 commandes sur une base hebdomadaire », indiquaient dans un communiqué les responsables.

Autre site de commande de produits locaux en ligne, eFarmz annonçait, mardi déjà, être complet pour tout le reste de la semaine.

Les commerces de proximité ne connaissent pas tous le même afflux

Si les producteurs locaux et les circuits courts plaisent et voient leur chiffre de fréquentation augmenter, d’autres commerces ne vivent pas les mêmes choses. Jade Cayzac est boulangère au Matin liégeois et n’est pas aussi enthousiaste face à la situation : « Nous avons changé nos horaires, on ouvre une heure plus tard et on ferme deux heures plus tôt, mais il fait plus calme même si on compte sur nos quelques habitués. Notre chiffre d’affaires baisse et va baisser« , affirme la boulangère.

u003cstrongu003eLe commerce de proximité, c’est quitte ou double, soit ça fonctionne soit on est oubliéu003c/strongu003e

Des conséquences liées au mouvement dans le centre-ville de Liège, d’après Luc André, boucher de la célèbre « Maison André ». En effet, « dans le centre-ville, c’est super calme, mais en périphérie, on s’en sort. Dans l’hypercentre, même les habitués ne viennent plus. » Avant la crise, « on avait des gens qui venaient de plus loin. Maintenant, les gens vont faire leur course près de chez eux et en une seule fois, dans les supermarchés. »

Un manque de main-d’oeuvre pour les récoltes à venir

Si une bonne partie des cultivateurs wallons parviennent à écouler leurs marchandises en ce début de crise, le CIM est moins rassuré pour le court terme et craint un manque de main-d’oeuvre pour les récoltes à venir. Le secteur horticole belge emploie quelques dizaines de milliers de saisonniers (de 15.000 en avril à 40.000 en mai), majoritairement des travailleurs en provenance des pays de l’Est, qui sont actuellement bloqués aux frontières. « La Fédération wallonne horticole et le Collège des producteurs travaillent à la mise en place d’une plate-forme permettant aux volontaires de se porter candidats pour l’une ou l’autre récolte de cultivateur », explique Claire Olivier, conseillère technique au CIM. L’outil devrait être prêt d’ici la fin de la semaine.

« Lorsque cette crise sera derrière nous, il ne faudra pas oublier que nos producteurs se sont démenés pour nous fournir des produits de qualité pendant ces semaines de confinement, parfois au détriment de leur santé, et sans compter leurs heures de travail », espère le CIM.

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