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Les agriculteurs perturbent la rentrée du parlement wallon

La rentrée du parlement de Wallonie était perturbée mercredi par les agriculteurs, qui réclament un allègement des charges administratives pesant sur la gestion de leurs exploitations, en particulier dans les matières environnementales.

Plusieurs dizaines de tracteurs – 250 étaient annoncés – ont convergé sur le site du Grognon, devant le parlement wallon, apportant avec eux un demi-millier de manifestants, selon la Fédération wallonne de l’Agriculture (FWA).

Contrastant avec les actions parfois violentes menées le 7 septembre dernier pendant le conseil extraordinaire des ministres européens de l’Agriculture à Bruxelles, l’atmosphère à Namur était calme et disciplinée, un barbecue étant même prévu à quelques pas du parlement pour sensibiliser les députés à la cause agricole.

Au-delà de leurs actions visant un relèvement des prix (laitiers et porcins, notamment), les agriculteurs voient la compétitivité de leurs exploitations et leur vie de famille entravées par les charges administratives, a dénoncé Daniel Coulonval, président de la FWA. Un agriculteur passe environ 9 heures par semaine à la gestion administrative de sa ferme, en raison notamment des quelque 280 textes légaux à vocation environnementale qu’il doit mettre en oeuvre, fait-il valoir.

Or, les agriculteurs « mettent tout en oeuvre pour préserver l’environnement », affirme M. Coulonval. Il met en avant les 40% de réduction des pesticides agricoles depuis 2000, les mesures pour préserver la qualité des eaux (stockage de lisier et de fumier, couverts végétaux plantés après la moisson), pour limiter les coulées de boues, etc.

Des représentants des agriculteurs ont été reçus en fin de matinée par les ministres wallons de l’Agriculture René Collin et de l’Environnement Carlo Di Antonio, dans une salle du parlement. Une réunion « constructive », selon M. Coulonval. L’une des revendications de la FWA portait sur le nouveau Programme de Gestion durable de l’Azote (PGDA), qui instaure depuis 2015, à la demande de l’Europe, une pré-notification du transfert du lisier ou du fumier. Un mécanisme trop contraignant, tant dans sa version électronique que papier, selon la FWA.

Pour la version papier, les ministres Di Antonio et Collin se sont engagés à autoriser la pré-notification jusq’à la veille du transfert, au lieu de 48 heures à l’avance, afin de faciliter le travail de l’exploitant en cas de souci de dernière minute. Ils ont aussi convenu d’une « amnistie » selon la FWA – le gouvernement parle lui d’une « opération de réfularisation » – à mener en octobre pour accompagner les quelques centaines d’agriculteurs qui n’ont pas utilisé la plate-forme informatique et se sont donc mis en infraction.

« Nous les aiderons à remplir » les formulaires, a affirmé M. Di Antonio. Enfin, un groupe de travail a été mis sur pied avec les deux cabinets ministériels et les représentants des agriculteurs pour simplifier le logiciel informatique. Un point d’achoppement semble persister, concernant la révision en cours du décret « pesticides » de 2013. « Le ministre nous dit que le texte ne visera que les particuliers, mais nous restons sur notre position », a indiqué Daniel Coulonval, craignant de voir ce texte utilisé à l’égard des agriculteurs.

« J’ai insisté pour dire qu’il ne viserait que les particuliers. Nous devons avancer avec l’Europe et ne pouvons rester un îlot en la matière. La réduction des pesticides continuera à passer par des incitants », a commenté le ministre Di Antonio.

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