La Cène de Léonard de Vinci © Getty

Léonard de Vinci a-t-il peint La Cène de l’abbaye de Tongerlo?

Le Vif

Pas moins de 500 ans après le décès de Léonard de Vinci, l’auteur américain et spécialiste du peintre toscan, Jean-Pierre Isbouts se dit « certain à 85% » que La Cène exposée à l’abbaye de Tongerlo n’est pas une copie ordinaire de la fresque mondialement célèbre de Milan, mais une seconde version à laquelle le maître lui-même a travaillé.

Les scans réalisés par le centre de recherche en nanotechnologies IMEC à Heverlee doivent lui permettre d’en apporter la preuve scientifique. Lorsqu’on lui demande s’il est sûr de ce qu’il avance, le spécialiste, qui vit en Californie, répond : « J’en suis sûr à 85, mais je vais maintenant chercher des données détaillées, collectées par l’IMEC ».

Wouter Charle, ingénieur à l’IMEC, explique la technique de numérisation. « C’est une technique où nous n’avons pas besoin de toucher la peinture, nous ne l’égratignons pas et n’enlevons aucune peinture. C’est une caméra qui effectue des balayages hyperspectraux, où la couleur est divisée en plusieurs longueurs d’onde. De cette façon, on peut voir à quels endroits on a utilisé un autre type de peinture et s’il y a des dessins sous-jacents. »

« Ces données seront analysées dans les semaines et les mois à venir aux États-Unis, mais aussi par un groupe de collègues en Europe et en Russie. Nous espérons ainsi parvenir à un consensus sur le fait que La Cène de Tongerlo est vraiment l’oeuvre des élèves de Léonard de Vinci, réalisée sous sa supervision directe, et que le visage de Jean a été peint par Léonard de Vinci lui-même », explique l’historien de l’art Jean Pierre Isbouts à l’agence Belga.

C’est ce que le professeur déduit des scans : « Quand on regarde le dessin très subtil du nez et des lèvres, on voit que le visage de Jean est très semblable à celui de l’oeuvre plus ancienne de Léonard de Vinci, la Joconde. Au 16e siècle, Léonard de Vinci était le seul à maîtriser la technique du sfumato, ce passage très progressif de la lumière à l’obscurité, qui donne une impression tridimensionnelle et humaine. On peut aussi voir le reflet du cou sur la mâchoire inférieure, une caractéristique typique du peintre à l’époque », explique l’historien de l’art américain.

Wouter Charle de l’IMEC, qui effectue l’analyse, dévoile sur les premiers résultats. « Il y a des indications qu’une partie du dessin sous-jacent serait visible. Il y a aussi des transitions dans la peinture sur certains visages qui sont très fluides, ce qui, selon Isbouts, pourrait indiquer que c’est de Vinci qui les a peints. » L’ingénieur demeure circonspect et ne tire pas de conclusions hâtives: « Nous sommes plus prudents, en effet. Le professeur Isbouts voit des choses que je ne vois pas sur ces scanners. Nous nous chargeons de l’imagerie, maintenant c’est à lui de faire l’analyse. C’est lui l’expert. Nous attendons ses conclusions avec impatience. »

Le 2 mai 1519, le peintre et savant génial, né à Vinci le 15 avril 1452 d’une union illégitime entre un riche notable et une paysanne adolescente, s’éteignait en France dans le château du Clos-Lucé d’Amboise, un peu plus de trois ans après avoir été invité par le roi François Ier.

Belga/CB

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