Carte blanche

Le retour à un mode de vie soutenable est indispensable (carte blanche)

Un collectif « Covid et démocratie » lance une pétition pour réclamer un débat ouvert aux expertises et opinions diverses pour examiner les alternatives au confinement.

Le retour à un mode de vie soutenable est indispensable.

Face à la crise qui perdure, nous demandons aux responsables politiques de faire le point sur les répercussions économiques et sociales des mesures de lutte contre la covid-19.

Nous demandons le respect du processus législatif dans le cadre de l’adoption de mesures aussi extrêmes de restrictions des droits des citoyens.

Nous demandons un débat démocratique ouvert aux expertises et opinions diverses.

Nous demandons à ce que des solutions alternatives au confinement généralisé soient examinées.

Nous demandons la prise en compte de tous les citoyens qui souffrent de la crise, bien au-delà de son aspect sanitaire.

Nous n’écrivons ni en tant que juristes, ni politiques, ni scientifiques, ni psychologues, ni médecins, ni économistes.

Nous sommes des citoyens, certains durement touchés économiquement, professionnellement, émotionnellement, psychologiquement, d’autres plus épargnés par la crise actuelle. Tous alertés par ses impacts sur notre société.

Le nombre de personnes décédées ou souffrant de la covid-19 est dramatique. Nous craignons tous la contagiosité de ce virus. Nous trouvons important de protéger les personnes les plus faibles physiquement contre cette maladie et d’éviter la surcharge de nos hôpitaux.

Cependant, les dérives autoritaires que nous observons dans de nombreux pays d’Europe, en Belgique en particulier, sous couvert de gestion de la crise sanitaire nous inquiètent également.

Depuis le mois de mars 2020, afin de lutter contre la propagation du virus, les autorités ont pris des mesures extrêmement strictes.

Nos droits font l’objet de graves restrictions : limitation des contacts, confinement, fermeture de l’horeca, des métiers de proximité, des institutions culturelles, interdiction de se rendre au travail, couvre-feu, enseignement à distance…

Le Comité de concertation édicte les mesures de lutte contre la pandémie sur la base d’avis émis par un groupe plusieurs fois remanié de scientifiques médicaux, de chercheurs et de représentants des services de santé. La réflexion est ainsi axée sur ses impacts au niveau de la santé physique, négligeant les conséquences pourtant terriblement lourdes de cette longue crise sur la santé mentale, l’éducation, l’économie, la psychologie, la culture, la précarité.

L’évaluation de ces mesures quant à leur impact à moyen et long terme aux niveaux socio-économique, financier, psychologique et de l’éducation ne semble pas être menée.

En fonction de la durée de prolongation du confinement, combien d’indépendants supplémentaires en faillite ? Combien d’enfants en difficultés scolaires ou familiales verront leur retard aggravé, ou seront déscolarisés ? De jeunes désocialisés ? Combien y aura-t-il de victimes supplémentaires de violences familiales? De personnes isolées en dépression sévère ? D’artistes, de techniciens de la culture en détresse, de restaurateurs ou de serveurs vivants de l’aide sociale ? De personnes handicapées en profonde régression ? De travailleurs à distance en burn out ou totalement démotivés ? De personnes en maison de repos et autres institutions ayant perdu la force de vivre en l’absence de contacts avec leurs proches ?

Qui comptabilise ces chiffres à côté de ceux énoncés tous les jours sur les contaminations à la covid-19 ?

Qu’en est-il de mesures différenciées, d’un renforcement accéléré du secteur médical, de la mise en place d’un véritable plan de testing/tracing, du financement de la recherche de médicaments… ? A quand une communication insistant sur les comportements à adopter en cas de contact à risque, sur la prévention de l’affaiblissement de notre système immunitaire ?

Ces questions restent sans réponse.

Le confinement généralisé jusqu’à vaccination d’un pourcentage jugé satisfaisant de la population paraît être la seule solution envisagée.

Or, selon l’OMS, le confinement est une solution de dernier recours, accordant aux Etats le temps de (i) renforcer leurs capacités de détection, de testing, d’isolement et de prise en charge des personnes positives et de leurs contacts et de (ii) mobiliser et responsabiliser la population.

Nous estimons que les responsables politiques ne peuvent plus aujourd’hui se retrancher derrière une situation d’urgence pour maintenir de telles mesures sans s’en justifier, au regard des considérables « dommages collatéraux » qu’elles entraînent.

L’urgence du débat démocratique

Cela fait près d’un an que la covid-19 est arrivée en Belgique et que la vie active et sociale est à l’arrêt. Le moment est venu de débattre démocratiquement des conséquences socio-économiques des mesures gouvernementales dans les lieux prévus à cet usage.

Les dispositions de lutte contre la pandémie sont en effet adoptées en l’absence de débats parlementaires, par des arrêtés ministériels dont la légalité est contestée.

Par ailleurs, l’urgence d’éviter une croissance exponentielle des contaminations et une saturation du système hospitalier n’est plus la motivation du maintien de mesures initialement exceptionnelles. Aujourd’hui, le « semi-confinement » nous est imposé comme une situation par défaut. Il est maintenu par précaution jusqu’à atteindre des seuils fixés sans justification claire, par des responsables politiques au ton tour à tour paternaliste ou menaçant.

Les interdictions intenables dans la durée, la communication anxiogène et culpabilisante du gouvernement centrée sur les statistiques de Sciensano sans mise en perspective sérieuse, appuyées sur un battage médiatique sensationnaliste, mènent à la perte d’adhésion et de confiance vis-à-vis tant des mesures en place que des pouvoirs qui les imposent. Pire, elles mènent à de profonds clivages au sein de la population, dans les familles, les cercles d’amis, les relations professionnelles, et mettent en danger la cohésion sociale de notre société.

Les dénonciations qui font la une des médias et sur les réseaux sociaux sont la manifestation gravissime d’une population apeurée, fatiguée par les privations et conditionnée par cette communication univoque.

Aujourd’hui, dans la rédaction même de cette carte blanche, nous craignons que notre demande d’information et d’ouverture au débat puisse être perçue comme contraire à la solidarité invoquée par la fameuse maxime « Prenez soin de vous et surtout prenez soin des autres ». Or, c’est bien parce que les « autres » nous tiennent à coeur, que nous souhaiterions que la situation de toutes les personnes atteintes par la crise soit prise en considération. Car les plus fragiles, ce ne sont pas seulement les personnes à risque, mais aussi celles qui sont vulnérables socialement, financièrement et psychologiquement. Ce sont aussi les plus jeunes d’entre nous.

Ces derniers mois nous avons perdu un grand nombre de nos convictions, et nous craignons pour notre démocratie. Quel sera demain le motif suffisamment grave et urgent pour nous empêcher de nous déplacer ? De nous réunir ? De travailler ? De vivre, tout simplement… ?

Concrètement

Nous demandons aux responsables politiques :

– de respecter le processus législatif et d’organiser un débat public et démocratique sur la stratégie à adopter pour gérer la crise sanitaire.

– de s’assurer que la composition du ou des comité(s) chargé(s) de les conseiller dans l’adoption de mesures concrètes de gestion de la pandémie repose sur la diversité d’expertises et d’opinions, en envisageant des solutions alternatives au confinement généralisé.

– de réfléchir à un mode de vie serein pour la société avec un niveau de contraintes acceptable sur le long terme, qui prenne en compte tant la limitation nécessaire de la diffusion de la Covid 19, que le respect des libertés et la nécessité d’une vie sociale et économique afin de maintenir la cohésion de notre société.

– de communiquer de manière transparente et factuelle sur l’évolution de la situation, non seulement sanitaire, mais aussi économique, sociale et psychologique. Les positions des experts consultés doivent également être accessibles au public.

Caroline Henquin, Matteo Aquino Benitez, Thibault Gailliez, Caroline Vanquaethem, Carole Souville, Nathalie Van Eeden, Stéphanie Melkebeke, Céline Delattre, Stéphanie Cusse, Jérôme Urbain, Ludovic Cabeau, Christopher Ferri, Gregory Pieters, Natacha Baix

https://www.change.org/CovidDemocratie

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