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Le rapport de la Commission Adriaenssens sur le net

Le président démissionnaire de la Commission de traitement de plaintes pour abus sexuels dans le cadre d’une relation pastorale, Peter Adriaenssens, a présenté ses excuses aux victimes qui se sont adressées à la Commission, en raison de l’accord conclu avec cette dernière et la Justice. Le rapport de l’ex-Commission est accessible sur internet depuis aujourd’hui.

La Commission pensait que cet accord était suffisant pour obtenir l’approbation de l’opinion publique et la Justice. « La Commission a sous-estimé le manque de confiance entre la Justice, l’opinion publique et l’Eglise », a relevé le professeur Peter Adriaenssens.

Ce n’est qu’après la « séquestration des dossiers » (lors des perquisitions au siège de la Commission), que la Commission a réalisé qu’il n’était pas souhaitable qu’elle contrôle le respect de cet accord. M. Adriaenssens estime aujourd’hui qu’il est préférable d’attribuer ce rôle à un observateur de la magistrature, qui devrait déterminer si la Commission n’empiète pas sur le travail du juge d’instruction.

Lors de la saisie des dossiers, la Commission n’a pas cherché à se défendre, a précisé son ancien président.

La Commission espérait que le juge d’instruction constate que l’accord était scrupuleusement respecté et que la Commission travaillait de manière éthique. Le rapport de la Commission, diffusé vendredi sur internet, sera transmis au Conseil supérieur de la Justice.

M. Adriaenssens estime que c’est maintenant à l’Eglise à présenter sa nouvelle initiative visant à remplacer la Commission dont les membres ont démissionné début juillet. Il faut tirer des leçons du travail de la Commission et respecter la volonté des plaignants, a-t-il ajouté.

Les témoignages publiés sur internet

Le rapport de l’ex-Commission Adriaenssens est accessible sur le site internet www.commissiemisbruik.be. Il débute par la publication des témoignages de 124 victimes. « Le travail n’est pas terminé. Il a été réalisé par respect pour les témoins qui se sont adressés à la Commission », a indiqué le président démissionnaire, Peter Adriaenssens. Les témoignages sont diffusés sur internet, de manière anonyme, à la demande même des victimes.

Ils doivent être considérés comme un seul témoignage global, selon le professeur Adriaenssens.

L’ancienne Commission, dont les membres ont démissionné le 1er juillet, a enregistré un total de 327 plaintes émanant d’hommes et 161 de femmes. Dix-neuf plaintes n’ont pu être enregistrées faute de données suffisantes. Vingt-neuf plaintes proviennent d’hommes francophones et 14 de femmes francophones.

Plus de 70% des 230 victimes pour lesquelles la Commission dispose d’informations suffisantes, sont aujourd’hui âgées de 40 à 70 ans. Le risque d’abus pour les femmes s’accroissait plutôt avec l’âge. Les hommes couraient un risque nettement plus élevé entre 10 et 14 ans, relève l’ex-Commission. Au moins 13 victimes d’abus se sont suicidées.

Les faits rapportés à la Commission se sont déroulés essentiellement dans les années ’60. On constate une diminution de faits présumés après le milieu des années ’80, les prêtres étant moins actifs depuis au niveau de l’enseignement, selon le professeur.

Les victimes ont déclaré avoir été abusées au total par 320 auteurs présumés, dont 95 au moins seraient décédés. Les abus auraient été commis par 102 membres de 29 congrégations. Les autres auteursprésumés, soit les trois-quarts, seraient des prêtres. « On peut dire qu’aucune congrégation n’échappe au phénomène. Et tous les évêchés sont concernés par ce problème », note M. Adriaenssens.

Le témoignage de la victime de l’ex-évêque Vangheluwe a eu un effet net puisque 42% des plaintes sont parvenues à la Commission du 24 au 30 avril (205 plaintes néerlandophones contre 10 francophones).

Pour les dossiers francophones, le pic se situe la semaine du 15 mai avec 11 nouvelles plaintes. M. Adriaenssens explique cette disparité entre victimes francophones et néerlandophones, par, outre l’effet précité, le fait que davantage d’internats étaient installés au Nord du pays qu’au Sud. Au sujet des internats, le professeur estime enfin que la société a eu sa part de responsabilité au niveau des abus puisqu’elle acceptait le retour des enfants au domicile seulement toutes les trois semaines dans les années ’60 et les six semaines dans les années ’50.

Le Vif.be, avec Belga

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