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Le problème de la Wallonie, c’est sa culture politique (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

« Get up Wallonia! » ose le gouvernement Di Rupo, mais l’audit préalable est cruel dans son analyse. Le mal est profond, fruit d’années perdues et d’un manque d’audace politique qui se poursuit. Une révolution est nécessaire, vite.

« Get up Wallonia! ». C’est le slogan utilisé par le gouvernement arc-en-ciel wallon d’Elio Di Rupo (majorité : PS, MR, Ecolo) pour relancer la Région toujours mal en point. Si ce n’est l’anglais, on songerait à s’y méprendre à un mantra des années Busquin, à la tête du PS dans les années 1990, quand on tentait déjà de sortir la Wallonie de sa léthargie.

En soi, le processus même de « Get up Wallonia » pose question: une consultation d’experts et de citoyens a eu lieu pour initier la démarche, alors que les constats sont connus de longue date. Que de temps perdu, encore… Ce peut bien sûr être une façon de générer une dynamique auprès de la population ou d’apporter des idées qui sortent de l’ordinaire, voire qui rendent possible des initiatives politiques a priori périlleuses. On semble pourtant loin de cet électrochoc-là.

L’ère est à la démocratie participative, mais dans le cas wallon, on a surtout envie de voir un pilote dans le cockpit – et sauf notre respect, l’actuel locataire de l’Elysette n’est pas foncièrement le symbole du renouveau que l’on attendait. La majorité arc-en-ciel dispose d’une assise électorale large, susceptible de lui donner les mains libres pour agir: elle a pour mission de créer une rupture historique dans le sud du pays. On l’attend à ce tournant, c’est là-dessus qu’elle sera jugée.

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L’audit rédigés par les consultants pour accompagner par la démarche, révélé par Le Soir ce jeudi, épingle une nouvelle fois des maux profonds, fruit d’années de léthargie, de saupoudrages des aides entre les bassins ou d’un manque d’audace coupable. Il y a certes eu le plan Marshall, les pôles de compétences, des initiatives bienvenues, mais la Wallonie n’a jamais réussi à convertir l’essai : comme s’il y avait, en toile de fond, une incapacité à se battre avec les armes de la mondialisation.

Les consultants assènent d’ailleurs: « il y a une réconciliation à faire entre la Wallonie et la réussite« . Tout est dit. Une lame de fond doit être combattue: il est question d’un désamour qui influence trop, « de l’école à l’emploi, les vocations, les choix de carrière, les seuils de croissance des entreprises ». Ils mettent le doigt sur une dépendance trop grande aux subsides et surtout à leur trop grande dispersion: « la subsidiation des acteurs… se heurte en Wallonie à la démultiplication et à l’inflation en raison de l’existence de plusieurs réseaux et de logiques de concurrence entre acteurs ».

Il est encore question de la prééminence trop importante du secteur public dans l’économie, de la complexité institutionnelle coupable avec cette Fédération Wallonie-Bruxelles qui « contribue peu au renforcement du référentiel territorial » ou d’une suspicion trop grande envers les institutions. N’en jetez plus! Mais tout cela est connu…

C’est en grande partie le fruit des années de domination outrageante du PS, mais le constat est à nuancer: tous les autres partis traditionnels l’ont accompagné dans la gestion régionale. Plus fondamentalement, c’est le résultat d’un manque d’audace politique: les choix économiques n’ont pas toujours été assez tranchés ou ont été initiés tardivement, les institutions sont restées figées en raison de l’opposition entre régionalistes et communautaristes, les bras de fer ont été trop nombreux entre Liège, Charleroi et les autres, quand les scandales ne gangrénaient pas le débat.

Le mal est profond et l’on voit aujourd’hui que la seule opposition de poids réside dans un parti susceptible de porter cette logique à son paroxysme: le PTB et sa logique communiste.

C’est dire qu’il y a urgence: une fois le « Get up » enfin prêt à être lancé, ce n’est pas de réveil dont la Wallonie aura besoin, mais d’une révolution des mentalités.

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