Le passager aérien n'a jamais attendu aussi longtemps pour passer la frontière © Getty Images

Le passager aérien n’a jamais attendu aussi longtemps pour passer la frontière

Le renforcement des contrôles d’identité à l’entrée et à la sortie de l’espace Schengen depuis le mois d’avril dernier a provoqué une augmentation de 300% du nombre de vols retardés dans certains aéroports l’été dernier.

Les patrons de plusieurs grandes compagnies aériennes européennes étaient réunis mardi à Bruxelles pour un sommet du secteur aéronautique. Ils ont appelé les États membres et la Commission européenne à prévoir plus de personnel et à investir davantage dans des infrastructures de contrôle automatisées afin d’éviter l' »inacceptable expérience » de l’année passée.

D’après Airlines for Europe (A4E), une organisation de lobbying basée à Bruxelles et regroupant 15 transporteurs aériens, dont Air France-KLM, easyJet, International Airlines Group (IAG, maison mère d’entre autres British Airways, Vueling et Iberia), Lufthansa Group, Norwegian et Ryanair, l’infrastructure aux frontières européennes était en effet insuffisante l’été dernier. Il manquait également de personnel, ce qui a eu pour conséquence une augmentation allant jusqu’à 5% du nombre de passagers ratant leur vol de correspondance chaque jour.

Le temps de passer la frontière prend désormais 20 secondes de plus pour chaque passager, soit environ une heure au total pour un avion dans son entièreté, regrette Jean-Marc Janaillac, CEO d’AirFrance-KLM. « Jamais le passager n’a dû y attendre aussi longtemps », a-t-il déploré, reconnaissant que des efforts ont déjà été faits face à cette problématique. Ils ne sont toutefois pas suffisants à ses yeux, alors que se profile un été chargé. Les compagnies membres réclament ainsi davantage d’investissements dans les systèmes d’automatisation des contrôles des passeports et plus d’effectifs.

L’association, qui représente 70% du trafic du continent européen, avec 644 millions de passagers transportés par an, pointe également les retards dus aux organismes de contrôle de l’espace aérien. Leur capacité et leur personnel ne sont pas suffisants pour assumer la charge de travail. Viennent s’y ajouter les grèves à répétition qui se produisent dans certains pays et qui obligent les avions à contourner l’espace aérien de ces mêmes pays.

« Les retards liés à des problèmes de capacité des systèmes de contrôle du trafic aérien ou de problèmes d’effectifs ont augmenté respectivement de 14,6% et 20,6% l’an dernier », a souligné Carsten Spohr, le patron du groupe Lufthansa, citant les derniers chiffres d’Eurocontrol, un organisme chargé d’harmoniser et d’unifier la gestion de la navigation aérienne en Europe. A4E espère dès lors que ce problème sera atténué cette année, que les compagnies ne devront pas à nouveau voler via des routes plus longues, que des itinéraires spécifiques ne devront pas être restreints ou des avions bloqués au sol.

« Régler ce problème réduirait de moitié le nombre d’annulations en Europe », a prédit Michael O’Leary, le CEO de Ryanair, qui soutient dès lors le regroupement des principales compagnies européennes au sein d’A4E afin de parler « d’une seule voix ».

L’organisation de lobbying a par ailleurs souligné mardi la courbe ascendante des taxes aéroportuaires ces dernières années, alors que les tarifs pour les clients ne font, eux, que baisser. D’après plusieurs études, les taxes ont doublé en dix ans (2006-2016) dans les principaux aéroports du continent tandis que le montant moyen des billets pour des vols intra-européens a baissé de 199 à 96 euros sur la même période, a illustré Wille Walssh, le CEO d’IAG.

A4E qualifie ces frais de « disproportionnés » et estime qu’ils sont « mauvais pour le consommateur ». « Des taxes moins élevées auraient été répercutées par les compagnies sur le consommateur, conduisant à des tarifs encore plus bas et stimulant les économies européennes », argue-t-elle, plaidant pour une réglementation européenne plus stricte en la matière, « au bénéfice des consommateurs ».

Contenu partenaire