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Le nu n’est pas la nudité….

Guy Gilsoul Journaliste

Un jardin à la française, aux antipodes de ce que propose le photographe paysagiste Michael Kenna (°1953), se doit non seulement d’être dessiné avec clarté mais aussi de proposer une perspective allant du point de vue vers un point ou une ligne qui agit comme disent les textes de la Renaissance vers un « mur ».

Dans la culture japonaise par laquelle est habité l’artiste anglais, le jardin sert à inviter le grand paysage vers la terrasse puis l’intérieur de la maison. Le mouvement (le shakkei) est donc inverse et se prépare dans les espaces intérieurs grâce aux jeux des panneaux translucides et coulissants qu’on appelle shogi. Or, cette conception de l’espace habite les images de la nature proposées depuis 45 ans par Kenna mais aussi, plus inattendues, celles exposées aujourd’hui à Bruxelles sur le thème du nu. On est loin de la tradition artistique occidentale qui a fait de cette thématique un objet d’étude et constitué la base de tout enseignement. La construction d’un « nu » relève dans les académies occidentales, de celle d’un objet défini par un contour affirmé et des rapports entre ombres et lumières qui en révèlent le volume. En un mot, il est d’abord une affirmation sculpturale. Au pays de « L’éloge de l’ombre » au contraire, le contour s’estompe, la musculature s’évapore et la blancheur présence désincarnée de la peau apparaît comme dans certains jardins de Kyoto quand les rayons de la lune traversent le plan d’eau et la plage de galets pâles aiguisant de la sorte une méditation sur la nature, ce qui, dans ces photographies métamorphose le nu en nudité. Une méditation qui s’accorde aux pouvoirs du vieil Hasselblad que le photographe règle sur des temps de pose très longs.

Box Galerie. 102 chaussée de Vleurgat à 1050 Bruxelles. Jusqu’au 16 mars. Du mercredi au samedi de 12h à 18h. www.boxgalerie.be

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