Carte blanche

Le Munich du voile à Bruxelles… Comme un poisson dans le pantalon d’un noyé (carte blanche)

Lettre ouverte à Monsieur François De Smet, Président de DEFI.

Monsieur le Président, je ne vous connais qu’au travers de vos écrits ou de vos interventions télévisées. Vous m’apparaissez un homme droit, juste et probe. Je ne perçois chez vous aucune de ces odieuses formules, ces tics propres à la langue de bois ou aux propos volontairement caraméliques, dissimulateurs des intentions réelles. En un mot, chez vous le mensonge n’est pas consubstantiel à votre parole comme c’est si souvent les cas.

J’ai personnellement vécu la fin de mon trop long parcours politique entouré de gens pour qui le mensonge n’était qu’une autre vérité… en somme des précurseurs de Donald Trump. J’ai, en outre constaté chez vous, une autre dimension d’importance, vous disposez d’une formation, d’une logique, d’une capacité rationnelle à cent coudées au-dessus de celle de vos interlocuteurs politiques. Votre discours, que l’on soit d’accord ou non avec vous, est logique, au sens philosophique de ce terme, compréhensible, intelligent. Un gouffre de différence avec les gens avec lesquels vous avez été contraint de négocier, souvent réduits à n’être que de pitoyable Machiavel de village.

De sinistres duettistes.

Pour faire bref procès, je veux dire que vous vous êtes comportés comme un être civilisé, courtois, mesuré alors que face à vous se trouvait un duo, qui aurait pu dans un numéro de music hall être amusant, mais qui ici en l’occurrence a été sinistre.

D’une part Mme Rajae Marouane qui associe la promotion du voile au combat des femmes en faveur de l’avortement, étant apparemment inconsciente de la monstruosité qu’elle proférait, de l’autre Ahmed Laaouej, un ancien contrôleur des contributions, ce qui fit de lui immédiatement le spécialiste socialiste des finances publiques, défendant dans un premier temps l’intégration des immigrés puis versant subitement dans le communautarisme lors de la dernière campagne électorale, défendant l’égorgement rituel, promettant pour être élu président de la fédération bruxelloise du PS un congrès sur la laïcité qui est à ce jour son arlésienne ; bref un couple mixte de Bouvard et Pécuchet, n’ayant pas encore découvert l’eau chaude, mais vicelard à souhait, retors, uni, soudé dans le seul objectif d’imposer le voile dans les services publics… de satisfaire au plus vite les revendications les plus obscurantistes.

Leur numéro de claquette était bien rodé, un seul objectif, ne pas aller en appel, un seul but poursuivre l’islamisation de la région… Une seule weltanschauung… Le voile partout avant le reste, imposer une vision du monde par l’intimidation, la soumission des femmes! Communautarisme maximum! Pour ces duettistes-là nulle question de Descartes, Spinoza, Hegel, Nietzsche, Kierkegaard, Schopenhauer, Heidegger… Non le voile, le voile rien que le voile… marqueur religieux et signe ostentatoire de leur poids électoral, volonté séparatiste de refus du vivre ensemble, du rejet de ce que furent nos valeurs !

Machiavel de village ou Topaze.

Monsieur le Président, je ne veux ni vous blesser, encore moins vous insulter, comment d’ailleurs le pourrais-je, je ne représente rien… n’ai aucun poids, sinon celui de mon passé que ceux que j’ai tant aidés trouve « Encombrant ». Cependant, j’ai eu le sentiment tout au long de cette crise que vous aviez joué le rôle de Topaze dans la pièce de Pagnol. Vous en connaissez le thème. Topaze, jeune instituteur dont l’honnêteté est aussi intransigeante que sa naïveté est himalayesque… dans le récit de Pagnol, le naïf changera, dépassera en turpitude ses maîtres les plus zélés. Je ne vous souhaite pas ce parcours. Néanmoins, il n’y a pas de doute à mes yeux que vous ayez, bien inconsciemment, joué cette partition… et que, j’en suis infiniment désolé, vous avez été roulé dans la farine.

Le dindon et le coq ou de l’importance de savoir avec qui on lutte.

A l’université, j’ai suivi un cours de psychologie donné par un professeur que j’appréciais beaucoup, Mr. Osterrieth. Il nous expliqua que dans la nature, en général, mis à part quelques exceptions, les animaux d’une même espèce, s’ils se battent ne se tuent jamais. Ainsi le loup, vainqueur d’un combat, urine autour du vaincu et s’en va. Le professeur Osterrieth nous raconta que dans certaines circonstances, il y a de tragiques méprises. Ainsi, si un dindon se bat contre un coq, le dindon percevant qu’il a le dessous, se couche et offre son cou à l’adversaire, convaincu que le vainqueur se retirera fier de sa victoire. L’horreur survient car le coq enfonce impitoyablement ses ergots dans le cou de sa victime et la tue! Erreur fatale de croire que l’adversaire vous épargnera comme c’est… en principe, la règle dans l’espèce.

Eh! Bien Monsieur le Président, je crois que vous avez été le dindon de ce combat et que d’entrée de jeu vos adversaires étaient décidés à vous anéantir.

Ils savaient que vous aviez proféré, et j’en avais été très heureux, une sérieuse menace sur la pérennité de ce gouvernement si l’appel était refusé, mais ils avaient compris que vous n’aviez brandi qu’un pistolet à confiture!

Y a-t-il des règles dans la vie politique?

Dans ses mémoires, Tony Blair écrit une phrase qui m’a marqué, je cite : « En politique, il n’y a qu’une règle… c’est qu’il n’y a pas de règle. » Vous ne le saviez pas, sans doute cette triste évidence heurtait-elle votre honnêteté, votre éthique et vos valeurs, mais pour vos interlocuteurs, l’absence de règle et de principe est la base de leur doxa, leur colonne vertébrale existentielle. Vous découvrez ainsi que la vie politique est un jeu qui peut être à la fois dérisoire, ridicule, comique et tragique… en somme du Shakespeare brut de décoffrage où on rit, on pleure, où on flatte et… On poignarde!

J’ai eu le privilège, jeune chef de cabinet, de participer au printemps 77, pour une très modeste part, à la négociation des accords d’Egmont. L’encre du document final n’était pas encore sèche que l’un des partenaires le violait déjà. Là, autour de la table, ce n’était pas des ministricules de sous-préfectures présentant tous les signes extérieurs de l’insignifiance comme ceux que vous êtes contraint de côtoyer à Bruxelles, non, c’était le sommet, l’élite du monde politique belge. Comment pouvez croire un seul instant que l’accord que vous avez accepté pour justifier le refus d’aller en appel sera respecté… vos interlocuteurs n’en ont pas la moindre intention, croyez-moi!

Quelques questions?

Une question, cet accord est une décision du Conseil des ministres bruxellois puisque le Commissaire du gouvernement à la STIB a renvoyé le dossier au gouvernement.

Avez-vous lu le texte complet de la décision du Conseil des ministres concrétisant l’accord que vous avez signé?

Le procès-verbal du Conseil des ministres a-t-il été établi?

A-t-il été approuvé par votre ministre qui y siège?

Vous a-t-il informé du texte précis?

Un calendrier d’exécution est-il joint.

Ce ne sont pas là des questions anodines, elles comptent en droit mais en politique, elles comptent pour du beurre car jamais vos interlocuteurs ne mettront l’accord en fonction.

Permettez-moi de vous rappeler la formule que Ronald Reagan appliquait quand il discutait en Islande de la limitation des armes nucléaires avec Vladimir Gorbatchev, il disait chaque fois : « je fais confiance mais je vérifie chaque fois« . Très judicieux conseil! Car cet accord là a bien tout d’un poisson dans le pantalon d’un noyé !

Le droit et l’accord politique… y a-t-il une hiérarchie?

Après l’analyse sanglante qu’un avocat a fait au sujet du premier jugement, refuser de recourir aux moyens qu’offre l’état de droit est un marqueur catastrophique. Comme vous l’avez écrit à vos militants et comme l’a déclaré à la télévision le président Magnette c’est un scandale. Qu’une institution qui est attaquée sur cette base en Justice et que cette même institution refuse, pour des raisons d’affirmations religieuses, de se défendre est purement et simplement effarant. Privilégier un accord politique qui n’est qu’un chiffon de papier aux garanties du droit, aux procédures définies par la loi, est significatif de la déliquescence de la démocratie qui se voit ainsi supplantée de facto par le fait religieux ! Ne comprenez-vous pas Mr. le Président que ce qui vient de se passer est un précédent qui conduit au remplacement du Droit par la loi religieuse. Vous pensez la chose impossible ! Eh bien au Royaume-Uni, des tribunaux avalisent déjà des décisions prisent par des tribunaux religieux. Oui, on en est là ! La digue a cédé. Le plus gros employeur bruxellois sera soumis demain à toutes les pressions… le vrai pouvoir dans l’institution sera aux mains des islamistes, les exigences iront en cascades… et vous vous soumettrez.

Qui offre le plus de garantie, la Justice ou l’accord politique?

Dans le courrier à vos membres, vous expliquez que s’il y avait eu appel, le résultat n’en était pas certain. Je suis évidemment d’accord mais l’appel offrait aux bruxellois toutes les garanties qu’offre un état de droit. Contrairement à ce qu’à dit l’un de vos ministres, ce n’était pas acheter un chat dans un sac, surtout après l’analyse du jugement, considéré par un juriste comme un acte militant! Une question:

Quelle garantie en droit vous offre l’accord que vous avez approuvé? Je n’ai même pas lu qu’un calendrier y était joint.

Quelles sanctions sont-elles prévues au cas où l’accord n’est pas exécuté?

Quels recours sont-ils prévus? Bien sûr aucun!

Vous serez devant le même cas de figure: vous soumettre comme aujourd’hui ou quitter ce médiocre, ce délétère rafiot gouvernemental. Rien n’aura changé, mais vous aurez par naïveté accepté cet accord monstrueux, créant ainsi un précédant dramatique. Pourtant vous aviez sous les yeux le « Parcours d’intégration » qu’il a fallu quasi imposer à Bruxelles et qui n’est qu’une franche et coûteuse rigolade car les tenants de l’islamisation d’Ecolo et du PS ne veulent à aucun prix de quelque intégration que ce soit. Intégration est devenu un gros mot, ces gens-là considèrent comme insultant, produit du cerveau des islamophobes, cela va de soi.

Mr. le Président, ce n’est pas à vous qu’il faut préciser que dans la merveilleuse formule «  La terre promise « , le terme essentiel n’est pas la terre mais la promesse… et les promesses ne valent que pour ceux qui les entendent, formule archi connue… et toujours vérifiée!

La vaseline anesthésiante contre les terrifiants pépins du réel.

Je n’ai donc pas de doute sur le fait que dans les prochaines semaines vous serez adoré par vos inquiétants partenaires, enrobé de vaseline anesthésiante, vous serez choyé, ils verront en vous celui qui a sauvé le gouvernement mais à bas bruit, ils riront sous cape, soyez en certain car ce sont eux qui on atteint leur objectif mortifère… et vous qui n’aurez que vos yeux pour pleurer. Dans ce genre de situation, il est toujours utile d’en revenir à Victor Hugo qui, dans les biens nommés en fonction des circonstances, « Châtiments » écrit : «  Allons citoyens, c’est au fait qu’il faut croire ! » Et les faits… sont que la laïcité est vaincue, nos valeurs abaissées !

Les comparaisons sont souvent aussi idiotes que les généralisations. Mais quand même n’êtes-vous pas impressionné par ce que furent les horriblement funestes conséquences de la politique britannique d’apaisement face à la montée des périls, et que de reculs en reculs ce fut l’effroyable catastrophe… et la honte d’avoir été lâche.

Dans la lettre à vos membres vous précisez que si vous aviez quitté le gouvernement l’appel n’aurait quand même pas eu lieu. Peut-être, mais j’ai quand même un sérieux doute, car le PS et Ecolo auraient du se tourner vers le MR. Croyez-vous, comme cela a été dit, qu’une majorité eut été possible, sans vous, avec les résidus du CDH et les zozos maoïstes du PTB! Je n’y crois pas un seul instant. Si vous aviez maintenu votre position… ils auraient cédés! J’en suis convaincu. Leurs présidents de parti l’auraient emporté… tous deux s’étaient publiquement prononcés pour l’appel.

Les pyromanes deviendront-ils subitement des pompiers ?

Comment pouvez-vous croire que le même Comité de gestion, qui a voté pour le rejet du recours à l’appel, mettra en oeuvre l’accord prévoyant une neutralité exclusive. Soit dit en passant un comité de gestion aux ordres du gouvernement. Là, c’est de toute évidence franchement burlesque. C’est demander à ceux-là mêmes qui prônaient la neutralité inclusive de se transformer subitement par la grâce du Saint Esprit en défenseur de la laïcité, d’imposer des règles strictes de respect de neutralité, c’est-à-dire pour être clair d’interdiction du voile. Impossible d’y croire fut-ce un seul instant.

Au gouvernement le ver est dans le fruit.

Vous terminez la lettre à vos membres en notant que les autres partis se déchirent. Malheureusement non ! Aussi bien au PS que chez Écolo, les partisans de l’islamisation sont totalement dominants. Vous y faites allusion, les deux présidents de ces partis avaient pris position clairement pour l’appel. Ils ont été tous les deux durement contredits, pour tout dire giflés et bafoués par leurs représentants bruxellois qui ne pouvaient à aucun prix décevoir les obscurantistes auxquels ils sont soumis car ils savent, et là est la clé, que leur réélection en dépend.

Une digue a cédé… La femme, voilà l’adversaire!

Le pire est que cette vanne qui s’ouvre grande devant les revendications religieuses jette dans les bras des islamistes des milliers de jeunes femmes de culture et de religion musulmanes qui se soumettront pour échapper au harcèlement, aux pressions, aux injures.

Ayant été le créateur et le gestionnaire des trois centres d’entreprises de Molenbeek, et y ayant travaillé pendant quatorze ans, j’ai vu de mes yeux comment fonctionnait l’islamisation.

J’ai vu qu’il était interdit de monter dans le véhicule d’une des employées non voilée et divorcée,

J’ai vu qu’un barbu demandait que deux des employées qui marchaient se donnant le bras, étaient priées de ne pas se toucher,

J’ai vu la fille d’une collaboratrice obligée de se voiler à l’école car elle ne supportait plus les remarques de ses condisciples.

Madame Djemila Benhabib chargée de mission au CAL l’exprime parfaitement quand elle dit : « Dès que vous ouvrez l’espace à une femme voilée, elle va faire pression sur les autres, c’est l’expression de la force.  » On ne pouvait être plus claire ! Cet accord ouvre ainsi pour nombre de jeunes femmes un univers gris de soumission à la couleur du voile.

Les obscurantistes veulent à tout prix soumettre les femmes car ils savent que celles-ci incarnent les forces de Vie, de l’avenir du monde comme le dit Aragon, il ajoute qu’elles en sont la couleur. Donc il faut les soumettre à la pulsion de mort qui les guide, les fonde, les anime. Les femmes sont pour eux le plus grand danger, la force vitale qui peut les vaincre. Ils ne sont pas conscients que pas une seule civilisation ne s’est construite sur la pulsion de mort, toutes les tentatives ont échoué. Cette pulsion de mort n’est pas l’Islam qui est une grande civilisation, elle en est sa maladie !

Un rendez-vous avec l’Histoire, elle ne sonne jamais pour s’annoncer.

Quant à vos électeurs, il est à craindre que ceux qui d’ici là n’auront pas voté avec leurs pieds choisiront l’exil électoral. C’est d’autant plus désolant qu’en définitive, votre formation politique est la seule à Bruxelles qui sur les questions de laïcité tient un langage clair sans ambiguïté ni faux semblants.

Mr. le Président vous aviez un rendez-vous avec l’Histoire… l’ennui avec ce genre de rencontres est qu’elles ne s’annoncent pas ! Pas de tambours ni de trompettes pour vous avertir ! Ce n’est qu’avec le recul, dans l’épaisseur du temps qu’on s’aperçoit de l’enjeu caché dans les plis de l’histoire… que l’on n’a pas su discerner. Vous étiez dans cette négociation non seulement le représentant de votre parti mais aussi celui de la liberté et des Lumières… ce n’était pas une mince affaire, mais une énorme responsabilité.

Un avenir, le vôtre, le nôtre.

Vous avez raté ce rendez-vous, je ne vous en fais pas grief car vous avez été victime de votre honnêteté corollaire de votre naïveté, de votre inexpérience. C’est cependant une énorme défaite politique, mais plus dommageable encore une défaite, peut-être irréparable pour la laïcité et pire encore pour nos valeurs.

Je vous souhaite d’autres rencontres comme celle-là, où instruit par les évènements vous ne vous en laisserez plus compter par vos sinistres et médiocres interlocuteurs.

Quant aux bruxellois que nous sommes, que nous reste-t-il à faire ? Beaucoup sont partis, laissant croître sans eux la ghettoïsation de leur ville… pour les autres, ceux qui osent encore habiter cette ville, sachez-le, il reste comme le hurla à la face du stalinisme Ossip Mandelstam «  L’espoir contre tout espoir ». Ils sont conscients que ce doit être maintenant, le temps en est venu l’Union pour la Résistance face à cette volonté mortifère de nous imposer un retour vers le passé, de nous replonger dans un enfer clérical dont nous venions à peine de sortir. Nous ne pourrons le subir… et nous ne l’accepterons jamais.

Malraux écrivit «  La liberté n’a pas toujours les mains propres mais il faut toujours choisir la liberté. » Ce sera à jamais notre choix!

Merry Hermanus – Ancien homme politique (PS)

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