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Le laborieux sprint final de la Vivaldi, Magnette espère atterrir « ce soir ou cette nuit » (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Pas encore de gouvernement: l’impact budgétaire de la crise sanitaire et des politiques nouvelles au coeur des difficultés, sur fond de divisions entre socialistes et libéraux. Cela promet pour la législature. Le délai du 1er octobre risque d’être intenable.

Pas encore de fumée blanche au bout de la nuit. On serait même encore loin du compte. Les négociateurs de la majorité fédérale Vivaldi (socialistes, libéraux, écologistes et CD&V) ont passé le nuit de lundi à mardi en mode « discussions bilatérales ». Les formateurs Alexander De Croo (Open VLD) et Paul Magnette (PS) reprennent les travaux ce mardi matin en séance plénière. Le roi leur a demandé lundi en fin de journée de terminer « dans les plus brefs délais ».

« Je suis convaincu que nous allons aboutir dans les prochaines heures, ce soir ou cette nuit, a indiqué le formateur socialiste au micro de la RTBF. Nous avons travaillé sur une proposition d’épure budgétaire. On n’est pas encore d’accord sur le montant des dépenses, sur les économies à réaliser, sur les recettes à dégager, donc il y a encore beaucoup de travail. Rien ne bloque, mais quand on doit dégager des marges pour de nouvelles politiques en sachant qu’un jour il faudra payer tout cela, ce n’est jamais facile. Mais il est nécessaire d’avoir un nouveau gouvernement pour le 1er octobre, et on va y arriver ».

Les libéraux sont plus réservés sur le timing. « Je ne suis pas un fétichiste des dates: c’est un accord pour 4 ans, donc s’il faut en discuter 3 à 4 jours de plus, ce n’est pas un problème, a tempéré Georges-Louis Bouchez (MR). Il n’y a pas de blocage particulier, on veut juste que les choses soient correctement faites. Je sais que c’est paradoxal parce que les gens attendent un gouvernement depuis 16 mois, mais les circonstances politiques ont fait qu’en réalité on négocie sérieusement depuis une dizaine de jours seulement. Quand on parle de budget, on aborde l’essence même de la politique qu’on pourra mener dans les prochaines années. Tout n’est pas budgétaire, mais énormément de choses le sont. Tous les partis veulent réaliser leur programme, mais chacun doit faire des concessions. »

Cela promet pour la législature

Ce qui coinçait dans la dernière ligne droite, c’est donc bien le budget. L’impact de la crise sanitaire, que certains chiffrent dans une fourchette située entre 20 et 40 milliards d’euros, n’aide pas à la sérénité des débats. Bien sûr, le contexte est tel qu’une relance socio-économique s’impose en laissant filer quelque peu les déficits, ce que l’Union européenne devrait permettre. Mais les socialistes et libéraux se frictionnaient gentiment lundi sur la trajectoire budgétaire à suivre d’ici 2024, avec la promesse acquise par les libéraux de ne pas prélever de nouvelles taxes en toile de fond. Selon La Libre, le dossier des chèques repas serait sur la table pour trouver quelques recettes supplémentaires.

Le montant estimé des politiques nouvelles couchées sur papier – chiffré à plus de 11 milliards d’euros – impose de nouveaux calculs et des concessions de tous les partis. Il restait, hier soir, quelque 6 milliards à trouver. Ce n’est pas de nature à faire échouer l’opération, dit-on, mais chaque formation ayant obtenu ses « totems » et communiqué (déjà) à ce sujet, il s’agit de grignoter sans toucher à l’essentiel – un ancien ministre du Budget parlait de la technique de la « râpe à fromage ».

Le problème, c’est que l’on atteint peu à peu l’os. Cette passe d’armes promet pour le reste de la législature: les tensions entre partis risquent d’être nombreuses, d’autant plus que les moyens font défaut.

Après cet exercice, les négociateurs doivent encore relire l’accord complet et s’entendre sur le casting final d’une Vivaldi qui pourrait être dirigée par le libéral flamand Alexander De Croo, selon les derniers pronostics. Les deux exercices – budgéraire et ministériel – ne sont toutefois pas dissociés car une concession d’un côté peut se monnayer de l’autre.

L’échéance du 1er octobre, date à laquelle le nouveau Premier ministre devrait faire sa déclaration gouvernementale devant les députés réunis exceptionnellement au parlement européen, sera difficile à tenir si le tout n’est pas bouclé ce mardi en fin de matinée, mettaient en garde certains participants, lundi soir. Après la relecture et le casting, l’accord doit encore être soumis aux congrès des différents partis, avant les prestations de serment au palais. Outre le débat parlementaire, le nouveau Premier ministre aurait à son agenda un Conseil européen en fin de semaine.

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